@informateur- En Côte d’Ivoire, l’actualité sur les réseaux sociaux est marquée depuis quelque temps par le phénomène dit des » woubis », un nouveau terme argotique pour désigner les homosexuels, en particulier les bisexuels, travestis et transgenres. Au milieu de la rumeur sur des autorités politiques ivoiriennes qui auraient des liens avec ce milieu, la rue, influencée par les réseaux sociaux, s’est emparée de l’affaire et des actes d’hostilité ont été posés à l’encontre de membres de la communauté LGBT (Lesbiennes, gay, bisexuels et transgenres ). Au point que certains ont franchi le pas pour parler d’une »campagne homophobe en Côte d’Ivoire ». Des termes vraiment extrêmes. Un triste décor qui pose la question des mœurs importées face à la culture africaine.
En effet, la culture occidentale qui tolère largement l’homosexualité, met l’accent sur la défense des droits des » minorités sexuelles ». Et de puissants lobbies européens, américains et à travers le monde appellent les dirigeants africains à protéger voire promouvoir ces droits dans leurs pays, en contrepartie de financements importants pour les y encourager. Certes. Mais la réalité, malgré l’interpénétration des cultures induite par la mondialisation, c’est qu’en Afrique particulièrement, la pratique de l’homosexualité est bien moins tolérée qu’en Occident. Dans de nombreuses cultures africaines, elle fait l’objet d’un rejet sans ambages. Il est donc difficile, parfois impossible pour les dirigeants africains d’imposer à leurs peuples, même par voie de législation, une idéologie et des mœurs venues d’ailleurs. Nos dirigeants qui veulent bien défendre les droits de toutes les communautés et bénéficier tout aussi bien de la manne financière proposée par les lobbies en faveur des » minorités sexuelles », sont bien embarrassés quand il s’agit de convaincre leurs peuples d’accepter ce que leurs cultures n’admettent pas.
Chaque partie, aussi bien les dirigeants africains que les lobbies en faveur des LGBT, doit donc en tenir compte, au risque de provoquer un choc, un conflit des cultures dommageable pour tous, à commencer par les minorités dont on veut défendre les droits. Quant aux réseaux sociaux, ils constituent depuis leur avènement un phénomène qu’on ne maîtrise pas. Un phénomène qui échappe en grande partie à tout contrôle, à toute censure. C’est un monstre qui, implacablement, dévore même ces concepteurs. Mais peut-être » influenceurs », cyberactivistes et autres blogueurs seraient-ils sensibles à la…sensibilisation sur les sujets délicats. Ici, on ne peut pas encourager les violences sur des personnes sur la base d’une discrimination sexuelle. Cela ne s’est du reste jamais vu en Côte d’Ivoire. On peut donc difficilement parler d’une » campagne homophobe » en Côte d’Ivoire en se basant sur la polémique qui a gagné les réseaux sociaux à propos du phénomène des » woubis ». Ceux qui le disent ne devraient pas aller à cette extrémité. Car en Côte d’Ivoire, aucune autorité politique ou religieuse, aucun leader d’opinion, aucun chef de communauté ou groupe constitué n’a tenu un discours haineux dirigé contre les minorités sexuelles encore moins lancé un appel à des actes d’hostilité contre les LGBT. Il ne faut ni exagérer, ni déformer la réalité.
Dans cette atmosphère, les représentants et défenseurs des minorités sexuelles, en Côte d’Ivoire notamment, sont interpellés. Dans une culture qui admet difficilement l’homosexualité, à quoi sert-il de se montrer ostensiblement sur les réseaux sociaux pour narguer l’opinion contraire, en faisant de la provocation, jusqu’à oser des allusions déplacées à des personnalités ivoiriennes? Ce sont, soulignons cela, les déclarations inconvenantes d’un » woubi » sur la toile qui ont mis le feu aux poudres. Au demeurant, ceux qui agitent la toile en disant parler au nom des »woubis » vivent-ils réellement en Côte d’Ivoire? On peut se cacher derrière les réseaux sociaux pour faire de la provocation. Mais cela sert-il vraiment les intérêts des minorités sexuelles? En tout état de cause, le gouvernement a été amené à réagir sur ce phénomène en exhortant les uns et les autres à ne pas se rendre justice. Précisant même que les lois ivoiriennes protègent tous les citoyens quelque soit leur orientation sexuelle.
La rue étant la rue, avec tous les risques de dérapages que la moindre étincelle sur les réseaux sociaux peut provoquer, à quoi sert-il de s’exposer inutilement, quand on peut vivre discrètement en préservant son intégrité, sa dignité, ses droits et par-dessus tout sa vie ? A tous les niveaux dans cette affaire, il faut savoir raison garder.
DL/informateur.ci