@informateur-Depuis le 13 janvier 2023, la Côte d’Ivoire vibre au son et au rythme de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football. La CAN 2023 sur laquelle les yeux du monde entier sont braqués, tient le peuple en haleine. D’autant plus que c’est la CAN de l’hospitalité, «La plus belle CAN jamais organisée» comme le veulent les autorités ivoiriennes, celle à laquelle le président de la République Alassane Ouattara tient tant. Le 13 janvier 2024, à l’ouverture de la grand-messe du football africain, le Chef de l’État a fait son discours, avant de se délecter de la victoire des Éléphants 1 à 0 sur la sélection de Guinée Bissau, confortablement installé à la tribune d’honneur du stade d’Ebimpé qui porte son nom.
Depuis lors, il suit les matchs avec la même attention que l’ensemble des leaders et acteurs politiques, tous fondus dans la population et devenus eux-aussi des fans de football en maillots et autres tenues Orange, Blanc et Vert, mobilisés derrière leur Onze National pour les pousser à la victoire, le temps d’un événement. Mais hélas, tous ne sont pas présents.
En effet, outre le président Henri Konan Bédié qui a été arraché à votre affection en décembre 2023, un homme manque à l’appel. Il s’agit de Guillaume Kigbafory Soro, l’ex-Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale (Pan) de Côte d’Ivoire. Lui, n’a pas la chance d’être dans son pays pour assister à cette grande fête de football africain. Lui, paradoxe des paradoxes, n’a pas eu l’heur de bénéficier de l’hospitalité de son propre pays, lors de cette «CAN de l’hospitalité», pour porter le maillot national, aller au stade en chantant l’hymne national pour soutenir les Eléphants de Côte d’Ivoire qui sont chers à son cœur d’Ivoirien.
Oui, malheureusement, Soro n’a pu regagner sa terre natale comme il le désire si ardemment pour soutenir les Éléphants. Parce qu’il est contraint à l’exil depuis le 23 décembre 2019, date à laquelle il s’est retrouvé malgré lui hors de son pays la Côte d’Ivoire, loin les siens, à la suite du déclenchement de la persécution, de l’inquisition du pouvoir en place. Et pourtant, Soro, comme tous les Ivoiriens, tient fortement à la CAN 2023 qui se déroule dans son pays. L’ex- Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale (Pan) de Côte d’Ivoire [poste qu’il a dû quitter pour échapper au courroux du régime qui lui reproche d’avoir des ambitions présidentielles] y tient autant que le président de la République Alassane Ouattara. Au point que le 12 novembre 2023, il a manifesté son ardent désir de rentrer dans son pays, bien entendu pour suivre aussi la CAN et pousser les Éléphants à la victoire.
En effet, il a dit sa volonté de mettre un terme à son exil, depuis Niamey, la capitale du Niger où il était en visite. «Je mets fin à mon exil», a-t-il déclaré. Non sans inscrire son retour dans une démarche de réconciliation et de paix. Hélas, au lieu de s’en réjouir, le régime Ouattara fut gagné, à la suite de l’annonce par Guillaume Soro de son retour, par une fébrilité qui frisa la paranoïa.
Les va-en- guerre du pouvoir s’agitèrent autour du président Ouattara, crièrent au loup, accusèrent Soro d’avoir un sombre projet, déclarèrent tout en sueur que celui-ci tenait à rentrer à ce moment précis en Côte d’Ivoire avec des intentions inavouées. «Pourquoi Soro annonce-t-il la fin de son exil à la veille de la CAN?», s’écrièrent-ils, affolés. Voyant le diable à leur porte parce que pris de panique, ils présentèrent Guillaume Soro comme une menace pour la CAN et déclarèrent que celui-ci voulait rentrer en Côte d’Ivoire précisément avant la CAN pour perturber voire empêcher la tenue de l’événement.
Gagnés par une frayeur inexplicable, ceux qui redoutent tant le retour de Guillaume Soro prièrent et supplièrent, comme des enfants apeurés, le président Alassane Ouattara de ne pas le laisser revenir en Côte d’Ivoire. L’affaire défraya la chronique et tout fut imaginé et dit sur l’annonce de la fin de son exil par l’ex-Pan. Et l’affaire, par l’imagination débordante de ceux qui voient l’apocalypse dans son retour en Côte d’Ivoire, fut montée en épingle pour en faire tout un plat. Tant et si bien que Guillaume Kigbafory Soro n’a pas pu mettre un terme à son exil pour fouler le sol de son pays comme il le souhaitait, pour vivre la CAN sur les bords de la langue Ebrié avec sa famille et l’ensemble du peuple ivoirien, pour soutenir les Éléphants.
Hélas, l’ex-Pan qui reste pour l’heure contraint à l’exil, n’a pas pu bénéficier de l’hospitalité que la CAN organisée dans son propre pays devait lui offrir, pour qu’il aille serrer la main du président Ouattara dans un élan de réconciliation et de paix, et que tous les deux saluent, ensemble, les Ivoiriens à la faveur de la fête du football africain, pour soutenir main dans la main, avec le drapeau national, les Eléphants. Soro reste encore en exil malgré lui.
Mais où qu’il se trouve, il soutient, comme tous les Ivoiriens, son équipe nationale. L’adage ne dit-il pas : «Loin des yeux, près du cœur»? Le temps de revenir dans son pays en citoyen libre, dans les conditions de sécurité idoines, pour donner l’accolade aux Éléphants. Car chacun est conscient que le leader de Générations et peuples solidaires (GPS) ne peut rester indéfiniment hors de la Côte d’Ivoire, contre son gré. «Vive la CAN, allez les Éléphants et à bientôt», semble nous dire, par son regard toujours serein, Guillaume Kigbafory Soro. En attendant son retour en Côte d’Ivoire.
Daouda LY