@informateur.- Dans une déclaration dont informateur.ci a reçu copie, ce lundi 26 août 2024, le Collectif Collectif Justice pour Barsalgho (CJB) mette l’Etat burkinabè devant ses responsabilités et exige au-delà de la justice que les morts soient élevés au statut de Martyrs. Ci-dessous l’intégralité de la déclaration.
C’est avec la plus grande consternation que nous nous exprimons au lendemain de l’horrible attaque terroriste barbare dirigée contre la vaillante population de la commune de Barsalogho le samedi 24 août 2024. Les mots ne suffisent pas pour décrire la tragédie et l’émotion est indescriptible. Car ce fut un carnage dont le lourd bilan n’a pas d’égal depuis ces neuf années que le terrorisme s’est emparé du Burkina Faso.
En attendant le comptage exhaustif des pertes en vies humaines, les témoignages des familles et des sources crédibles de la localité 48h heures après le drame font état d’au moins 400 morts dont des personnes tuées au lieu des travaux et plusieurs autres mortes parmi les centaines de blessés admis en soins à l’hôpital de Kaya et à Ouagadougou.
Nous présentons nos sincères condoléances aux différentes familles ayant perdu des membres et souhaitons prompt rétablissement aux blessés.
1- Des faits :
Si l’attaque a pu avoir lieu c’est parce que les populations de Barsalogho sont sorties massivement pour creuser un fossé autour de la commune afin de servir de tranchée de combats contre les terroristes, comme l’avait recommandé le président Ibrahim Traoré. Cependant, les chefs du détachement sur place ont obligé, à travers des menaces, les populations à participer aux travaux, contre leur gré. Depuis le début des travaux, les populations étaient victimes de réprimandes et de bastonnades de la part des éléments FDS pour les contraindre à venir prendre part aux travaux.
Quant aux circonstances qui entourent cette tragédie, celles-ci restent 48 heures après, toujours floues. Mais, tout indique que l’opération organisée par l’armée a été un cuisant échec. Elle n’a pas été préparée avec minutie et tout le sérieux qu’elle exigeait surtout dans cette zone rouge.
En effet, la commune est quasiment sous blocus terroriste depuis deux ans.
L’axe Barsalogho-Kaya n’est plus praticable par les usagers. Seuls des convois organisés périodiquement sur l’axe permettent aux populations de rallier les deux villes. Il faudrait aujourd’hui au minimum un mois pour faire un aller-retour sur seulement 40 km de distance. Par ailleurs, il n’est plus possible d’aller dans aucune des directions de Barsalogho à plus de 3 km sans se faire tuer. Or dans le cas présent, la population a été forcée à sortir à 3 km hors de la ville pour creuser le fossé.
En tant que fils de Barsalogho, nous sommes révoltés par la négligence qui a occasionné la tuerie en masse de nos parents. Nous posons donc ces questions toutes aussi légitimes :
Pourquoi l’armée a-t-elle pu mobiliser un si grand nombre de population hors de sa zone de sécurité sans garantir leur protection en mettant en place un dispositif sécuritaire conséquent ?
Où sont passés les drones et les hélicoptères dont le pays s’est doté ?
Pourquoi Barsalogho qui est à seulement 40 km de Kaya, première région militaire, et à 140 km de Ouagadougou, n’a pas pu bénéficier d’une intervention terrestre et/ou aérienne de 09h jusqu’à 16h pendant que le massacre se déroulait et que les blessés se vidaient de leur sang ?
Nous avons été également sidérés par l’attitude du gouvernement qui non content de faire son cinéma sans manifester en vérité une réelle compassion et un soutien moral à la hauteur du choc ressentie par les familles martyrisées de Barsalogho, s’est permis de vouloir falsifier les faits en professant des contre-vérités. Aidé dans cette entreprise de communication et de propagande fâcheuse par leurs blouses blanches.
Il n’y a jamais eu de ratissage après l’attaque. Nous sommes formels. Les renforts sont partis de Kaya le dimanche à 10h et sont arrivés autour de 14h à Barsalogho. A quel moment a eu lieu la riposte et la neutralisation des terroristes dont parlaient certains déjà dans la matinée du dimanche ?
