Nous vous proposons en intégralité le discours de ce jeudi 16 juillet du Président du Faso Michel Kafando, en rapport avec la crise politique que traverse le Burkina Faso depuis peu.
Mes chers Compatriotes,
Je m’adresse encore une fois à vous pour vous entretenir de la grave situation nationale qui secoue notre pays.
Le Cadre de Concertation des Sages que j’ai chargé de continuer les négociations, entamées par moi-même depuis deux semaines avec les différentes composantes des Forces vives pour dénouer la crise, a fini ses travaux et m’a remis hier ses conclusions.
Je remercie ces dignes fils du pays, les Sages du Cadre de concertation qui, comprenant le danger auquel notre pays est exposé, ont mis à contribution leur expérience, leur amour de la patrie, et œuvré, trois jours durant, à m’aider, que dis-je, à aider notre pays à sauver la paix.
Je le dis tout net, il n’est pas juste que pour des intérêts divergents, notre Armée nationale dont c’est la mission de protéger la paix au Burkina Faso, en vienne à être le perturbateur de la paix au Burkina Faso. Où est donc cette armée nationale, cette armée modèle à laquelle on se réfère tant dans les missions de maintien de la paix à l’extérieur ?
Trois fois, en l’espace de sept mois de Transition, nos institutions ont vascillé à cause des dissensions au sein de l’Armée. Trois fois, nous avons été au bord de l’explosion avec toutes les conséquences que cela aurait comporté.
J’espère que les décisions que j’ai prises dans l’intérêt supérieur de la Nation, contribueront à régler de façon définitive cette situation déplorable qui met en jeu la crédibilité même de notre pays.
- J’ai décidé de maintenir le Premier Ministre en poste, convaincu qu’à trois mois des élections, tout bouleversement à ce niveau ne ferait que perturber la saine préparation des élections, avec pour risque majeur d’allonger les délais de notre engagement à organiser le scrutin à bonne date.
- Le Ministère de la Défense, jusque-là détenu par le Chef du Gouvernement, sera désormais confié au Chef de l’Etat, Président du Faso. Cette mutation devrait pouvoir régler les questions de dysfonctionnement et surtout de frustrations au niveau de l’Armée.
- Le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Sécurité sera scindé en deux départements ministériels distincts :
- celui de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation ;
- et celui de la Sécurité.
Dans un tout autre domaine, c’est l’occasion pour moi, s’agissant du verdict de la Cour de Justice de laCEDEAO sur le nouveau Code électoral, d’affirmer que le Burkina Faso, en tant que nation civilisée et respectueuse de l’autorité de la chose jugée et de ses engagements internationaux, et dans un souci d’apaisement social, se conformera au verdict de la Cour.
Mes chers Compatriotes,
Nous venons de dénouer ainsi la crise la plus longue et la plus grave de notre histoire.
Je me réjouis que ces décisions interviennent sous les auspices de la fin du jeûne du Ramadan.
C’est le signe manifeste que cette décrispation est placée sous le sceau de la Divine Providence.
Les prières et les supplications que chacun de vous, quelle que soit sa confession religieuse, a fait monter vers le Ciel, ont donc trouvé grâce auprès de Dieu. Qu’il en soit toujours ainsi.
Je saisis l’occasion pour souhaiter à la Communauté musulmane dans son ensemble, à nos frères et sœurs musulmans, une bonne fête de l’Aïd El Fitr.
Vive le Burkina Faso dans la fraternité,
Vive le Burkina Faso dans la paix et la concorde nationale.
Michel KAFANDO
Président du Faso
Président de la transition, Chef de l’Etat