‘@informateur- Une semaine après le coup d’Etat du général Abdoulaye Tchiani qui a renversé le président Mohamed Bazoum, démocratiquement élu en février 2021, le mobile du putsch ne semble pas convaincre l’opinion publique ; encore moins la Cedeao, l’Union Africaine et les partenaires stratégiques du Niger. De fait, la rhétorique de la situation sécuritaire avancée par les nouvelles autorités militaires a dû mal à passer, d’autant plus que contrairement au Mali, au Burkina Faso et à la Guinée où les militaires sont arrivés au pouvoir par effraction, le contexte socio-politique au Niger ne prêtait pas aux bruits de bottes.
En évoquant la situation sécuritaire pour justifier le coup de force, les militaires ont donné dans le mensonge parce que la vraie raison de leur acte est ailleurs. En effet, le général Tchiani et ses hommes qui se sont autoproclamés ne servent pas les intérêts du pays mais les leurs. La preuve est que non seulement la situation sécuritaire au Niger est en nette amélioration mais il ressort des confidences du palais présidentiel que le putschiste en chef (Tchiani), précédemment chef de la garde républicaine était en instance d’être remplacé par le président Bazoum.
Comprenant que les carottes étaient cuites pour lui, ce dernier a tenté de négocier une prime de départ conséquente. Un chantage auquel le président Bazoum a refusé de donner suite. Sachant son sort scellé, le général rallie des militaires frustrés dans leur avancement professionnel à sa cause et orchestre le coup d’Etat le 26 juillet. On peut donc affirmer sans se tromper que c’est la crainte de perdre les avantages liés à ses fonctions qui a motivé le général Tchiani a déposé le président Bazoum.
Pris au dépourvu par cette traitrise interne, le Chef d’État-major, le général Abdou Sidikou Issa se voit ainsi contraint de rallier afin d’éviter un bain de sang entre nigériens. S’ensuivent alors des discussions qui permettent au général Tchiani de garder le pouvoir et de réécrire une histoire liée aux intérêts de la nation pour légitimer son coup d’Etat.
A(re)lire Survie de Wagner après sa rébellion: Piller désormais à ciel ouvert l’Afrique ou l’abandonner?
En vérité, le coup d’Etat du général Tchiani est un mauvais signal qui questionne le caractère républicain de l’armée vis-à-vis des institutions de l’Etat. Donner un blanc-seing à ce coup de force revient à encourager la prise du pouvoir dans la sous-région par des militaires pour des vétilles. Ce qui serait une réelle menace pour la démocratie. Le danger dans le coup de force au Niger réside dans le fait que ce sont des aventureux qui ont pris le pouvoir dans un Etat pivot dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Il faut donc s’attendre à des conséquences sécuritaires et économiques désastreuses pour la sous-région.
L’effondrement sécuritaire du Niger du même niveau que le Mali qui a perdu les ¾ de son territoire ou du Burkina Faso qui ne contrôle que 60% de son territoire assurerait un élargissement des zones d’insécurité aux frontières de la Mauritanie, de l’Algérie jusqu’aux zones de prédilection de Boko Harem. Au-delà du populisme, et du vacarme des émeutiers manipulés qui jouent sur le sentiment anti-français, la vérité est que c’est le peuple nigérien qui pâtira de l’isolement et de l’effondrement sécuritaire du pays.
C’est pour cette raison qu’une intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est nécessaire pour éviter que l’Afrique de l’Ouest ne soit davantage déstabilisée par la faute des aventuriers. A ce propos, il faut rappeler que les chefs d’état-major des armées de la Cedeao se réunissent, ce mercredi au Nigéria et ce jusqu’au vendredi 4 août, afin de réfléchir sur l’opérationnalisation de l’intervention militaire au Niger.
Selon des informations que détiendrait la Cedeao, une partie de l’armée nigérienne serait favorable au rétablissement du président Mohamed Bazoum. Ce qui joue en faveur de l’intervention militaire.
Alfred SIRIMA