@informateur- Perdre le pouvoir après une gouvernance agitée et marquée par des violences sanglantes n’a vraiment rien de réjouissant. Et ce n’est pas l’ancien Président de la République du Sénégal qui dira le contraire. En effet, dans l’affaire de la plainte déposée contre lui en juin 2023 en France suivie d’une demande d’enquête soumise à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour « crimes contre l’humanité », après les troubles que le Sénégal a connus, Maître Juan Branco, avocat de l’accusation, vient de déposer un dossier de 15 nouvelles constitutions de parties civiles. Vraisemblablement liées aux violences meurtrières qui ont jalonné la période préélectoral au pays de la Teranga.
L’affaire qui est évoquée de plus en plus par les réseaux sociaux risque d’occuper le devant de la scène si les choses venaient à se compliquer pour Macky Sall qui avait en son temps banalisé la plaine déposée contre lui. L’on s’en souvient, il avait déclaré à l’AFP que »C’est juste ridicule ». C’est bien le commentaire qu’avait fait le président sénégalais d’alors à Paris le 22 juin 2023. Mais l’avocat français Juan Branco ne s’était pas démonté. Il a présenté, lors d’une conférence de presse, le contenu des 170 pages de la plainte déposée la veille au soir ( le 21 juin 2023) en France devant le Pôle crimes contre l’humanité du Tribunal judiciaire de Paris, ainsi que la demande d’enquête à la CPI.
« Cette démarche va entraîner pour les personnes visées des conséquences pour le restant de leurs jours, car les crimes qui ont été commis sont imprescriptibles », avait affirmé au confrère TV5Monde Maître Branco, qui se trouve être l’un des avocats de l’ancien opposant et actuel Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. Ces procédures pour « crimes contre l’humanité » visent également l’ex- ministre de l’Intérieur sénégalais, Antoine Diome, le Général Moussa Fall, Commandant de la gendarmerie sénégalaise, ainsi qu’une centaine « d’autres individus », et concernent la période allant « de mars 2021 à juin 2023″. Maître Branco qui a affirmé avoir établi »le meurtre de 50 personnes » sur la période visée dit avoir sélectionné »710 éléments de preuve » sur les »4.500 éléments de preuve » en possession de l’accusation, pour confondre les accusés.
Faut-il le rappeler, la condamnation le 1er juin 2023 d’Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs avait déclenché de graves troubles au Sénégal et les heurts avaient causé au moins 16 morts selon les autorités, 23 selon l’ONG Amnesty International et 30 selon l’opposition. Bien avant, en mars 2021, des troubles liés à la situation politique de Ousmane Sonko avaient fait au moins 12 morts. A ce bilan est venu s’ajouter le décompte macabre de la période préélectorale.
Rappelons que Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, avait entretenu le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat en 2024 et reporté contre l’avis du peuple l’élection présidentielle sénégalaise, avant de craquer sous la pression populaire et de se retirer de la course à la présidence. Aujourd’hui, les accusations de crimes contre l’humanité lui pendent plus que jamais au nez. Dans le camp de Macky Sall, on dénonce une »chasse aux sorcières ».
DL/Informateur.ci