‘@Informateur- L’émission «7infos» du dimanche 6 novembre de Bf1 aura été très instructive et révélatrice de bien de failles de l’armée burkinabè. Le contexte sécuritaire délétère oblige, les intervenants n’ont pas du tout fait dans la langue de bois. Docteur-Ingénieur en Aéronautique, et ancien Colonel de l’armée burkinabè, Charles Lona Ouattara estime que la charpente militaire actuelle de l’armée burkinabè laisse à désirer.
«Le format militaire actuel au Burkina Faso ne connait que les régiments, n’y a pas de brigades, n’y a pas de divisions, n’y a pas de corps d’armée. Nous avons des généraux qui sont nommés par rapport à ces grandes unités et qui n’existent pas. (…). L’armée burkinabè était crainte parce que nous étions bien commandés. Combien de personnes qui parlent de tout ça ont déjà commandé des hommes. Le commandement d’un homme au front surtout en guerre, ce n’est pas de l’incantation mais de la réalité. Vous commandez à des hommes qui doivent se battre et mourir éventuellement. Or tout le monde n’est pas prêt à mourir n’importe comment tant qu’il n’est pas bien commandé» a fait remarquer l’ancien colonel de l’armée burkinabè.
Pour Charles Lona, dans l’armée, c’est l’avant qui commande et non l’arrière. «C’est-à-dire que les chefs pour pouvoir bien commandé et être bien obéis au front doivent être au front. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et tout le monde l’occulte. J’en conviens que les hommes politiques peu courageux contournent le sujet ; j’en conviens que la hiérarchie militaire qui profite de la situation n’en parle pas. Je suis désolé mais nous, la société civile, devrions pouvoir aborder la question en face. C’est un problème de format militaire inadapté», a-t-il dénoncé.
«Vous ne pouvez pas nommer des généraux qui ne commandent pas. Aujourd’hui nous avons l’exemple patent de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. A ce jour il y a au moins onze généraux, toute catégorie confondue, qui sont tués. Ils ne sont pas tués dans les bureaux. Ils sont tués parce qu’ils sont dans des postes de commandement au front. C’est ça l’armée. Ici on nomme des officiers généraux pour servir dans les salons, pour des défilés. Cette armée ne gagnera jamais rien. Inutile de dire qu’on a affaire à une guerre asymétrique ou une guerre conventionnelle. Ce n’est pas ça le débat. Toutes les puissances ont eu à un moment à faire face à des guérillas, ou à des embuscades qu’on vous tend. L’asymétrie c’est quoi, c’est le combat du plus faible au plus fort. Si nous avons affaire à une guerre asymétrie cela veut dire que nous sommes les plus forts. C’est David et Goliath», a -t-il conclu.
Alfred SIRIMA