@informateur- Alors que Bassirou Faye, la nouvelle étoile montante de la politique sénégalaise, était attendu pour faire la courbe parfaite sur le boulevard de l’alignement russo-sénégalais, il a plutôt choisi de prendre une sortie inattendue en déversant un seau d’eau glacée sur les ardeurs des panafricons. Avec un air de ne pas y toucher, il a annoncé son désir de ramener les pays de l’Association des États du Sahel (AES) sous l’aile protectrice de la Cedeao, comme un enfant égaré retournant à la maison familiale.
Cette déclaration, qui sonnait comme un coup de marteau sur les rêves de certains panafricons, a été accueillie comme une trahison digne d’une pièce de Shakespeare. Le nouveau président a exprimé clairement son intention de tisser un partenariat gagnant-gagnant avec la France, en évitant la magnanimité suspecte des russes ; un discours qui a effrayé le groupuscule d’idéalistes qui s’était gavé de l’idée d’une prétendue indépendance facile et rapide.
Bassirou Faye, loin de jouer les naïfs, a clairement démontré qu’on ne dirige pas un pays sur un coup de tête ou une vague de passion. Après tout, lorsqu’on jongle avec deux épouses, on apprend un ou deux tours sur l’art de la diplomatie et le maintien de l’équilibre – un exercice aussi délicat que résoudre une équation aux multiples inconnues. Ceux qui espéraient voir le Sénégal effectuer un virage serré, délaissant la Cedeao pour s’acoquiner avec les putschistes errants et désorientés post-pronunciamiento, sont brutalement tombés de leur piédestal.
Les panafricons et leurs porte-paroles locaux devraient prendre le temps de méditer sur le fait que le monde ne se conforme pas à leurs désirs capricieux. Il y a trop à perdre pour qu’un chef d’État réfléchi se laisse entraîner dans des caprices de cour de récréation, comme de vouloir devenir le premier producteur de cacao sans un lopin de terre pour le cultiver, ou de construire une usine de voitures électriques au beau milieu d’une crise énergétique. Bassirou a donné le ton, laissant les panafricons sur le trottoir de leurs illusions.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti