@informateur- Beaucoup de choses ont été dites sur l’uranium du Niger, dans la foulée ininterrompue du procès fait à ce sujet à la France, accusée de piller cette ressource naturelle dans ce pays avec la complicité de régimes à sa solde. Et depuis longtemps, l’opinion publique, façonnée par les accusations contre l’ancienne métropole en ce qui concerne l’exploitation de l’uranium nigérien, tient son coupable! Qui n’est autre que l’entreprise française Areva qui a changé de dénomination pour devenir Orano.
Pour le commun des Africains, c’est Areva [le nom qui reste encore dans le subconscient collectif] qui pille massivement l’uranium appauvri du Niger en l’achetant à un prix dérisoire aux dirigeants nigériens corrompus à la solde de la France. De sorte que le Niger qui serait devenu un pays nanti s’il gardait pour lui-même l’uranium que la France lui vole pour ainsi dire, est scandaleusement pauvre, alors que l’ancienne puissance coloniale se développe avec son uranium ! Tel est le cliché bien connu de l’exploitation de l’uranium nigérien. Mais cette image correspond-elle vraiment à la réalité de l’exploitation de l’uranium nigérien? En réalité, cette présentation des choses, à charge contre la France est un discours politique devenu comme une légende, qui ne restitue pas correctement la réalité économique de l’extraction de l’uranium nigérien.
En effet, ce qu’il faut d’emblée savoir, c’est que l’exploitation de l’uranium au Niger ne dépend pas de la seule volonté de la France et le groupe français présent au Niger ne décide pas de façon exclusive et unilatérale de l’exploitation de ce minerais. Car Orano (ex-Areva) n’a pas le monopole de l’extraction de l’uranium nigérien, comme on le croit ou le fait croire. L’exploitation de ce minerai au Niger est placé sous le contrôle du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). La vérité est que la France est certes présente au Niger dans le secteur de l’extraction de l’uranium qui a débuté dans ce pays en 1968 – 1970.
Mais ce que l’on ne dit pas assez fort, c’est que des entreprises issues de grandes puissances économiques autres que la France exploitent aussi l’uranium du Niger. C’est le cas de l’entreprise chinoise China National Nuclaear Corporation (CNNC), qui s’est associée à l’État nigérien pour créer la coentreprise dénommée Société des mines d’Azelik (SOMINA) qui exploite l’uranium au Niger depuis 2011. La preuve que l’État nigérien exploite aussi l’uranium sur son sol. de la société coréenne KEPCO. Au nombre des opérateurs miniers présents dans le secteur de l’uranium au Niger, on compte également les entreprises canadiennes Goviex et Global Atomic…
En fait, la France n’est pas le seul pays dont une entreprise exploite l’uranium du Niger. Il est bon de savoir que le Niger est le 3e fournisseur mondial d’uranium, derrière le Kazakhstan et l’Australie. Le Niger représentait en 2021 4,7% de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2%), selon l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA). Les données en la matière indiquent qu’en 2022, « le Niger était le deuxième fournisseur d’uranium naturel de l’UE, avec une part de 25,38% » contribuant à la fabrication du combustible destiné aux quelques 103 réacteurs en activité dans 13 pays membres de l’UE, dont la moitié sont en France (56 réacteurs). Au total, le Kazakhstan, le Niger et le Canada ont fourni 74,19 % de l’uranium naturel de l’UE. Sur la période 2005-2020, le Niger a été le troisième fournisseur d’uranium naturel à la France, contribuant pour 19% de ses approvisionnements, derrière le Kazakhstan et l’Australie, selon des données du comité technique Euratom.
Le fait est qu’aujourd’hui la nature des relations entre Paris et Niamey a aussi changé les rapports économiques liés à l’uranium. » Pour ce minerai, le Niger « n’est plus le partenaire stratégique de Paris comme il a pu l’être dans les années 1960-70 », commentait à l’AFP Alain Antil, Directeur du centre Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales (IFRI). On le voit, l’uranium nigérien ne renvoie pas qu’à la France.
DL/Informateur.ci Avec AFP