Le premier point décortiqué a été la question de l’accès des femmes à la propriété foncière. Chefs traditionnels et leaders d’organisations de la société civile se sont presque mis d’accord sur un fait : la terre appartient, à priori, soit à des rois, soit à des chefs de famille. Or, rois et chefs de famille sont presque tous des hommes ! En définitive, la société civile ivoirienne a souligné la nécessité de la promotion et de la divulgation de la loi de 1998 sur le foncier, comme solution à la question de l’accès de la femme à la propriété foncière en Côte d’Ivoire. C’était ce mardi au siège social de la Convention Nationale des Organisations de la Société Civile Ivoirienne (CNOSCI) où une forte délégation du Millénium Challenge Corporation (MCC) rencontrait les responsables des organisations de la société civile. Une trentaine de leaders religieux ou chefs traditionnels, aux côtés des présidents ou représentants des grandes faitières de la société civile ivoirienne ont abordé les questions sensibles de la corruption, de l’emploi en Côte d’Ivoire notamment pour les jeunes, la question de l’accès à la propriété foncière et et la cohésion sociale.
Le diagnostic de la société civile a mis l’accent sur le caractère endémique de la corruption dans l’administration ivoirienne qui se présente sous diverses formes : certains agents traînent avec les dossiers au point de créer la situation d’urgence. Ainsi, l’usager est mis sous pression et face à l’urgence, se sent « contraint » de payer des services qui sont traditionnellement gratuits. Les syndicats de l’enseignement ont surtout souligné les « arrangements » entre les fondateurs d’écoles et l’administration pour se faire affecter des étudiants contre paiements d’argent ; toute chose qui est à l’origine du refus de certains fondateurs d’écoles de payer les enseignants. La corruption sur les routes, dans les hôpitaux et dans les concours directs ou professionnels a été décriée.
En ce qui concerne la question de l’emploi des jeunes, les leaders de la société civile ont surtout regretté l’inadéquation entre les programmes de formation dans les écoles et universités avec les attentes réelles des entreprises. La vétusté et le caractère suranné du matériel de formation dans les écoles techniques a été surtout dénoncé par les représentants des organisations d’enseignants. Une constante est apparue dans les propositions : la nécessité d’introduire les formations de l’artisanat dans les programmes scolaires. Faut-il le démarrer au cycle primaire ou secondaire ? De l’avis de la société civile, l’artisanat reste une importante piste à explorer pour endiguer l’oisiveté de la jeunesse ivoirienne qui a pour corolaire la délinquance juvénile, le phénomène des « microbes » etc.
Plus que tous les autres, la question de la cohésion sociale à été traitée avec beaucoup d’émotion et de nombreuses propositions ont été faites : Déjà, la société civile s’interroge sur les raisons de son absence de toutes les instances censées parler aux populations, leurs membres ! « Ce sont les politiciens qui sont naturellement partisans, qui veulent réconcilier les Ivoiriens en excluant la société civile. Les populations applaudissent mais n’ont pas de tribune d’expression » a dénoncé, surtout, les leaders religieux présents à la rencontre. La nécessité de soutenir les victimes des différents conflits et les rencontres de proximité avec l’implication effective de la société civile pour, enfin permettre à ceux qui ont des blessures profondes et qui ont besoin de s’exprimer, de le faire en toute liberté, a été proposé comme voie incontournable pour l’apaisement des populations meurtries du fait des crises que la Côte d’Ivoire a traversées cette décennie.
Madame N’Diaye Aida et sa délégation ont exprimé leur joie de voir ce genre d’échanges francs et sans passion excessive, se tenir au sein de la société civile ivoirienne. Elle a promis rencontrer des groupes spécifiques au sein de la société civile pour approfondir certaines propositions faites au cours des échanges.
La Convention Nationale des Organisations de la Société Civile ivoirienne (CNOSCI) regroupe les grandes centrales syndicales, les faitières d’ONG, la chefferie traditionnelle et les organisations religieuses de Côte d’Ivoire.
Le service de Communication de la CNOSCI