@informateur- Alors qu’au Mali les formations politiques sont vent debout contre la tentative de confiscation du pouvoir par les militaires depuis une semaine, au Burkina Faso, pays en guerre contre le terrorisme depuis quelques années, les partis politiques n’ont plus droit au chapitre. Ils se sont vus interdire toute activité depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR 2). Deuxième junte militaire auto-proclamée après Roch Marc Christian Kaboré, en l’espace de huit mois, le 30 septembre 2022 et cornaquée par le capitaine Ibrahim Traoré. Cette mesure, faut-il le préciser, concerne aussi bien les organisations de la société civile. Il s’agit du communiqué numéro 3 signé par le président de la Transition du Mpsr2 dans la foulée de sa prise de pouvoir.
Cette suspension est intervenue en même temps que celle de la constitution et la dissolution de l’Assemblée législative. Pourtant la Constitution sera rapidement rétablie et une nouvelle Assemblée législative de Transition mise sur pied. Mais depuis lors aucune ‘’activité politique’’ n’est autorisée par le régime qui tolère, curieusement, que certaines organisations de la société civile lui affichent son soutien. N’assiste-t-on pas, en effet, à des meetings et des marches de soutien, régulièrement, organisés par des organisations de la société civile pour chanter les louanges du régime, réclamer une coopération avec la Russie, voire même une nouvelle constitution pour le pays?
Face à cette situation qui viole la constitution burkinabè et s’assimile à bien des égards à une sanction qui ne dit pas son nom, des formations politiques ont eu recours, en vain, à la justice sur la question. Il s’agit notamment de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré qui souhaitait tenir son bureau politique. En dépit des dénonciations des formations politiques, le régime d’Ibrahim Traoré est resté de marbre. Pis, au plan des libertés, les violations des droits humains sont devenus monnaie courante depuis l’instauration de la mobilisation générale avec son corolaire de réquisitions forcées, des arrestations et des détentions arbitraires des opinions contraires.
Comment dans un tel conteste des formations politiques de l’opposition auraient-elles pu s’exprimer sincèrement sans être traqués, jetés en prison ou envoyés au front? Ablassé Ouédraogo, président du parti le Faso Autrement n’a-t-il pas fait les frais de ses prises de positions? Ne l’a-t-on pas contraint à 70 ans à porter le treillis et tenir une kalachnikov sur les lignes de front?
Dix-neuf mois après la prise du pouvoir du Capitaine Traoré, les travers occasionnés par le contexte de guerre contre le terroriste font revivre aux Burkinabè les affres des excès de la révolution sous un certain Thomas Isidore Sankara. Il faut le déplorer.
Alfred SIRIMA