@informateur- Étudiant en langue chinoise, Gba Eric Pacôme parle de son expérience et en profite pour sensibiliser les autres jeunes à la pratique de cet idiome.
- Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, parcours et profession?
Je suis Gba Eric Pacôme, musicien professionnel et étudiant de l’Institut Confucius de l’université Félix Houphouët Boigny depuis 2019. C’est la langue chinoise qui est venue à moi lors de mon parcours universitaire comme étudiant musicien. J’ai participé à une activité où il fallait chanter en chinois, c’était mon tout premier contact et après cette expérience, j’ai décidé, par curiosité, d’approfondir mes connaissances dans cette langue.
- Vous prenez des cours à l’Institut Confucius qui promeut la langue et la culture chinoises. Pourquoi ce choix parmi tant d’autres?
Etant dans un pays francophone, cette formation me donne beaucoup d’opportunités, puisque la Côte d’Ivoire est en chantier et que la quasi-totalité des grands projets sont confiés à de grands groupes chinois. Or, les Chinois ne parlent pas français. Pour nous, francophones, c’est donc une opportunité d’être une passerelle entre les Chinois et les Ivoiriens. Par ailleurs, on le voit tous, il y a de plus en plus de Chinois en Afrique qui réalisent d’énormes travaux publics. C’est à nous, Africains, de pourvoir profiter de cette autre opportunité pour apprendre de l’expertise chinoise. Il faudrait qu’après chaque réalisation, on n’ait plus besoin des Chinois pour la maintenance ou la rénovation de ces infrastructures. Nous devons avoir une autre approche. N’oublions pas que chaque pays cherche ses intérêts dans ses relations, c’est à nous d’en profiter au maximum.
- Que représente pour vous cette formation dans un pays foncièrement francophone?
Que l’émergence ne soit pas qu’au niveau d’Abidjan, mais aussi à l’intérieur du pays, et qu’il y ait aussi des hommes et femmes émergents financièrement et mentalement. La Chine est un exemple à suivre. On devrait prendre exemple sur la Chine et l’adapter à nous pour ne plus être cité parmi les pays qui ont une population pauvre. Cette formation constitue donc une aubaine pour moi, puisque cette langue est un outil de travail qui m’ouvre des portes.
Que pensez-vous que l’Empire du Milieu peut apporter à l’Afrique et en particulier à la Côte d’Ivoire, contrairement à la France voire l’Union Européenne
Il n’y a pas que les pays occidentaux pour accompagner la Côte d’Ivoire dans son développement. La France a déjà fait ses preuves depuis plus de 60 ans, chacun peut juger. Mais cela n’empêche pas d’avoir d’autres partenaires au développement comme la Chine, mais il n’y a pas aussi que la Chine. Je suis donc pour la diversification de nos partenariats. Tous les pays peuvent être utiles pour notre développement.
- Si vous devriez opérer un choix entre la Chine et la France, par exemple, qui préféreriez-vous pour accompagner le développement de la Côte d’Ivoire, votre pays ?
Nous sommes le continent le plus en retard de la planète, pourquoi devrions-nous faire un choix quand les autres ont de l’avance sur nous et plus d’expertise que nous ? La Côte d’Ivoire pour son avenir ne devrait pas avoir qu’un seul partenaire mais plusieurs et choisir ceux avec qui elle gagne le plus selon le secteur d’activité qu’elle veut développer.
- Pratiquez-vous assez le mandarin pour engager une causerie dans cette langue?
Cela fait déjà 2 ans et demi que je travaille avec des Chinois et je m’en sors. En tous cas, si j’étais en Chine, je n’aurais pas besoin d’autre langue que le chinois pour y vivre. Juste pour vous dire que, certes, je ne maîtrise pas assez la langue, mais j’arrive à me faire comprendre et comprendre un natif sur certains sujets.
- Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans cette langue?
J’ai reçu l’enseignement sur la culture chinoise et sur quelques habitudes et il faut dire qu’elles sont beaucoup similaires à nos habitudes coutumières. Ce que je peux retenir des Chinois, c’est qu’ils sont restés eux-mêmes, fiers et patriotiques.
- Avez-vous des conseils à donner à la jeunesse en termes de formation et de développement?
Quand une opportunité s’offre à vous, il faut la saisir et si elle ne s’offre pas à vous, il faut la créer. Et la chose la plus importante pour un homme, c’est son développement personnel intellectuel ou moral. Les études, après le collège ou l’université, ne s’arrêtent pas. Il faut inlassablement se mettre à jour, avoir de nouvelles compétences. Apprendre une langue en plus de notre formation universitaire ou notre métier, nous donne un plus qui nous différencie des autres. Aujourd’hui, les deux langues les plus parlées au monde, c’est l’anglais et le chinois, j’exhorte les jeunes à se lancer. Et c’est maintenant.
Ousmane MODIBO