– « Le Consul Daouda Diallo n’a pas compris que ce n’est pas le gouvernement burkinabé qui paie nos maisons et nos factures d’électricité à Abidjan»
Informateur.info- Moussa Zallé est le coordinateur du Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabé en Côte d’Ivoire (Camjb-ci). Avec lui nous faisons le point des activités de ce collectif qui s’impose comme la plus puissante des structures de jeunesse en Côte d’Ivoire. Entretien.
Informateur.info- Le Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabé en Côte d’Ivoire dont vous êtes le coordonnateur est sur le front de la contestation du report du vote des burkinabè de l’Extérieur au Burkina Faso, quel est le point de vos actions à ce jour ?
Merci pour l’occasion que vous offrez au Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabé en Côte d’Ivoire (Camjb-ci) de s’exprimer. cette contestation nous la mènerons jusqu’à l’effectivité du vote des burkinabè de l’extérieur, chose que nos autorités depuis l’ancien régime à celle de la transition n’ont jamais souhaité accorder. Devant tant d’injustice que des malhonnêtes tentent de justifier nous, nous avons décidé de prendre nos responsabilités en tant que jeunesse. Conscients que rien ne s’acquiert en politique sans combattre. Nous continuons d’interpeller la communauté internationale face à cette violation de nos droits. Et nous continuons à nous faire entendre par tous les moyens légaux.
Informateur.info : Voici cinq mois que vous ne démordez pas par rapport à la défense de vos droits et de ceux de la majorité silencieuse, jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?
Écoutez, nous notons une mauvaise foi des autorités de la transition. C’est elles qui nous avaient donné les assurances au cours d’une de nos missions à Ouagadougou que la diaspora allait pouvoir voter conformément à la charte. Puis chemin faisant, elles ont décidé de faire marche-arrière. Vous verrez que dans cette processus les autorités de la transition n’ont ni respecté leur parole ni même la signature de la charte. Au nom de quoi elles peuvent s’autoriser ces violations sans être critiqués et que nous pour avoir décidé de réclamer nos droits on nous taxe de rebelles et de tous les noms. Ce combat nous allons le mené jusqu’au bout. Nous irons jusqu’à la fermeture de la représentation diplomatique s’il le faut pour nous faire entendre.
Informateur.info : Pour mener de telles activités, il faut des moyens conséquents. D’où le CAMJBCI tire-t-il ses ressources ?
Au sein du Collectif, on y trouve des entrepreneurs, des travailleurs de différents secteurs d’activité. Notre détermination pour faire respecter nos droits permet au Collectif de bénéficier du soutien de tous ces membres. Aussi nous profitons pour lancer un appel à tous ceux qui croient en notre lutte à nous rejoindre pour participer à la réhabilitation des droits de la diaspora.
Informateur.info : Il n’en demeure pas moins que votre combat est perçu par certains comme une défiance aux autorités de la transition. Avez-vous ce sentiment ?
Ceux qui pensent à une défiance, n’ont pas pris le temps de suivre et de connaître le Camjbci. Nous avons toujours travaillé dans le respect de l’autorité, la preuve, depuis 2012 des correspondances sont toujours adressées aux autorités dans le cadre des actions que nous menons. Nous avons effectué une mission à ouaga du 26 novembre au 08 décembre 2014 juste après l’insurrection des 30 et 31 octobre et avons pris la peine de rencontrer les partis politiques, les chefs traditionnels, les chefs religieux, des organisations de la société civile, les autorités politiques. Nous avons toujours été animés du souci du respect des composantes de la société. Croyez-vous que toutes ces démarches étaient une défiance à l’autorité ? Soyons raisonnables et jugeons les choses en toute objectivité.
Informateur.info : Il y a eu surtout la séquestration du ministre Burkinabé de l’administration territoriale et de la sécurité, Denise Auguste Barry au Consulat général d’Abidjan alors qu’il était en mission d’explication du report de ce vote ?
