@informateur- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga a été remercié par le Général Assimi Goïta. Une implacable vérité se confirme ainsi d’elle-même à travers le sort que vient de connaître ce dernier. Choguel Maïga apprend à ses dépens qu’un régime militaire ne peut s’accommoder longtemps d’un collaborateur civil trop critique à son égard. Car un régime est militaire ou est civil. Il ne peut être l’un et l’autre à la fois.
L’homme a été démis de ses fonctions de Premier ministre par un décret présidentiel lu le mercredi 20 novembre 2024 sur le plateau de l’ORTM, par le Secrétaire général de la Présidence. Il a également été mis un terme aux fonctions de l’ensemble des membres du gouvernement. Comme tous les observateurs s’y attendaient, Choguel Maïga paie sans aucun doute pour sa diatribe particulièrement osée contre le régime militaire, le samedi 16 novembre 2024.
Au cours de sa sortie ce jour-là, il avait mitraillé les militaires qui, selon lui, l’avaient mis à l’écart de la gestion des affaires de l’Etat. Car à l’en croire, il n’était pas consulté, encore moins associé aux prises de décisions. Choguel Maïga s’était aussi élevé vertement contre les Généraux de Bamako à qui il reproche d’avoir entravé le rétablissement de l’ordre constitutionnel en reportant les élections qui devaient permettre le retour des civils au pouvoir.
A vrai dire, Choguel Maïga est aujourd’hui rattrapé par son destin. Celui d’être un pourfendeur du régime militaire qu’il avait critiqué après le premier coup d’Etat. Mais à la suite de l’éviction du président Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane qui avaient dirigé la première Transition avant de se brouiller avec les militaires, Choguel Maïga va retourner sa veste pour collaborer avec les hommes en treillis. Il accepte, en 2021, le poste de Premier ministre de la Transition » rectifiée » issue du second coup d’Etat. Mais les militaires qui n’ont pas perdu de vue qu’il s’était opposé au départ à leur prise du pouvoir, ne l’ont jamais vraiment considéré comme l’un des leurs. Ils n’ont jamais permis à Choguel Maïga de diriger le gouvernement. En réalité, il n’exercait pas les pouvoirs de sa fonction et n’aura été qu’un figurant à la tête du gouvernement malien. Agacé par ce qu’il dénonçait comme un manque de considération à son égard, Choguel Maïga s’est progressivement éloigné des militaires. Leurs rapports se sont altérés au fil des mois, pour atteindre le point de rupture à la suite de ses virulentes critiques à leur encontre le 16 novembre dernier.
Concernant son avenir politique, il est très probable qu’il rejoigne les rangs de l’opposition après sa collaboration ratée avec les anciens Colonels promus Généraux. Mais beaucoup craignent que l’ancien Premier ministre désormais en rupture de ban avec les militaires, ne soit visé par des représailles politico-judiciaires.
DL/informateur.ci