@informateur- Les producteurs de Café-cacao en Côte d’Ivoire ne seront pas au bout de leur peine au terme de la présente campagne puisqu’ils ont été lésés en termes de revenu. Premier producteur mondial du Cacao avec, paradoxalement, un prix bord-champ du kg parmi les plus bas des pays producteurs (1000 FCFA durant la grande traite et 1500 FCFA pour la petite en cours), les cacaoculteurs ivoiriens ne profiteront pas, même l’année prochaine, de l’envolée des cours mondiaux de l’or brun. En cause, le système de stabilisation et de vente par anticipation du Conseil Café-cacao, présenté à tort comme une véritable aubaine pour les producteurs alors qu’à la vérité ce système a toujours servi à renflouer les caisses de l’Etat.
En effet, après avoir fait perdre beaucoup d’argent aux pauvres planteurs durant la campagne cacaoyère 2023-2024, par manque de vision prospective et alors même qu’il savait que la production allait baisser, le Conseil du Café-cacao, selon nos sources, a derechef déjà vendu, par anticipation, 850.000 tonnes de Cacao pour la campagne 2024-2025. Et à quel prix ? Tenez-vous bien ! Au moment où le cours de l’or brun est à son plus haut niveau, ce qui devrait contribuer à l’amélioration du revenu des planteurs, les 850.000 tonnes, représentant sensiblement la moitié de la production nationale attendue, ont été vendus à 3000 livres la tonne, soit environ 2.310.000 FCFA. Or sur le marché aujourd’hui, la tonne de Cacao s’achète entre 6000 et 7000 livres sterling. En clair, les producteurs ivoiriens sont condamnés d’avance à une bien maigre amélioration, si augmentation il y a, du prix bord-champ du kg du Cacao à la prochaine campagne.
- 850 milles tonnes déjà vendus à 3000 livres sterling
Si tant est que la vente par anticipation devrait assurer aux producteurs un meilleur revenu, comment explique-t-on qu’au moment où les cours mondiaux du Cacao sont en pleine hausse, le Conseil Café-cacao peut manquer de stratégie marketing au point de vendre le cacao ivoirien à un prix désavantageux. On dit bien souvent que gouverner c’est prévoir. Le Conseil du Café-cacao est-il de ce point de vue excusable de n’avoir pas vu venir le déficit de la production pour la campagne 2023-2024? Assurément non ! Pouvait-il également ignorer la loi de l’offre et de la demande? Étant habitué à la vente par anticipation du cacao des producteurs, l’organe de régulation aurait pu également prévoir l’envolée des cours du marché et offrir aux pauvres producteurs ivoiriens de meilleurs prix.
Ce sont là autant de questionnements qui méritent des réponses pressantes de la part de l’organe de régulation qui montre ses limites face aux nouveaux défis, notamment commerciaux, de la filière. Et là, il faut le dire tout net, la responsabilité du DG du Conseil Café-cacao et de son adjoint en charge de la commercialisation est engagée dans ces ventes par anticipations qui, avec le nouveau contexte du marché, font perdre de l’argent à la fois aux producteurs et à l’Etat.
Que dire également du Groupement des négociants ivoiriens (GNI), ces principaux traders nationaux de cacao qui bénéficient de 20% des contrats internationaux de fèves certifiés et qui sont à fond dans la spéculation. Ces sociétés continuent d’acheter le cacao au détriment des broyeurs locaux voire même des acteurs internationaux, tenus par des quotas. Il y a à l’évidence deux poids deux mesures. Une sorte d‘injustice qui fait le lit d’un enrichissement au-delà de toute mesure de ces structures avec la complicité du CCC au mépris des règles de la stabilisation. Ce sont ces mêmes opérateurs qui avaient, malheureusement, fait défaut en 2016/2017, mettant ainsi en péril le système. A cette plaie béante du système se greffent également les pratiques de surpaiements du cacao entretenues surtout par les réseaux des libanais sous les yeux du même Conseil Café-cacao.
JFF/Informateur.ci