La justice française souhaite entendre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Guillaume Soro est visé par un mandat d’amener, dans le cadre d’une plainte déposée par le fils de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Michel Gbagbo affirme avoir été enlevé et séquestré pendant plusieurs mois après son arrestation, en 2011.
Arrêté à Abidjan, le 11 avril 2011, en même temps que son père, Michel Gbagbo affirme avoir été « enlevé, séquestré » et victime de « traitements inhumains et dégradants » pendant quatre mois, entre son arrestation au mois d’avril et son inculpation formelle au mois d’août de la même année.
Le fils de l’ancien président ivoirien est également citoyen français. Il a donc déposé plainte en France, auprès du parquet de Paris, au mois de juin 2012. Saisie du dossier, la juge d’instruction Sabine Khéris a adressé une convocation à Guillaume Soro pour l’entendre sous le statut de témoin assisté.
Mais, selon l’ambassade de Côte d’Ivoire en France, cette convocation n’a été « retrouvée » que ce lundi 7 décembre, à Abidjan. Les avocats du président de l’Assemblée ivoirienne évoquent une « erreur du consulat général de France».
N’ayant aucune réponse de Guillaume Soro, la juge d’instruction a délivré un mandat d’amener et des policiers français se sont alors rendus, ce lundi matin 7 décembre, à l’adresse qu’ils pensaient être celle du président de l’Assemblée nationale ivoirienne en France. Ils ne l’ont pas trouvé.
Immunité diplomatique
Les avocats de Guillaume Soro protestent contre cette convocation du juge d’instruction. Joint par RFI, Maître Jean-Paul Benoît, précise que le président de l’Assemblée nationale ivoirienne était à Paris en déplacement officiel et qu’il bénéficiait, par conséquent, de l’immunité diplomatique.
« Il est là, en sa qualité de président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire et il était en France dans le cadre de la Cop21. Cette mission fait l’objet d’un ordre de mission signé par le président de la République ivoirienne. Donc, monsieur Soro était protégé pendant cette présence en France, par une immunité qui tient à sa qualité de deuxième personnage de Côte d’Ivoire, du fait qu’il était en mission officielle pour l’Assemblée nationale et pour la Cop 21, au titre de l’Etat ivoirien. Ce mandat d’amener n’avait pas, dans ce contexte, la moindre raison d’être », a souligné Maître Jean-Paul Benoît, avocat de Guillaume Soro.
De son côté, Maître Habiba Touré, avocate de Michel Gabgbo, rejette le motif de l’immunité diplomatique.
« Que dire aux propos de mon confrère qui a tendance à confondre immunité et impunité ? Donc, c’est quand même gênant, de la part d’un avocat. Et puis surtout, je suis surprise qu’il puisse commenter les actes procéduraux. S’il entend les contester, il connait très bien la voie procédurale la plus adaptée pour le faire », a déclaré à RFI, Me Habiba Touré.
« En ce qui nous concerne, il y a une procédure en cours. Tout ce qu’on demande, c’est que justice soit faite et que tous les actes nécessaires à la manifestation de la vérité soit accomplis. Personne n’est au-dessus des lois et je crois qu’on sera tous d’accord là-dessus. Donc, que monsieur Soro ne s’estime pas au-dessus des lois et qu’il réponde à la justice si véritablement il n’a rien à se reprocher », a ajouté Maître Habiba Touré, avocate de Michel Gbagbo.
RFI