Il y’a 16 ans, le village de Gouessosso était le point de convergence de nombreuses personnalités politiques, administratives et diplomatiques. La localité a vu défiler sur son sol des ambassadeurs, des hauts cadres de l’administration, des hommes politiques. Qui pour prendre conseil. Qui pour demander un soutien. Qui pour rendre une visite de courtoisie au Général Guéi Robert, ex-chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, tué en septembre 2002 pendant le coup d’Etat militaire qui s’est mué en une rébellion armée. 14 ans après, que reste- t- il donc du souvenir de Guéi Robert et de sa résidence à Gouessesso ? Voyage au cœur de ce qui était présenté par certains comme le «Guéiland».
Nous sommes vendredi 18 novembre. Il est 15h37, lorsque nous arrivons au domicile de notre guide à Biankouma. Après les civilités, nous prenons la route, de Gouessesso, situé à environ 3 km. En moins de 5 minutes, nous voici au corridor nord de la ville où nous devons quitter la voie bitumée pour emprunter une route non asphaltée. Le trajet comporte de nombreuses côtes. Il faut monter et descendre. Notre moto est mise à rude épreuve par moments. Notre guide, assis solidement derrière, est obligé parfois de s’agripper à notre chemise. Après 20 minutes de route, nous arrivons à Gouessesso, village mythique. Le mot n’est pas fort. Du vivant du général Guéi Robert, beaucoup de choses ont été dites sur ce village et sa résidence. D’aucuns disaient que « Gouessesso serait une république dans la république ». Aussi les récits les plus rocambolesques circulèrent-ils, dans un halo de mystification. On alla jusqu’à dire que sa résidence renfermerait un tunnel souterrain qui déboucherait en Guinée voisine. En tout cas, Guessesso et la résidence de Guéi furent an centre de tous les fantasmes. Sur le site, plusieurs pistes conduisent à la résidence de Guéi. Nous empruntons l’une d’entre elles pour y accéder. Le domaine jouxte un hôtel en ruines. Il s’agit de l’hôtel les Lianes de Gouessesso. Dans la cour de la résidence, la brousse a repris ses droits. Le lieu est envahi par de hautes herbes. Mais cela n’empêche pas de voir la beauté du site. De nombreux arbres bordent l’enceinte. Une vieille antenne parabolique traîne dans un coin de la cour. Dans le dos de la résidence, git une forêt luxuriante de laquelle partent des chants d’oiseaux. Depuis cette forêt, on entend les clapotis d’un cours d’eau. Nous sommes étreints par une vague sensation, difficile à décrire. Les images successives du règne et de la fin tragique de Guéi défilent dans notre tête. Notre regard se perd un moment dans les feuillages. Mais nous sommes très vite tirés de notre rêverie par la voix de notre guide. Presqu’en sursaut. «C’est ici que le général recevait ses invités », nous explique notre guide qui nous montre un grand préau. Depuis l’extérieur, nous contemplons les lieux. A l’intérieur, on peut voir un mini bar. Nous sommes surtout émerveillés par les pylônes qui soutiennent le préau. Chaque pylône porte un dessin d’art. «Guéi était un artiste. Tout ce qu’il y’a ici comme décoration, c’est lui qui l’a faite de ses mains», révèle notre guide qui a dû se rendre compte de notre émerveillement. Et celui-ci de poursuivre : «C’est sous cet appatam que l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire) est née. C’est ici que se sont tenues toutes les réunions importantes qui ont abouti à sa création», ajoute-t-il, avant de nous inviter à nous diriger vers la maison. Nous sommes traversés par des frissons à l’idée de pénétrer dans l’intimité du défunt général. Nous nous laissons aller à penser que « les morts ne sont pas morts» et que l’esprit de « l’architecte » de ces lieux nous accompagne dans cette visite. Nous avançons vers une grande case ronde à étage construite en géo béton comme tous les autres compartiments qui composent la résidence. Sur la véranda de la maison, une chaise. «C’est la chaise sur laquelle s’asseyait Guéi Robert », nous informe notre guide qui affirme avoir été un habitué de ces lieux du vivant du «général». C’est ainsi que les populations de la région appelaient Guéi Robert. Nous faisons un tour de la maison dont portes et fenêtres sont tenues hermétiquement fermées. Outre la maison, on trouve une écurie, un garage pouvant contenir une dizaine de voitures, et un atelier. Lire la suite sur lageneraledepresse.net