@informateur- Les mots, en politique et en diplomatie, ont leur poids et leurs sens, le plus souvent cachés. Comme c’est peut-être le cas actuellement entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE), pour ne pas dire la France. Deux partenaires qui semblent se livrer à un jeu de mots ou pourraient se cacher des intentions qui se dissimulent.
En effet, récemment élu, le nouveau président de la République sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a appelé à une réévaluation des relations avec l’Union Européenne (UE) lors de sa rencontre avec le président du Conseil Européen Charles Michel en visite à Dakar, le lundi 22 avril 2024. Il a été reçu au Palais de la République par le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye qui a exposé sa vision d’une collaboration approfondie entre le Sénégal, l’Europe et la communauté internationale en général. Il aspire à un partenariat repensé, rénové et fécondé par une vision partagée d’un ordre international plus juste, reflétant les réalités du monde actuel.
Diomaye Faye veut désormais : « Un partenariat adapté aux mutations et capable de soutenir la dynamique novatrice que nous voulons insuffler à nos relations ». Le Chef de l’Etat sénégalais a également abordé avec le président Michel les priorités du Sénégal, axées sur un modèle économique endogène d’industrialisation, avec le secteur primaire comme point de départ. Des mots et non des moindres qui attirent l’attention des observateurs dans un contexte sous-régional marqué par la rupture de l’Alliance des Etats du Sahel (le Burkina Faso, le Mali et le Niger) avec l’ancienne tutelle coloniale, la France. Or, on ne le sait que trop bien, lorsque les pays africains s’adressent à l’UE, ils parlent avant tout à la France qui prend une part importante dans la diplomatie européenne.
Qu’entend le nouveau président sénégalais par »un partenariat adapté aux mutations », de quelles mutations s’agit-il et quelle est la dynamique qui doit désormais sous – tendre les relations entre le Sénégal et les Etats européens, notamment la France? L’état actuel des relations entre Dakar et Paris ne conviendrait- il pas au nouvel occupant du fauteuil au Sénégal? Des questions pertinentes qu’on ne peut pas occulter, au regard de la compréhension de nombre d’observateurs quant à la vision de Diomaye Faye sur les rapports Afrique – UE.
La preuve, au micro de Sputnik Afrique, Benoît Ngom, président de l’Académie diplomatique africaine, est revenu sur les déclarations du nouvel homme fort du Sénégal. «Sa position se situe dans la perspective, je dirais, d’une nouvelle approche africaine des relations internationales basées sur le respect de la considération, sur l’égalité entre les différentes parties. Donc, le Sénégal souhaite établir de nouvelles relations basées sur ces principes-là», a déclaré Ngom.
Un point de vue sous lequel on croirait entendre une contestation à l’encontre de l’UE, une dénonciation des inégalités dans les rapports nord-sud, qui sonnent comme un reproche à la France…Diomaye Faye va-t-il opérer une rupture pour remettre en cause les relations séculaires entre l’ancienne métropole et son ancienne possession coloniale, le Sénégal, qui se présente comme l’une des démocraties les plus exemplaires d’Afrique de l’Ouest ? On peut penser que Diomaye Faye n’en a ni le profil, ni l’intention. Mais observons…
DL/Informateur.ci