‘@informateur- L’espoir d’un changement notable sur le front de la lutte contre le terrorisme suscité par la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022 au Burkina Faso aura été de courte durée. Si le discours quelque peu direct du jeune capitaine a retenu au départ l’attention et l’adhésion de bon nombre de Burkinabè qui avaient hâte de sortir de l’impasse sécuritaire, force est de constater que depuis le début de l’année le régime cornaqué par Ibrahim Traoré éloigne de plus en plus le peuple de ses aspirations.
En effet, le revers que subi l’armée sous le MPSR 2 depuis le mois de février en dépit de l’appui des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et le massacre à grande échelle des civils questionnent tout simplement le motif d’absence de moyens logistiques des troupes évoqué par le capitaine Traoré pour s’emparer du pouvoir. De fait, depuis 7 mois qu’il est parvenu au pouvoir d’État par les armes et a eu le temps de doter l’armée d’équipements appropriés de combat dont des drones, la situation sécuritaire n’a de cesse de s’enliser.
C’est que les choix stratégiques du tombeur du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba ne sont pas partagés par une bonne composante de l’armée. En remplaçant hâtivement le Colonel-major Yves Bamouni par le Colonel-major Célestin Simporé à la tête du Commandement des Opérations du Théâtre (COTN) et en supprimant les points de presse hebdomadaires de ce commandement au profit d’une propagande mensonger annonçant à longueur de journée des terroristes neutralisés, le capitaine Ibrahim Traoré a cassé la dynamique de l’armée.
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Que dire du massacre des 147 civils de Karma qui a mis en émoi le peuple burkinabè et la communauté internationale au point que le président en exercice de la Cedeao, Umarou Sissoko, en appelle à des poursuites devant la Cour Pénale Internationale! 147 civils massacrés par des hommes en tenue de l’armée et se déplaçant avec les véhicules de l’armée burkinabè. C’est vraiment inédit pour qu’un procureur donne de la voix en ordonnant une enquête. En l’espèce au regard de la traçabilité des armes de l’armée burkinabè, une simple enquête balistique devrait suffire pour édifier le public sur les auteurs de ce carnage. Vraisemblablement, l’unité qui a exécuté ces pauvres civils croyait-elle avoir affaire à des «apatrides» comme le capitaine Ibrahim Traoré se plait à catégoriser ses compatriotes?
Une chose est sûre, ce drame sort du champ de la bavure. C’est tout simplement un génocide dont le capitaine Ibrahim Traoré en porte la totale responsabilité en sa qualité de chef suprême des armées. Faut-il rappeler qu’en nommant le Colonel-major Célestin Simporé au COTN, le décret précise que celui-ci «est aussi chargé de la planification de la conduite des opérations et est chargé de la coordination de la défense civile ainsi que de la réquisition et l’utilisation des services, des personnes et des biens nécessaires à la conduite des opérations».
On l’aura compris, l’autoritarisme et les restrictions des libertés ne font qu’enfoncer chaque jour un peu plus le Burkina Faso dans la crise. Et chaque président aura sa part de responsabilité devant l’histoire.
Ousmane MODIBO