Président de la coordination des associations burkinabè en Côte d’Ivoire (CABCI), Ouibga a bien voulu se prêter à nos questions. Entretien.
– «Le nouveau code électoral burkinabé est salutaire»
Informateur.info : Il y a de cela un peu plus de trois mois que naissait la coordination des associations burkinabè en Côte d’Ivoire (CABCI) pouvez-vous nous rappeler les objectifs poursuivis par cette coordination ?
Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour l’opportunité que vous nous offrez afin de nous exprimer. Aussi je tiens à saluer et à exprimer ma gratitude à l’ensemble des membres de la coordination pour leur dévouement pour le bien-être de la communauté. La coordination des associations burkinabè de Côte d’Ivoire s’est fixée pour objectif de travailler à réunir l’ensemble des associations Burkinabè de Côte d’Ivoire dans le but de mettre un terme à l’émiettement de la communauté tant décrié. Aussi, elle œuvrera à redynamiser la communauté afin qu’elle occupe une place importante dans le développement du Burkina Faso.
Informateur.info : Trois mois après, quel bilan à mi-parcours faites-vous par rapport à vos activités ?
Depuis la création de la structure, nous travaillons à l’unification des associations Burkinabè en Côte d’Ivoire, car c’est notre premier objectif. Pour cela, nous avons initié des rencontres avec les différentes associations d’Abidjan dans un premier temps, ensuite nous attaquerons l’intérieur du pays. Cela dans le but de mettre en place un cadre de concertation au niveau du monde associatif Burkinabè de Côte d’Ivoire avant d’évoluer vers l’union tant souhaité.
Informateur.info : La diaspora burkinabé en Côte d’Ivoire vit au rythme de l’actualité au Burkina Faso. Comment réagissez-vous au report du vote de la diaspora et à la modification du code électoral qui suscitent beaucoup de débat?
En ce qui concerne le report du vote de la diaspora, contrairement à ce qui se raconte, la coordination des associations burkinabè de Côte d’Ivoire, tient à la participation de la diaspora aux élections au Burkina Faso. Mais avant tout, nous devons savoir qu’il n’est pas question d’un droit de vote mais de l’application d’une loi. En effet, la loi n 019-2009 du 07 mai 2009, consacre le droit de vote à l’ensemble des burkinabè vivants hors du pays. Alors le problème est au niveau de la faisabilité. Il est à rappeler que pareille décision avait été prise en 2010 mais en son temps nul ne s’était opposé, nous faisons allusion à article 265 du code électoral. Pourquoi, aujourd’hui cela pose problème ? A ce que nous sachons, nous sommes aujourd’hui à 4 mois des élections, aucune liste électorale des burkinabè de l’extérieur n’est disponible. A l’heure actuelle, ni l’Etat burkinabè ni la CENI n’a aucune idée de la proportion des ressortissants à l’extérieur. A partir ce moment, la participation de ceux-ci aux élections à venir est impossible, au moins pour 2015. Pour que cela soit possible, il fallait entreprendre le recensement au moins 18 mois avant l’échéance électorale. Et dans le même temps, établir des titres d’identité fiable à partir desquels l’on pourrait constituer des listes électorales, établir des cartes d’électeurs. Ceci étant, nous devrons mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation et amener nos parents à comprendre ce qui se passe. Ne nous voilons pas la face, exiger aux autorités de la transition une participation de la diaspora aux élections à venir, c’est leur demander de bâcler le scrutin de sortie de crise, à moins que l’on n’ait pour ambition de saboter la mission de la transition.Quant au nouveau code électoral, le gouvernement s’est appuyé sur l’article 22 de la charte de démocratie et de bonne gouvernance de l’union Africaine pour l’adopter. Certes, certains y voient l’exclusion et des voix s’élèvent contre cette disposition de notre code électoral. Mais à quoi sert de ratifier des traités si nous ne pouvons conformer nos lois à ces traités. Je crois que ce code est salutaire dans la mesure où notre pays respecte ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale et devient alors un modèle de démocratie.
Informateur.info : D’aucuns y voient (dans ces décisions) des germes de l’effritement de la cohésion sociale au Burkina Faso. Jugez-vous ces craintes alarmistes ou réalistes ?
Il y a crise dans un pays, lorsque certains ressortissants du pays mettent en avance leurs intérêts personnels au détriment de la patrie. Mais si tout le monde met la patrie au premier plan rien n’arrivera. Alors pour nous ces craintes sont alarmistes. Que chacun laisse de coté ses ambitions pour l’instant afin d’aider le pays à revenir dans la légalité constitutionnelle par la suite ils pourront user des moyens légaux pour contester cette disposition.
Informateur.info : Il y a eu récemment l’exhumation des restes du président Thomas Sankara pour des besoins d’identification. Pensez-vous que cela était nécessaire et si le contexte lui-même est opportun ?
Dans le contexte de la transition, cela s’avère inopportun. Mais, si la famille demande à connaitre là où repose la dépouille de leur frère, fils, père et époux que pouvons nous faire. Autant, nous réclamons notre participation au vote, autant la famille a le droit de réclamer justice pour un des siens, c’est ainsi que nous voyons les choses, et c’est aussi ça la démocratie.
Informateur.info : Nous sommes à quelques 5 mois de la présidentielle au Burkina Faso, comment envisagez-vous le dénouement de cette transition où des bruits d’une prolongation fusent un peu partout ?
Comme nous l’avions signifié plus haut, si chacun met de coté ses intérêts et ambitions, rien ne peut empêcher une réussite totale de la transition et le Burkina Faso sera vu comme un exemple en matière de démocratie dans la sous-région et même sur le continent. Nous sommes, en revanche, contre une prolongation de la transition parce que nous ne voyons pas objectivement ce qui peut justifier cela.
Informateur.info : Revenons à la diaspora en Côte d’Ivoire, dans son fonctionnement même. On n’a d’un côté les vieux qui se regardent en chien de faïence et de l’autre des jeunes qui n’arrivent pas eux non plus à s’accorder sur l’essentiel. Comment la CABCI peut aider à la promotion de la cohésion ?
Nous l’avions déjà dit, nous avons entamé des échanges avec les différentes structures et lorsque nous aurons fini de faire le tour des associations de jeunesse et que le cadre de concertation sera effectif, nous pourrons tendre vers cette cohésion tant recherchée.
Informateur.info : Ces querelles fratricides ne favorisent pas une meilleure défense des intérêts de la communauté. L’exemple des déguerpis de Gobelet et des burkinabè qui sont jetés en prison arbitrairement ne retiennent finalement pas l’attention des leaders. Comment construire une communauté forte dans ces conditions ?
Vous nous amenez à parler une fois de plus du cadre de concertation qui nous tient tant à cœur, si nous arrivions à le créer, vous verrez que les problèmes tels que ceux que vous venez de citer seront déposés sur la table par une des associations et deviendra dès lors le problème de toute la communauté.
Informateur.info : Quelles sont les perspectives de la CABCI ?
La coordination des associations burkinabè de Côte d’Ivoire a des projets pour le bien-être de la communauté, nous n’allons pas nous soumettre au jeu d’énumération mais à l’heure du bilan vous serez des témoins privilégiés.
Propos recueillis par Jean François Fall