‘@Informateur.info- La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a rendu, mercredi, un arrêt demandant à la Côte d’Ivoire de surseoir au mandat d’arrêt émis par la justice ivoirienne contre Guillaume Soro ainsi que la mise en liberté provisoire de ses proches en détention préventive depuis décembre 2019. El Hadj Traoré Mamadou, Conseiller de l’ancien président de l’Assemblée nationale estime, dans cet entretien que c’est une victoire pour son mentor et exhorte le président Alassane Ouattara à faire droit à la requête de la juridiction africaine.
Informateur.info- La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a, dans son arrêt du mercredi 22 avril, demandé à l’Etat ivoirien de suspendre le mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 ainsi que la mise en liberté provisoire de ses proches dont des députés détenus depuis décembre 2019. Quelques commentaires faites-vous d’une telle décision judiciaire? Peut-on parler d’une victoire de Guillaume Soro sur Alassane Ouattara?
Traoré Mamadou: La décision de la Cour africaine des droits de l’homme est pour moi une victoire éclatante de GPS (Générations et Peuples Solidaires), de Guillaume Soro sur le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) et son Président. Cette décision de la Cour met à nu les faiblesses et les failles du système judiciaire ivoirien. Elle montre à quel point les droits de l’homme ne sont pas respectés en Côte d’Ivoire comme l’a d’ailleurs dénoncé Amnesty International.
Cette décision n’est-elle pas un autre camouflet pour le régime d’Abidjan dans sa guéguerre contre M. Soro après le refus d’Interpol d’exécuter le mandat d’arrêt en question délivré depuis décembre 2019?
Bien évidemment cette décision de la Cour est un cinglant camouflet du régime Ouattara. Elle montre en outre la force de frappe de Guillaume Soro. Car à lui seul, il a réussi à mobiliser Interpol, Amnesty International, La Lettre du Continent, Jeune Afrique, France 24 , RFI et de nombreux journaux en ligne occidentaux contre le régime de Ouattara. Guillaume Soro a réussi à démontrer au monde entier que Ouattara n’est pas le démocrate qu’il prétend être. C’est une grande victoire de Guillaume Soro sur Ouattara.
Une opinion estime que le camp Soro ne doit pas crier victoire car selon elle, la Cour n’a pas demandé l’annulation du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. Qu’en pensez-vous?
Je voudrais rappeler que ce que les avocats de Guillaume Soro ont demandé à la Cour africaine des droits de l’homme, ce n’est pas l’annulation du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. C’est sa suspension, le temps que les problèmes de fond soient traités. Notre cri de victoire est dû à notre première victoire qui est la suspension du mandat d’arrêt. En Juin, je suis convaincu que nous fêterons la deuxième victoire de Guillaume Soro lorsque la Cour africaine des droits de l’homme, constatant la vacuité des accusations, annulera définitivement ce mandat. Qu’on nous permette de fêter notre première victoire. N’est-ce pas notre droit ?
Croyez-vous que la Côte d’Ivoire peut accéder à cette requête de la Cour quand on sait que des pays comme le Bénin et le Rwanda ont déjà déchiré des décisions de la CADHP?
Si Ouattara se dit démocrate, il n’a pas intérêt à refuser d’accéder à cette requête surtout qu’il y a peu, le porte-parole de son parti ( ndlr: le ministre Kobenan Adjoumani) a qualifié la Cour de juridiction crédible dont les décisions s’imposent à tous. S’il refuse d’appliquer l’arrêt de la Cour, il se mettra en difficulté vis-à-vis de la communauté internationale. Surtout que cette décision concerne la candidature de Guillaume Soro à l’élection présidentielle. Je rappelle que c’est à cause de l’exclusion de Ouattara à l’élection présidentielle que la Côte d’Ivoire a connu son premier coup d’Etat en décembre 1999 et sa première rébellion en septembre 2002. Je ne crois pas que la communauté internationale puisse cautionner un acte qui peut provoquer ces troubles précités.
Propos recueillis par courriel par
Geneviève MADINA