@Informateur.info- Benjamin Francklin Kouamé N’Dri, président du Conseil d’administration des coopératives certifiées Fairtrade Afrique a été désigné par les producteurs agricoles pour faire entendre leur voix à la conférence de Glasgow (En Ecosse) sur les changements climatiques qui s’ouvre ce dimanche. Avant son départ, ce samedi 30 octobre, Informateur.info l’a rencontré. Entretien.
- Vous êtes le Président du Conseil d’Administration des coopératives certifiées Fairtrade Afrique. C’est quoi la certification Fairtrade pour ceux qui n’appartiennent pas au monde agricole?
C’est un terme anglo-saxon qui signifie le commerce équitable dans le domaine spécifique qu’est l’agriculture. Fairtraide accompagne les producteurs agricoles dans le cadre de leurs activités pour leur permettre d’exprimer tout leur potentiel afin de bénéficier davantage de moyens pour développer et améliorer leurs moyens de subsistance. Quand je parle de commerce équitable cela sous-entend le producteur et l’acheteur. La production obéit à des règles qui respectent l’environnement, et les droits de l’homme. Quand cela est respecté on aboutit à un produit qui répond à des normes standards du marché. Quand le produit arrive sur le marché et le consommateur est convaincu de sa qualité, alors cela à un prix. Ce prix doit permettre au producteur de gagner de l’argent pour continuer ses activités, faire la promotion sociale et s’épanouir. C’est cela la démarche de Fairtraide.
- Combien de coopératives agricoles sont-elles certifiées Fairtraide à ce jour?
Les statistiques existent. On ne devient pas coopérative Fairtrade aussi facilement. Il y a un organisme de certification qui suit les coopératives qui en font la demande. Au niveau de l’Afrique de l’ouest, il y a environ 205 coopératives certifiées Fairtrade et une trentaine en cours de certification. Derrière ces coopératives, si on prenait une moyenne de 1000 producteurs au bas mot, on a 205.000 producteurs. Mais la réalité est bien plus, autour certainement de 300.000 producteurs.
- Ces producteurs certifiés jouissent-ils réellement des avantages du commerce équitable?
Absolument. Le commerce équitable a ses règles. Dès lors que le produit obéît aux règles du marché, il est vendu à un prix connu mais la vente confère en plus une prime. Cette prime est définie selon des études qui tiennent compte du niveau de vie. Ces primes servent également à développer des programmes communautaires et des activités des coopératives, notamment la durabilité. Tout cela fait partie des standards de Fairtrade qui définissent la répartition. Les producteurs gagnent avec la certification et les agents Fairtrade sur le terrain veille à la bonne application des règles édictées et font des rapports. Je vous exhorte à visiter des coopératives certifiées Fairtrade et les autres, vous verrez la différence.
- Il est de plus en plus question de durabilité et de commerce équitable dans le monde agricole. Ces notions voire objectifs ne se heurtent-ils pas au changement climatique?
La menace est réelle, l’enjeu de taille et il y a urgence. Voici une partie de la population qui a choisi le métier qui consiste à nourrir le monde. Nous avons une agriculture qui est fluviale et qui dépend de la pluie. Une agriculture qui dépend de l’écosystème donc de la nature. Quel est le constat aujourd’hui, l’équilibre de l’écosystème a pris un coup. On ne sait plus à quel moment il va pleuvoir ni à quel moment il va faire chaud. L’eau c’est pourtant 70% de l’agriculture. Avec l’utilisation abusive d’un certain nombre de choses et le changement climatique, le sol devient pauvre. Les arbres ont disparu. Or c’est tous ces éléments qui favorisent les pluies et l’équilibre environnemental. Le constat est clair la pollution a déséquilibré le climat et constitue une grande menace. Faut-il se résigner ? Non ! A Fairtrade nous avons décidé de porter la voix des producteurs.
- La Cop26 qui s’ouvre ce dimanche 31 octobre en Ecosse au Royaume Uni apparait comme la meilleure tribune de discussions. Vous y allez justement pour porter la voix des producteurs quelle sera votre plaidoirie?
Nous allons plaider pour un équilibre climatique, une justice climatique. Nous allons plaider pour une saine et juste répartition des ressources. Des promesses ont été faites en faveur des actions qui réduisent les effets du changement climatiques. Il est temps que ces promesses soient tenues. Nous allons dire aux pollueurs que les producteurs sont la solution parce que leurs activités c’est l’agroforesterie. Notre activité c’est l’enrichissement des sols à travers des variétés de plantes qui servent d’azote. Dieu a donné à l’homme la mission de protéger la terre cela s’illustre bien par le jardin d’Eden. Nous voulons rappeler au monde de revenir à la mission divine que Dieu a confiée aux hommes. Nous allons à Glasgow pour dire à l’ensemble des acteurs que chacun tienne ses responsabilités.
- Avez-vous espoir que les lignes bougent à cette 26é Conférence sur le climat?
Bien sûr que nous avons un grand espoir. Figurez-vous, il y a quelques années encore on ne parlait pas des producteurs à cette conférence. C’était les sommités qui se réunissaient. Grâce à Fairtrade aujourd’hui nous y allons pour animer un panel prévu le 02 novembre afin de donner le point de vue des producteurs. C’est une avancée dans le combat que nous menons. Nous y allons et nous croyons que toutes les parties prenantes seront au rendez-vous pour écouter les producteurs. Il y a déjà des oreilles attentives puisqu’il existe déjà des programmes qui s’inscrivent dans l’agroforesterie à travers des appuis à la diversification. Si nous avons agi pour déséquilibrer la nature, c’est qu’on peut agir pour la rééquilibrer.
Propos recueillis par Alfred SIRIMA