Le 20 décembre 2014, lors d’un meeting du MPP a Saaba, le Larlé Naba avait déclaré ceci : « Je ne veux plus de poste électif ni nominatif… ». Je déclarais dans un post le 25 janvier 2015, ceci : «…c’est par lui que les chefs coutumiers ont pris place à l’assemblée nationale, donc en politique…il faut que ça soit par lui que la chefferie coutumière se retire de la politique… ». Depuis cette date, J’ai mis du temps à observer le Larlé Naba, ce gardien des traditions. Mais mon étonnement a été grand le 19 novembre 2015 lors du meeting politique organisé dans la cour royale du Larlé Naba. Cet évènement devrait attirer l’attention des burkinabè et susciter des inquiétudes. L’évènement qui aurait pu être une affaire banale de campagne d’un parti politique choque cependant plus d’un en raison du symbolisme de son cadre du jour. Jusqu’à ce jour, malgré les mélanges de genres que le régime Compaoré avait travaillé à créer, notre chefferie garde encore, et pour combien de temps, son rôle, combien noble, de garant de nos valeurs ancestrales. A ce titre, le chef ainsi que la cour du chef sont de grands symboles traditionnels très respectés, chargés de hautes valeurs de sagesse transmises de générations en générations. La cour d’un chef est le lieu par excellence de la conciliation et de la réconciliation, du rassemblement des fils et filles du ressort traditionnel de la chefferie. C’est le lieu où tout fils ou fille de la localité de la chefferie devrait se sentir à l’aise au-delà des considérations politiques. Car dit-on, la tradition est ce qui reste lorsqu’on a tout perdu. La Cour royale est sacrée et inviolable à l’image d’une ambassade dans les temps modernes. Le rôle majeur que la chefferie traditionnelle a joué ces dernières années et à maintes reprises dans la résolution de crises sociopolitiques dans notre pays en est une illustration. Le Mogho Naba a donné la parfaite illustration lors de son implication dans la résolution des dernières crises issues du coup d’état de septembre 2015. S’il en a été ainsi, c’est parce que le Mogho Naba, qui était au premier plan pour la résolution de ces crises, a su cultiver une certaine neutralité vis-à-vis des positions politiques et ainsi démontrer à tous qu’il est digne de confiance. Jusqu’à présent, personne ne peut douter de cette neutralité et du leadership inspirant du Mogho Naba. Pouvez-vous imaginer un seul instant qu’un parti politique organise un meeting au palais du Mogho Naba? Respectueux de nos traditions, nous sommes indignés de ce que le Larlé Naba a montré à la face des burkinabè en transformant un lieu de haut symbole, chargé de nos valeurs ancestrales en un lieu partisan pour juste la conquête du pouvoir. De mémoire, c’est par le Larlé Naba que la chefferie coutumière est entrée en politique. C’est aussi par lui qu’un palais royal est transformé en lieu de meeting politique, d’insultes, de calomnies, de diffamation, de menaces et d’intimidation d’une partie du peuple. C’est exactement cela les meetings politiques. Malheureusement ces agissements arrivent toujours avec les mêmes hommes politiques. En janvier 2014, lorsqu’il a fallu créer le MPP, c’était au palais royal du Larlé Naba que l’annonce a été faite. Le 23 mars 2014, c’est encore dans ce même palais royal que Simon Compaoré a réuni les chefs coutumiers du Kadiogo pour un meeting de soutien au MPP. La cour royale du Larlé Naba reçoit plus de rencontres du MPP que le siège même du parti. La cour royale est-elle donc le vrai siège du MPP? Puisque le Larlé Naba est un ministre du Mogho Naba et donc sa cour royale est « une résidence de fonction »; a-t-on prévenu l’empereur que des meetings politiques allaient se tenir à la résidence officielle de son ministre? Est-ce qu’un autre parti politique peut aller organiser un meeting politique au palais royal du Larlé? Ou comme Simon, est ce que Monsieur Jean Baptiste Natama qui a aussi un fort soutien d’autres chefs coutumiers de la province du Kadiogo, peut aussi les recevoir chez le Larlé Naba? Voyez-vous, ce qui se passe au niveau de la chefferie coutumière est très grave et les chefs coutumiers en sont eux-mêmes les responsables. Il faut donc alerter les burkinabè sur les dangers des agissements du MPP qui reproduit à l’identique ce que nous avons combattu jusqu’à l’aboutissement de l’insurrection.Je suis prince de la chefferie coutumière de Lengha. Ce qui se passe chez le Larlé Naba m’attriste. Un palais royal devenir siège d’un parti politique, c’est du jamais vu. Que faut-il faire? Je demande à sa Majesté le Mogho Naba d’imposer le respect des cours royales. C’est inadmissible. Une cour royale ne peut pas être un lieu de meeting politique. A tous, je vous invite à vous armer de votre bulletin de vote pour déloger ceux qui n’ont aucune considération pour nos valeurs traditionnelles. Ils ont tout pillé et tout prostitué. La culture c’est ce qui reste quand on a tout perdu. Nous devons protéger nos traditions et cultures. Il faut les empêcher de souiller nos hauts lieux de tradition.
Lengha Fils
Courriel: lengha.fils@yahoo.fr