@informateur- Au terme de près de deux semaines d’obsèques et d’hommages rendus par la Nation, l’ultime séparation entre le président Henri Konan Bédié et son peuple a eu lieu le samedi 1er juin 2024. Après l’étape de Prepressou, son village natal, le Sphinx de Daoukro a été inhumé dans la plus stricte intimité familiale. L’histoire est un témoignage. Et pour le Sphinx de Daoukro, elle l’a effectivement été.
En effet, qui ne se souvient pas de la phrase devenue célèbre qu’il a prononcée à la mort de son prédécesseur, le Père de la Nation et premier président de la République de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny dont il fut le successeur mais surtout l’héritier politique? »Les grandes douleurs sont muettes », disait le dauphin constitutionnel du Sage de Yamoussoukro, avant de monter sur le trône en 1993. Si les Ivoiriens ont ressenti, comme lui en son temps, la douleur du deuil, ils ne sont cependant pas restés muets. Car les obsèques du président Henri Konan Bédié ont été surtout le temps des hommages de la Nation à un homme de paix, grand artisan du développement.
Faut-il le rappeler débutées le dimanche 19 mai 2024, les obsèques du président Henri Konan Bédié, ancien président de l’Assemblée nationale puis président de la République de Côte d’Ivoire (de 1993 à 1999), abondamment couvertes, relayées et retransmises par les médias, se sont poursuivies jusqu’à l’instant final. C’est le 1er août 2023 que celui que les Ivoiriens surnommaient affectueusement le Sphinx de Daoukro a été rappelé à Dieu à l’âge de 89 ans. Les deux semaines environ d’hommage national en son honneur ont commencé par la présentation des condoléances qui a eu lieu à la résidence familiale à Cocody-Ambassade, du dimanche 19 au mardi 21 mai 2024. Avant la veillée religieuse le mercredi 22 mai 2023 à la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan-Plateau et sur l’ensemble du territoire national.
Le lendemain jeudi 23 mai 2024, c’est le même cadre de la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan-Plateau qui a accueilli la messe de requiem et la levée du corps. Le vendredi 24 mai 2024, ce fut le grand hommage de la Nation et les honneurs militaires au palais de la Présidence de la République au Plateau. Le samedi 25 mai 2024, les militants de son parti, le parti pour lequel il a œuvré sans répit et auquel il a tout donné, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda), lui ont rendu un vibrant hommage à travers la veillée militante à Cocody et dans l’ensemble des délégations départementales et communales sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Le transfert de la dépouille mortelle à Daoukro a eu lieu le dimanche 26 mai 2024. Sur la terre de ses ancêtres, celle qui l’a vu naître, la cérémonie traditionnelle de don et les veillée religieuses et traditionnelles se sont tenues à la place qui porte son nom : la Place HKB.
A toutes ces étapes, le peuple ivoirien s’est souvenu du démocrate accompli, de l’homme de paix qui, sa vie durant, a été un grand artisan du développement de son pays, la Côte d’Ivoire qui le pleure aujourd’hui. Le Président Henri Konan Bédié avait une grande vision pour la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi il a œuvré pour son développement en lançant très tôt, à son arrivée au fauteuil en 1993, de grands chantiers de développement: » Les grands chantiers de l’Elephant d’Afrique » qui ont été hélas entravés par le coup d’Etat qui l’a chassé du pouvoir le 24 décembre 1999. Aussi les personnalités de tous les horizons, les hommes politiques sans distinction d’opinion, les Ivoiriens sans distinction d’appartenance politique, régionale, ethnique ou religieuse, solidaires dans la douleur et présents dans le deuil aux côtés de sa famille, ont témoigné que le Président Henri Konan Bédié était avant tout un homme de paix et d’ouverture qui privilégiait le dialogue et la négociation, tel que le lui a enseigné le Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny dont il fut le successeur mais surtout l’héritier politique. Et sa vie politique en a été l’exemple palpable. En effet, même dans l’adversité politique la plus cruelle, le Sphinx de Daoukro n’a jamais nourri de rancœur ou été habité par un esprit de vengeance. A ceux qui ont brandi contre lui le glaive, il a toujours tendu le rameau de la paix. Lors du coup d’Etat qui l’a déchu du pouvoir qu’il avait démocratiquement acquis dans les urnes à l’élection présidentielle de 1995, le Président Henri Konan Bédié ne refusa-t-il pas d’opposer une résistance armée à ses assaillants, » pour éviter, dira-t-il, de faire couler le sang du peuple »?
A l’occasion du » Forum de la réconciliation nationale » en 2001, n’a-t-il pas accordé son pardon à ceux qui ont pris les armes contre lui et et n’a-t-il pas insisté pour que la prise du pouvoir par les armes soit désormais proscrite par la Constitution ivoirienne où cette disposition devrait être expressément inscrite ? Le Président Henri Konan Bédié a marqué les Ivoiriens par son sang-froid, son calme légendaire et sa sérénité à toutes épreuves. Par sa vision politique, sa vision du développement, il voulait le meilleur pour son pays au plan économique et pour son peuple au plan social. Homme de paix, il n’a eu de cesse, tout le long de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire, d’appeler à la réconciliation nationale. Il voulait » une Côte d’Ivoire réconciliée qui se met durablement sur les rails du développement ». C’est à ce grand homme, homme de paix, homme politique mesuré et tempéré, homme d’État exemplaire, acteur infatigable du développement, mais avant tout un humain, un homme profondément humaniste, que la Nation ivoirienne toute entière a rendu hommage.
Du lundi 27 au vendredi 30, les siens lui ont dit l’ultime adieu à Prepressou, son village natal, où les populations ont participé à la cérémonie traditionnelle de don et aux différentes veillées, avant l’inhumation le samedi 1er Juin 2024. Le parcours du Président Henri Konan Bédié constitue assurément un livre à lire.
DL/Informateur.ci