Ce rendez-vous manqué avec le ministre Auguste Barry au Consulat Général, le Camjb-ci n’est pas responsable. Nous avons effectués nombreux le déplacement pour en savoir plus sur ce report .Mais nous avons constaté que le Consul Général Daouda Diallo avait déjà avait minutieusement préparé un coup en dressant des structures de femmes et d’autres jeunes sans personnalités aucune contre le Camjb-ci. L’autorité n’a pas souhaité que nous protestions estimant que c’était une cause perdu d’avance. A cela s’est ajoutée l’attitude du ministre qui n’a pas voulu s’adapter à son auditoire et qui tenait à nous exposer les mérites de la transition alors que nous avions soif de savoir pourquoi nous n’allons pas voter. Nous avons produit une déclaration le 12 mars dernier dans laquelle nous avons donné notre position sur ce rendez-vous manqué.
Informateur.info : Après cette parenthèse diversement appréciée à Abidjan et à Ouaga, quels sont vos rapports aujourd’hui avec le Consul Général d’Abidjan que vous accusiez dans la foulée des évènements d’avoir pris parti contre les intérêts de la communauté ?
Nous somme une organisation de la société civile et nous comptons jouer pleinement ce rôle qui est de critiquer et aussi de proposer des solutions, mais le consul général, quelqu’un en qui nous avons placé beaucoup d’espoirs ,vu qu’il était censée connaître les réels problème de la communauté pour avoir déjà travailler en terre ivoirienne, s’est plutôt montré comme un diplomate qui veut que tout le monde regarde dans la même direction que les autorités de Ouagadougou. Quand vous êtes opposés à cette vision, il vous traite de voyous donc pour nous il n’est pas l’homme de la situation. Le Consul Daouda Diallo n’a pas compris que ce n’est pas le gouvernement burkinabé qui paie nos maisons et nos factures d’électricité à Abidjan et que nous avons le droit de défendre nos intérêt.
Informateur.info : De quelle jeunesse burkinabé de la diaspora, rêvez-vous ?
Nous rêvons d’une jeunesse responsable, autonome qui ose aller au-delà de ce que nous voyons. C’est à dire discuter des problèmes réels de notre communauté. Nous ne voulons plus que le jeune burkinabé soit celui qui s’adonne toujours aux simples activités à maigre revenu. Nous devons être présents dans les secteurs d’activités, dans les grands débats d’idée pour se faire entendre et proposer des solutions concrètes aux problèmes de notre communauté et non à ces vilains comportements de leaderships.
Informateur.info : On note que face au silence des autorités ivoiriennes et burkinabé sur ce que le MIDH a qualifié de « crime organisé » dans le Mont Péko, vous avez publié récemment une déclaration sur le sujet. Quelle est votre position sur cette question préoccupante ?
Les clandestins du Mont Peko sont avant tout des humains et je pense bien que cette question a été discutée par les autorités ivoiriennes et burkinabè et si je ne me trompe pas une commission mixte devrait être mise en place pour traiter ce dossier sensible. A notre grande surprise nous constatons plutôt la création d’un comité de gestion présidée par le préfet de Duékoué qui a créé des porcs secs de commercialisation du cacao des clandestins. Et selon un rapport du mouvement ivoirien des droits de l’homme, et la presse des prélèvements sont effectués dans ces porcs secs au profit des autorités locales. Certains de ceux qui ont dénoncé ce vol des revenus des clandestins ont été arrêtés. Nous demandons qu’une enquête soit menée à la fois par les autorités ivoiriennes et burkinabé afin que la lumière éclate dans cette affaire.
Informateur.info : Quelles sont les perspectives du CAMJBCI en termes d’activité dans les jours à venir ?
Nous souhaitons aller à la rencontre de nos compatriotes dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire en vue de sensibiliser sur le rôle à jouer pour une sortie de crise heureuse au Burkina Faso. Le Camjb-ci va installer ses sections partout en Côte d’Ivoire. L’objectif est de mobiliser nos compatriotes en vue de faire respecter nos droits.
Propos recueillis par Jean François Fall