‘@informateur- L’irruption injustifiée des militaires au Niger suite au coup de force qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 27 juillet dernier s’apparente, avec du recul, à une volonté insoupçonnée du nouvel homme fort de Niamey de restaurer et raviver le système de captation des ressources du pays au profit des cadres de la junte. De fait, il est de notoriété que sous l’ex-président Mahamadou Issoufou, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) sous la bannière de laquelle il a été élu et a dirigé le pays de 2011 à 2021, était un parti-Etat. Un peu comme le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) en Côte d’Ivoire.
Durant donc la décennie dernière le pouvoir nigérien incarné par le PNDS a été caractérisé par le clientélisme, la prévarication, la gabegie et des détournements de deniers publics. Un système qui a longtemps impacté les logiques politiques et électorales. Dès son accession au pouvoir d’Etat, le président Bazoum a entrepris de nombreuses reformes au niveau de la gouvernance d’Etat mais aussi du PNDS sans rompre de manière abrupte l’équilibre interne des forces. Si ces réformes ont été conduites dans l’intérêt du peuple nigérien, force est de reconnaître qu’elles constituent une menace pour certains dignitaires qui ont longtemps profité de l’ancien système.
L’incendie du siège du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme le 27 juillet dernier était une manifestation spontanée de la frustration et l’expression du rejet du peuple nigérien de l’accaparement des richesses par les élites du pays. L’attaque du PNDS se présente donc comme une revanche sociale des manifestants issus des couches sociales populaires.
Malheureusement, ce que les manifestants ignorent, c’est que le nouvel homme de Niamey, le général Abderrahmane Tchiani n’est ni plus ni moins le nouveau garant du système Mahamadou Issoufou. C’est la marionnette officieuse du système qu’incarnait l’ex-président nigérien.
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De fait, le général Tchiani, ex-chef de la garde républicaine qui n’est pas exempt des détournements de deniers publics doit tout à Mahamadou Issoufou qui l’a nommé en avril 2011. De nombreux biens immobiliers, notamment des villas et des hôtels de luxe lui sont attribués. Comme nous l’avions déjà indiqué dans nos précédentes publications, son coup d’Etat a plus été motivé par le fait qu’il était sur le point d’être relevé de ses fonctions. Ce qui aurait représenté une perte énormes des avantages dont il a joui durant une décennie.
Ce qui laisse penser également que l’ex-président Issoufou a quelque chose à voir avec ce coup de force c’est le fait qu’il s’était permis d’intervenir auprès de son successeur Bazoum pour le maintien de Tchiani à son poste quand le sujet avait été évoqué. Quand après une telle intervention, un coup d’Etat survient, comment ne pas soupçonné une collusion entre l’ex-président et son ancien bras droit? Mieux, comment ne pas craindre que les vieilles pratiques qui ont plombé le progrès du pays ne soient restaurées par ceux à qui cette situation a longtemps profité et qui détiennent de nouveau aujourd’hui le pouvoir?
Mais il n’y a pas que le général Tchiani, puisqu’il s’est entouré d’autres fossoyeurs de l’économie nigérienne comme le général de brigade, Mohamed Toumba, détourneur invétéré des primes des soldats en mission, du nouveau ministre du pétrole et des mines, Mahaman Moustapha Barké, ancien DG de la SOPAMIN (Société du Patrimoine des Mines du Niger), sur qui pèse des accusations de malversations et de détournements de fonds et le colonel Maizama Abdoulaye, ministre de l’hydraulique, de l’assainissement et de l’environnement qui était avant le coup d’État, secrétaire général au Haut-commissariat de l’Initiative «3N». Ce dernier fait partie de ceux qui ont détourné l’argent devant servir à la lutte contre la famine ; c’est-à-dire ceux qui volent la nourriture du peuple.
Une chose est certaine, la frange de nigériens qui adule la junte aujourd’hui se rendra bien vite compte que ce régime militaire n’est que factice, qu’elle s’est méprise sur l’intégrité et le patriotisme de ces acteurs qui sont en vérité des imposteurs.
Alfred SIRIMA