Le général Gilbert Diendéré, chef des putschistes du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), à l’origine du coup d’Etat contre le président Michel Kafando et l’ensemble des autorités de la transition, a répondu aux questions de RFI. Il assure que les putschistes souhaitent désormais organiser des élections « inclusives » et « éviter un bain de sang ».
RFI : Général Diendéré, expliquez-nous pourquoi vous avez pris le pouvoir à trois semaines des élections au Burkina Faso ?
Général Gilbert Diendéré : Nous pensons que les élections qui devaient se tenir dans trois semaines, un mois, n’auraient pas été bien organisées compte tenu des problèmes que l’on a constatés comme l’adoption de la loi sur le code électoral qui exclut un certain nombre de personnalités. Cela pouvait amener des troubles soit avant les élections, pendant la campagne, ou bien après lors des résultats.
Est-ce que ces éléments à eux seuls justifient de mettre par terre l’échafaudage de transition et de remettre en cause un processus qui était attendu par toute la sous-région ?
Ce ne sont pas seulement ces éléments. Il y a d’autres éléments qui sont entrés en ligne de compte. Notamment au sein des forces armées nationales, où il y avait, par rapport au régiment, un acharnement, une instrumentalisation de la question, pour créer une crise permanente au sein des forces de défense et de sécurité.
Va-t-il y avoir un bain de sang ?
Nous évitons tout bain de sang. Nous ne sommes pas là pour créer ce genre de situation, pas du tout…
Il y a déjà des morts, pourtant…
Pour l’instant, nous n’avons pas encore dénombré de morts. Nous allons tout faire pour éviter cela.
Allez-vous autoriser les gens à manifester, la population à s’exprimer ?
Nous allons essayer de maintenir l’ordre, de faire en sorte que cela se déroule dans le calme, que l’on puisse éviter tout débordement, tout désordre qui pourrait subvenir au niveau des localités.
Votre domicile à Yako, votre village natal, aurait été incendié par des manifestants qui vont sont hostiles. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je pense que cela est en droite ligne avec leur colère. Je n’y suis pas, je n’ai pas de protection particulière là-bas, donc je ne suis pas surpris qu’il y ait des mécontentements.
Mais vous n’êtes pas très populaire pour l’instant…
Cela dépend du côté où vous vous mettez. Il y a des manifestations pour nous, pour notre action.
Le président français, François Hollande « condamne fermement le coup d’Etat au Burkina Faso ». Que lui répondez-vous ?
Je suis tout à fait conscient du fait qu’une action de ce genre n’a jamais été appréciée par les démocraties. Mais je pense qu’il devrait comprendre notre situation et en tout cas aider le Burkina Faso à pouvoir trouver les voies et moyens pour pouvoir organiser des élections qui soient acceptées de tous, qui soient inclusives, qui soient démocratiques, parce que c’est cela qui va renforcer la démocratie au Burkina Faso.
Vous êtes en train de dire que vous allez organiser les élections du 11 octobre ?
Nous allons discuter avec les acteurs et nous verrons dans quelles conditions nous pourrons fixer une date pour les élections.
Combien de temps comptez-vous rester au pouvoir ?
Nous n’avons pas pour l’instant un calendrier adopté nous allons discuter avec les acteurs, comme je vous le disais tout à l’heure, et la durée dépendra bien sûr des discussions que nous allons avoir avec ces acteurs-là.
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Les responsables du CDP, le parti de Blaise Compaoré, ont applaudi votre action. Est-ce que derrière votre action il faut voir la main de l’ancien président Compaoré ?
Non, pas du tout. Blaise Compaoré n’est pas au courant de ce que nous avons fait. Je ne l’ai pas appelé, ni contacté non plus, ni avant ni après cette action. Il ne m’a pas appelé, après cette action. Je peux dire qu’il n’est mêlé ni de près ni de loin à ce qu’il se passe.
RFI