@Informateur- Dans un récent rapport publié par Initiative pour le Développement communautaire et la conservation de la forêt (IDF), l’ONG révèle que du cacao illégal émanant du parc du Mont Péko est encore vendu sur le marché et pourrait même se retrouver dans le circuit d’approvisionnement de Cargill. Nous avons interrogé Moussa Sawadogo, président de l’association des présidents de conseils d’administration des coopératives de Café-cacao sur le sujet. Entretien.
Une ONG, en l’occurrence, Initiative pour le Développement communautaire et la conservation de la forêt (IDF), révèle dans un rapport d’une mission d’observation dans le Guemon que du cacao illégal provenant du Mont Péko, pourrait se retrouver dans le circuit d’achat de Cargill. Avez-vous lu ce rapport et qu’en pensez-vous?
Effectivement qu’en tant qu’acteur de la filière du Café-cacao toute l’actualité sur la filière nous concerne et nous interpelle. J’ai vu effectivement le rapport d’observation de cette ONG dont vous parler mais cela reste juste une observation et non une enquête pour moi. Parce que si c’était une vraie enquête le rapport n’allait pas se contenter de témoignages pour affirmer qu’il y a un risque d’approvisionnement ; il aurait apporté une preuve concrète. Ce n’est pas parce que des coopératives sont basées à côté du parc qu’il achète forcement du cacao illégal sachant bien qu’il y a une traçabilité. Pour qui connait comment les coopératives fonctionnent cela ne peut pas être soutenir.
Mais le rapport dit s’appuyer sur des témoignages de 3 coopératives qui fournissent Cargill du cacao. Vous mettez en doute ces témoignages?
Qu’ils nous disent de quelles coopératives il s’agit. Une coopérative affiliée à Cargill ne peut pas dire ces choses parce que c’est l’exportateur qui ne lésine pas sur les moyens en ce qui concerne la traçabilité. Ces dernières années cette compagnie n’a cessé de renforcer la transparence de sa chaîne d’approvisionnement. Elle fait beaucoup d’efforts dans la formation des producteurs aux techniques agricoles, le renforcement de leurs capacités et la protection de l’environnement. Ma coopérative est bénéficiaire au même titre que beaucoup d’autres coopératives de ces formations qui garantissent une bonne traçabilité. C’est pourquoi je dis et toutes les coopératives qui travaillent avec Cargill peuvent vous le confirmerez, cet exportateur grâce à qui d’ailleurs la Côte d’Ivoire vend de gros volume de cacao n’a pas attendu la directive de l’Union Européenne sur le Cacao pour faire de la transparence son cheval de bataille. La Côte d’Ivoire a trop souffert des accusations fantaisistes autour de son cacao. Hier c’était le travail des enfants, maintenant que grâce aux actions de la Premier Dame, Mme Dominique Ouattara, on parle de moins en moins de ce sujet, on parle aujourd’hui de cacao illégal. La Côte d’Ivoire est dans une dynamique et le Conseil du Café-cacao est vraiment au travail. Nous n’allons plus accepter que des gens travaillent à nuire à l’image de ce qui constitue notre pain quotidien sur la base de simples suppositions.
A propos de la directive de l’Union Européenne sur le Cacao ivoirien de quoi s’agit-il exactement?
Il faut préciser que la directive de l’Union Européenne ne concerne pas que le Café-cacao même si c’est le volume le plus important. Cette directive concerne également le Soja et bien d’autres cultures. Mais ce qu’il faut comprendre c’est que cette directive interdit depuis son entrée en vigueur l’importation des produits vers les pays de l’Union quand ils proviennent de la déforestation. Vous voyez bien la coïncidence du rapport de l’ONG qui veut faire croire à l’achat de cacao illégal au moment où justement le pays est engagé dans la traçabilité. Au-delà de Cargill qui a été visé par ce rapport, tous les exportateurs sont conscients des enjeux de la durabilité. Et tout cela est piloté par le Conseil du Café-cacao qui a initié depuis 2019 le recensement des producteurs afin que chacun dispose d’une carte de producteur. Cette opération qui a permis de recenser près d’un million de producteurs aujourd’hui consolide la traçabilité. Quand on ne peut pas saluer et reconnaitre les mécanismes et dispositions mis en œuvre en vue de garantir la transparence, ce n’est pas la peine.
Selon vous la Côte d’Ivoire n’est plus dans une zone rouge?
Non. Il y a longtemps que le pays n’est plus dans une zone rouge. Le Comité National de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfant (CNS), que préside Mme Dominique Ouattara a redoré le blason de la Côte d’Ivoire en ce qui concernait les accusations de travail des enfants dans les champs. Le gouvernement a fait beaucoup d’efforts et beaucoup de choses ont changé dans la chaine de production du café-cacao au point où on est l’ère de la traçabilité et de la durabilité. Aujourd’hui on est également en phase de bancarisation. Vous imaginez quand on fait une mauvaise publicité sur le cacao ivoirien, ce sont des millions de producteurs qui en pâtissent Il faut que les journalistes fassent de bons reportages et de bonnes enquêtes pour mettre en lumière le travail colossal qui est fait. Tant que cela n’est pas fait, les accusations fantaisistes continueront avec l’intention inavouée de nous nuire.
Source le Patriote (N°6970 du 30 mars 2023)