@informateur- L’Alliance des Etats du Sahel (AES). Une idée de trois hommes qui, après s’être installés par un coup de force à la tête de leurs pays respectifs, ont décidé de se retirer de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de rompre les relations avec la France, l’ancienne tutelle coloniale qu’ils rendent responsables de tous les maux dont souffrent leurs pays.
Ces trois hommes ont un point commun. Ce sont des putschistes à qui le projet utopique de l’AES ne saurait survivre, dès lors qu’ils ont, à la grande désolation du peuple, confisqué la démocratie, les libertés et les droits de l’Homme en plaçant leurs populations sous un lourd joug militaire, ambitionnent de réaliser l’impossible, à savoir réussir le développement de leurs pays en se repliant sur eux-mêmes ou en recherchant de nouveaux Etats partenaires qui seraient les »bons et parfaits alliés » à la place des »mauvais alliés » que seraient le CEDEAO et la France qui manipulerait cette organisation sous-régionale pour en piller toutes les ressources naturelles, disent-ils. Ces hommes ont successivement opéré le rapt du pouvoir par coup d’Etat.
Le premier est le chef de la Transition militaire malienne, Assimi Goïta. D’abord président du »Comité national pour le salut du peuple » du 19 août 2020 au 18 janvier 2020, il prend le pouvoir au Mali et est fait Chef d’Etat du 24 août au 25 septembre 2020, à la suite d’un coup d’Etat. Puis il devient le Vice-président de la Transition à partir du 25 septembre 2020. Mais il reprend officiellement la tête du Mali en mai 2021, à la suite d’un nouveau putsch.
Le second concepteur de l’AES est Ibrahim Traoré, le chef de la junte burkinabè. Qui s’est emparé du pouvoir le 30 septembre 2022 en renversant le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba par un coup d’Etat pour prendre la tête du »Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration ».
Le troisième mousquetaire de l’AES n’est autre qu’ Abdourahamane Tchiani qui a ravi le pouvoir au Niger à la suite du coup d’État de juillet 2023, en prenant la tête du »Conseil national pour la sauvegarde de la patrie ». Hélas, les trois alliés de l’AES qui disent vouloir libérer totalement leurs pays de toute tutelle néocoloniale, mais dont les pays présentent les économies parmi les plus faibles de la sous-région, n’ont en réalité réussi pour l’heure qu’à accroître les difficultés sociales, économiques de leurs populations.
On voit la crise énergétique et ses conséquences au Mali. Le fait est que les économies du Burkina Faso, du Mali et du Niger dépendent en grande partie des accords de libre-échange sous-régionaux et aussi des accords avec la France et les pays de l’Union européenne, dans le cadre de la coopération bilatérale. Que dire du fait que ces trois ont le taux d’immigration les plus élevés en direction des autres Etats de la CEDEAO?
On le sait, leur diaspora n’a pas apprécié la décision de sortie de la CEDEAO qui aurait pu l’impacter négativement. Et nul doute que si la CEDEAO n’avait pas, pour des raisons humanitaires et d’entraide, levé les sanctions économiques auxquelles ils s’exposaient du fait de la rupture des accords induite par leur retrait de l’organisation sous-régionale, ces pays seraient déjà au bord de l’asphyxie. Au plan sécuritaire, dans une partie de la sous-région en proie au terrorisme face auquel l’alliance n’a pas de solutions viables, les trois leaders souverainistes restent impuissants face aux djihadistes qui continuent de sévir.
On comprend donc le ras-le-bol des populations et de la Société civile burkinabè, malienne et nigérienne qui, à travers les organisations de défense de la démocratie et des droits de l’Homme, sonnent la fin des Transitions militaires dans ces pays et demandent le départ des militaires qui ont pris leurs peuples en otage. Mais a-t-on jamais vu une Transition militaire, aussi implacable qu’elle soit, durer éternellement? Si l’indépendance économique est une question qui a toujours préoccupé les dirigeants africains, le projet Aessiens qui ne rencontre nullement l’assentiment des populations qui ont tout à gagner dans une intégration sous-régionale forte, est tout simplement irréalisable. Un pari impossible. Et c’est tout naturellement que l’AES – qui n’est pas un projet d’intégration et de développement mais tout simplement un pacte de défiance vis à vis de la France dont les putschistes concernés voient la main derrière la CEDEAO – sera rangée au placard quand la page des Transitions militaires en place au Burkina Faso, au Mali et au Niger sera tournée.
DL/informateur.ci













