‘@Informateur- On s’y attendait depuis la signature des conclusions du Dialogue politique. Le remaniement tant annoncé va avoir lieu, après la démission, ce mercredi 13 avril 2022, du Premier ministre Patrick Achi et de son gouvernement. Cette démission annonce de grands changements à venir.
Contrairement aux autres démissions à la Primature ou le Premier ministre est aussitôt reconduit pour former une nouvelle équipe gouvernementale, cette fois, le président de la République en a pris acte et a annoncé la nomination, la semaine prochaine, d’un nouveau chef du gouvernement. Ce qui veut dire clairement que Patrick Achi ne sera pas reconduit à son poste.
- Que va donc, devenir l’actuel chef du gouvernement démissionnaire?
A la vérité, le chef de l’Etat, après deux ans de fonctionnement sans vice-président, n’est pas loin de pourvoir à ce poste naguère occupé par son ancien Premier Ministre Daniel Kablan DUNCAN. Toute chose qui permettra à Alassane Ouattara (82 ans), qui montre des signes de fatigue et de lassitude, de déléguer suffisamment ses pouvoirs, de bien se reposer, et aussi de préparer sa succession dans la tranquillité.
En 12 mois de Primature, Patrick Achi a fait preuve de loyauté, d’engagement et d’efficacité. Dans la grande famille du RHDP, après ses prédécesseurs feux Amadou GON COULIBALY et Hamed BAKAYOKO, il a réussi à convaincre le président de la République peu enclin à vouloir tenter encore une aventure au pouvoir.
Patrick Achi se présente aujourd’hui comme l’homme de la situation, sans réel concurrent dans son camp. L’heure de ce transfuge du PDCI a-t-il sonné auprès d’Alassane Ouattara pour sa fidélité à son nouveau mentor ? On n’est pas loin de le savoir.
En tout état de cause, la démission, et la probable non-reconduction du Premier ministre Achi interviennent dans un contexte politique bien évocateur.
- Le Congrès convoqué le mardi 19 avril à Yamoussoukro
En effet, aussitôt après la rentrée solennelle des deux chambres du Parlement (l’Assemblée nationale et le Sénat), le président de la République a convoqué dans la foulée, le Congrès (les deux chambres réunies) pour le mardi 19 avril 2022, au lendemain du long férié de Pâques. A l’ordre du jour, de ce Congrès le Président de la République adressera son message sur l’état de la Nation devant les Députés et les Sénateurs conformément à l’article 114 de la Constitution.
Conformément à la Constitution, «Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. (…) Il choisit un vice-Président de la République, qui est élu en même temps que lui».
Cette disposition de l’article 55 de la Constitution de 2016 a été amendée suite à une nouvelle proposition introduite par le chef de l’Etat et adoptée en 2020. Désormais, l’Article 55 dispose ceci : «Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. (…) Il choisit un vice-Président de la République en accord avec le Parlement».,
- ACHI comme DUNCAN en 2017?
En janvier 2017, c’est exactement le même contexte qui a prévalu et a vu la promotion du Premier ministre d’alors, Daniel Kablan DUNCAN, au poste de Vice-président de la République. Comme aujourd’hui, le Premier ministre a démissionné avec son gouvernement le lundi 9 janvier 2017 sans avoir été reconduit à son poste avant d’atterrir le lendemain mardi 10 janvier, dans le fauteuil de Vice-président de la République, nommé par le chef de l’Etat au cours d’une séance devant l’Assemblée nationale (le Sénat n’étant pas encore mis en place).
Aujourd’hui, ce scénario est en passe de se répéter. Il n’est pas exclu que président de la République, s’étant déjà accordé avec le Congrès, présente devant cette auguste assemblée, son nouveau Vice-Président de la République. Le timing de la démission du gouvernement ACHI et de la convocation du Congrès, mais surtout la non-reconduction immédiate du Premier ministre Patrick Achi, fait penser à ce scénario de 2017, qui va sans doute se répéter ce mardi 19 avril 2022 à Yamoussoukro.
L’on ne sera, donc, pas surpris que Patrick Achi, dauphin constitutionnel depuis 12 mois, eu égard à l’absence d’un Vice-président de la République (Article 62) rejoigne la capitale politique ivoirienne avec le simple titre d’ex-Chef du gouvernement et en revienne avec le rang de N°2 de l’Etat confirmé dans de nouvelles fonctions, celles de Vice-présidents de la République.
Si c’est le cas, le chef de l’Etat aura choisi l’option d’une revitalisation du RHDP qui perdrait en aura et en popularité si un nordiste et cacique du défunt RDR venait à être positionné au détriment d’Achi logiquement bien placé pour continuer l’aventure.
Par Félix Diby Bony