‘@Informateur.info- Dimanche 29 mars 2020, la Côte d’Ivoire a enregistré son premier décès lié à la maladie à coronavirus (Covid-19) parmi les 165 cas de sujets atteints. Une tendance en hausse qui ne s’arrête plus depuis le 11 mars 2020, date du premier cas identifié sur le sol ivoirien.
Dans un entretien accordé à France 24, samedi dernier, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), Antonio Guterres avait alerté : ‘’L’Union européenne se mobilise pour débloquer des fonds pour venir au secours de l’Afrique… Parce qu’il y aura des millions et des millions de morts en Afrique même si la population est très jeune. Elle sera ravagée par la pandémie si on ne lève pas tôt’’. Cette prévision macabre du secrétaire de l’ONU fait froid dans le dos. Car, la plupart des pays du continent ne disposent pas de moyens matériels, de plateaux techniques sanitaires pour faire face à cette pandémie qui ne freine plus sa folle course meurtrière.
En Côte d’Ivoire qui a connu son premier cas le 11 mars 2020, qu’a fait le gouvernement pour prévenir la propagation de la maladie au point qu’en l’espace de 18 jours (moins de trois semaines) le pays enregistre, officiellement, 165 cas confirmés ? Quelles dispositions l’Etat a-t-il pris pour stopper le Covid-19 ? Evidemment, quand au sommet de l’Etat, on minimise la pandémie, à l’image du Vice-président Daniel Kablan Duncan, c’est qu’on n’a rien à proposer pour protéger ses populations.
Alors que dans le monde entier, la tendance était au report de toutes les manifestations culturelles, sportives…d’envergure, la Côte d’Ivoire a procédé à l’ouverture du MASA (Marché des arts et du spectacle d’Abidjan), le 7 mars 2020, accueillant sur son sol près de 700 personnes en provenance d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, d’Asie. Des continents où le virus semait déjà désolation et tristesse. La Côte d’Ivoire n’en a cure. Le comble, Daniel Kablan Duncan lance à la face du monde que ‘’ le coronavirus n’atteindra pas notre pays’’. Ah bon ? Sur quoi compte ce monsieur ? Quatre jours plus tard, il est contredit par le ministre de la santé qui annonce le premier cas le 11 mars. Cela s’appelle de la haute trahison.
Qu’à cela ne tienne, il a fallu attendre le 16 mars pour voir le Conseil national de sécurité (CNS) se réunir et prendre les premières mesures barrières, suivies de la déclaration du chef de l’Etat, le 23 mars 2020, annonçant l’état d’urgence et un couvre-feu en plus d’autres mesures complémentaires dont l’adoption d’un plan de riposte de plus de 95 milliards FCFA et la fermeture des bars, restaurants, maquis…Ces mesures édictées dix jours après l’apparition du premier cas, ne rassurent guère les populations, estimant que l’Etat a pris en retard la pleine mesure de la maladie qui se propageait, déjà, car chaque soir, le bilan de la situation fait par le ministère de la santé était régulièrement en hausse. ‘’Pourquoi le gouvernement n’a pas fermé les frontières dès l’annonce du premier cas ?’’, s’interroge-t-on.
Tout porte à croire que le tâtonnement des autorités dans la gestion de cette crise sanitaire a, fortement, contribué dans le galop des cas contaminés. Or, tâtonner n’a jamais été rassurant dans les prises de décision. Surtout dans le cadre d’une gestion de crise de cette nature. C’est contre-productif.
Pis, l’épisode de l’INJS (Institut national de la jeunesse et des sports) vient en ajouter à la détresse des Ivoiriens. Le confinement raté de près de 1203 voyageurs en provenance de France le 18 mars. Où certains passagers ont bénéficié de passe-droit pour se soustraire de la mise en quarantaine dans ce centre de confinement et regagner, tranquillement, leur domicile. Un vrai couac dans la gestion de la crise. Qui sait si tous ces voyageurs qui se sont fondus dans la nature après des ‘’B to B’’ sont atteints ou pas de la maladie ? Et curieusement, c’est depuis cette date que les cas de contamination montent en puissance.
Certes, le gouvernement fait beaucoup de sensibilisation mais il reste évident que le choc sanitaire a des répercussions sur tous les secteurs d’activité, entraînant des chocs économique et social. Comment les amortir ? Là réside la problématique.
Dans son adresse du 23 mars, hors mis le plan national sanitaire de 95 milliards FCFA pour vaincre le coronavirus, le chef de l’Etat s’est abstenu des nécessaires et urgentes mesures d’accompagnement pour relever les entreprises atteintes par le coronavirus et soulager les populations qui doivent, également, affronter la flambée des prix sur les marchés. Démission de l’Etat ? Possible, quand on aperçoit, désormais, des élus et ministres s’occuper de leurs populations locales à coup de publicité, quid de celles qui n’ont pas de ministres dans leurs régions.
Pourtant, ailleurs dans la sous-région, des pays comme le Sénégal, le Niger … ont arrêté des mesures fortes pour contenir les retombées néfastes du Covid-19 sur leurs populations.
Geneviève MADINA