De plus, en lieu et place d’une présence physique des ministres sur les lieux qui aurait été plus significative là où a eu lieu le drame qu’ailleurs, la délégation gouvernementale partie de Ouagadougou s’est limitée à Kaya pour dit-elle être venue au chevet des blessés. Malgré la possibilité qu’avaient ces ministres de se rendre par hélicoptère à Barsalogho constater la réalité. Ils ont donc préféré rester dans le confort de la capitale régionale pour juste marquer un coup médiatique en exploitant la douleur de la population du Sanmatenga.
Visiblement, nos autorités font montre d’un mépris pour la mémoire des disparus et d’un manque d’empathie vis-à-vis des centaines de morts sur le champ d’honneur en mission de service public ainsi que leurs familles dont ces nombreux veuves et orphelins.
La thèse des complicités brandies ne saurait servir comme cache-sexe ni pour expliquer l’hécatombe ni détourner notre attention sur la responsabilité des uns et des autres, avant, pendant et après. Car, il appartient aux gouvernants d’être capables face à l’hostilité de prendre les meilleures décisions, d’apporter la réponse qui sied afin de pouvoir veiller et assurer la quiétude des populations. Nous disons responsabilité avant complicité.
2- Conclusion :
Nous annonçons la naissance de ce Collectif des fils et filles de Barsalogho et du Centre-Nord ouvert à tous les Burkinabè sincères, épris de justice et de paix. Notre objectif premier est de réclamer que justice soit rendue à Barsalogho.
En vertus de la LOI N°003-2022/ALT portant statut de pupille de la nation et des articles ci-après :
- Article 6 : « Peuvent également prétendre à la qualité de pupille de la Nation : les enfants mineurs de personnes tuées, décédées de suite de blessures, disparues ou se trouvant dans une incapacité de travail, dûment constatée par les services compétents, de nature à les empêcher de pourvoir à leurs obligations et charges de famille pendant l’accomplissement ou non d’une mission de service public du fait des actes terroristes »
ET Article 8 : « Est reconnu de plein droit, pupille de la Nation, l’enfant mineur de personnes déclarées héros, martyrs ou invalides de la Nation » ;
NOUS :
1- Demandons au gouvernement et au président Ibrahim Traoré qui est l’instigateur des tranchées, d’une part, de déclarer les personnes tuées martyrs de la nation et, d’autre part, d’accorder le statut de pupille de la nation aux enfants de ces personnes ayant perdu la vie du fait des actes terroristes alors qu’elles exécutaient une mission de service public (Articles 6 et 8) ;
2- Demandons des enquêtes afin que toutes les responsabilités soient situées. Nous voulons savoir ce qui s’est réellement passé afin qu’il ne puisse pas y avoir l’impunité ;
3- Appelons les populations du Sanmatenga, en particulier, à observer une semaine de deuil à travers des actes symboliques tels que la fermeture des marchés à partir de 16h ; l’arrêt de toutes les activités de réjouissance et de la musique dans les maquis et bars du lundi 26 au vendredi 30 août 2024 afin de rendre hommage aux victimes ;
4- Appelons les forces vives de la région, la jeunesse, les femmes et les ressortissants du Sanmatenga à exiger des autorités régionales et nationales, la prise de décisions immédiates pour que les différents points de réclamations concernant notamment le statut de pupille de la nation pour tous les enfants des personnes tuées et l’inscription de ces dernières sur la liste des martyrs soient effectifs dans les meilleurs délais.
Le Collectif Justice pour Barsalogho appelle tous les filles et fils du Centre-Nord, du Sanmatenga et de Barsalogho à se donner la main pour exiger justice pour nos morts et obtenir des droits pour leur descendance. C’est le meilleur hommage que nous leur rendrons pour leur sacrifice et leur dignité au service de la nation.
Que Dieu dans son infinie miséricorde puisse soulager la douleur des familles affligées et apporter la sécurité et la paix au Burkina Faso !
Fait à Kaya le 25 août 2024
La Coordination