‘@informateur- Les clameurs se font moins entendre ces derniers jours sur ce qu’on peut convenir d’appeler l’affaire «Soro met fin à son exil». Jamais une déclaration de l’ancien Premier ministre et ex-président du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, n’a fait couler autant d’encre et de salive. Mais qu’avaient ceux qu’on a sentis tant agités à craindre ce qui aurait dû être une bonne nouvelle pour la réconciliation nationale et la paix en Côte d’Ivoire? Pourquoi semble-t-il que l’on se soit tant fait peur inutilement pour faire peur aux autres en fin de compte? N’est-il pas bon qu’un fils du pays retrouve les siens après un exil contre son gré à l’extérieur?
Pour l’apaisement du climat politique, le fils Guillaume Kigbafory Soro n’a-t-il pas le droit de retrouver le père, le président Alassane Ouattara pour lui donner l’accolade et échanger avec lui une chaleureuse poignée de main qui scellerait les retrouvailles? Comme sur le parvis du Palais présidentiel au Plateau, lors de la rencontre que le président Ouattara et le président Laurent Gbagbo ont eue après le retour de l’illustre ex-détenu de la Cour pénale internationale (Cpi) qui a passé dix (10) années d’exil loin de son pays mais a été acquitté, avec son ministre Charles Blé Goudé, des charges de crimes contre l’humanité qui pensaient sur lui, faute de preuves.
Certes Soro n’a pas manqué de faire remarquer au régime en place que «Ouattara se comporte aujourd’hui comme si hier n’avait pas existé», rappelant à tous que sans lui Ouattara n’aurait sans doute jamais eu le privilège d’accéder au pouvoir. Il ne s’agit pas de refaire l’histoire. On la connait. Mais l’ex-président de l’Assemblée nationale (PAN) vient, et il l’a dit, avec des rameaux et non le glaive, avec un projet de paix, pour reprendre sa place dans la vie politique, afin de contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. Tel est son vœu.
Hélas, certains, peut-être trop fébriles, ou mus par des sentiments et des raisons inconnus, ont crié au loup, comme tremblant de peur. Attribuant sous le coup de l’émotion l’on ne sait quelle intention de «déstabilisation» au «fils prodige» qui ne demande qu’à revenir à la maison, ils ont annoncé l’apocalypse. Les uns ont cru voir une menace pour le régime en place. Les autres ont assimilé, l’on ne sait pourquoi, l’annonce de Guillaume Soro à une «défiance» ou une provocation à l’égard du président Alassane Ouattara. Tandis que certains, donnant l’alerte, on vaguement entrevu un grand danger sur la CAN 2023 à laquelle «le président Ouattara tient tant» !
Le simple retour d’un leader politique dans son pays a-t-il jamais compromis une Coupe d’Afrique des nations sur le continent? Guillaume Soro ne pourrait-il pas prendre place aux côtés du président Alassane Ouattara dans les tribunes pour pousser, ensemble, les Eléphants à la victoire et célébrer leur succès avec lui? L’on a entendu beaucoup de partisans du pouvoir mettre au défi Guillaume Soro de rentrer en Côte d’Ivoire s’il y tient. Mais, aux yeux des observateurs de la scène politique ivoirienne, le ton qu’ils ont employé n’était nullement propice à un retour du président de Génération peuples solidaires (GPS) dans les conditions idoines de sécurité. Ce n’était pas le ton de la réconciliation. La preuve, pendant qu’ils invitaient ainsi l’ex-PAN à rentrer, ils brandissaient avec férocité la peine de prison à perpétuité qui a été prononcée par la justice ivoirienne à l’encontre de celui-ci, dans les affaires dont il a été accusé. Ils ne promettaient rien d’autres que la chicotte du régime à Guillaume Soro.
Est-ce ainsi qu’on accueille un frère, un fils, à son retour sur sa terre natale? Pour l’heure, les clameurs se sont estompées. Mais Soro ne peut que revenir en Côte d’Ivoire, simplement parce qu’il ne restera pas indéfiniment hors de son pays. C’est un leader politique et on peut poser les questions qui le concernent. Mais faut-il se faire peur pour faire peur aux autres de la sorte ?
Daouda LY