Ce livre dont j’ai la charge de présenter a un double titre, à savoir «Portée Mystique», Suivi de «Processus Exclusif».Il est d’Alexandre Lebel Ilboudo, journaliste professionnel et écrivain. L’auteur est aujourd’hui à son troisième livre en trois ans. Soit en moyenne un livre par an. Pour ce qui est du double titre, c’est la deuxième fois qu’il publie un livre avec deux titres. Son avant dernier livre dont la dédicace a été faite le 30 avril 2014 dans cette même salle, était intitulé « Blaise Compaoré à la Croisée des chemins » précédé de «Alassane Ouattara à l’épreuve du pouvoir».
On note qu’après son premier Roman «Insurrection» paru en 2012 aux éditions Sésames, les deux derniers livres sont tout droit sortis de LEBELEDITIONS, un label de l’auteur lui-même qui a crée sa marque, sa maison d’Editions, sans doute dans l’intention de prendre en charge sa jeune carrière d’écrivain en alternance avec les tabloïdes de la presse écrite qui l’ont révélé au public.
C’est un ouvrage de 100 pages, comme ses deux précédents livres avec une couverture verte et un gros baobab qui a certainement une explication avec le premier titre «Portée Mystique» du livre. Pourquoi la couleur verte ? Je crois savoir que l’auteur dès la publication de son premier roman «Insurrection» en 2012, annonçait déjà à la dernière page les autres livres à paraître. Dans cette perspective, il avait déjà indiqué que ces trois premiers livres constitueront l’emblème de la Côte d’Ivoire son pays d’adoption. Il a donc choisi l’orange pour le premier livre, le blanc pour le second, et le vert pour le présent ouvrage. Ce qui donne Orange Blanc Vert. Il l’avait donc dit et il l’a fait.
Mais la couverture porte aussi un second titre «Processus Exclusif», qui à la lecture de l’ouvrage semble avoir un lien avec «Portée Mystique».
Portée Mystique
En effet, à la lecture du livre, on note deux scènes de théâtres, l’une dans un pays nommé Tôce d’Oivire qui a les traits distinctifs de la Côte d’Ivoire et l’autre au Burkina Faso avec les évènements des 30 et 31 octobre 2014 qui ont précipité la chute du président Blaise Compaoré. Mais l’auteur fait montre d’un agencement de faits impressionnant dans la première tranche de son livre qui met en exergue l’importance, et la vie de la communauté Kurbienne en Tôce d’Oivire. On pourrait aisément reconstitue le nom et le lieu en parlant de communauté burkinabé et de la Côte d’Ivoire.
Mais les noms et les lieux retiennent moins l’attention de la première tranche de ce livre, que l’histoire qu’elle raconte. Une histoire captivante que l’auteur a construite autour de personnages dans différents décors et qui par la force de la narration ne laisse pas indifférent le lecteur. L’idylle entre Samandé et Tenkouma qui prendront plus tard les noms de baptême de Lazare et de Martine, est révélatrice de la manière dont les femmes étaient courtisées dans les villages à l’époque. On y perçoit en filigrane une certaine raison de l’immigration, mais aussi les difficultés auxquelles sont confrontées la communauté burkinabé en Côte d’Ivoire.
«Portée Mystique», c’est une vie, une société, une manière de vivre. C’est aussi les croyances de village transportées et entretenues en ville. Une vie à cheval entre deux mondes. Celui où la religion se conjugue avec certaines valeurs ancestrales. Le syncrétisme religieux en quelque sorte. Une ambiguïté dont il est parfois difficile de savoir laquelle de l’illusion ou du réelle vous anime. Dans cette tranche de son livre, Alexandre Lebel présente une communauté sous plusieurs angles. C’est le pouvoir des oracles. Mais il s’interroge lui-même à la Page 26 : « Cette espèce d’oracle avait, témoignait-on, fait l’affaire de bon nombre de ménages. Mais les lendemains de ses services mystiques avaient-ils été heureux pour ces familles ? “.
Processus Exclusif
Dans la seconde tranche de son livre «Processus Exclusif», on a le net sentiment à la lecture de l’ouvrage que c’est par souci de concision que l’auteur a titré « Processus Exclusif » et que le vrai titre aurait dû être « Processus Electoral Exclusif». Dans cette partie du livre, les faits sont plus réels, les personnages et les lieux aussi. L’auteur revisite la chute du Président Blaise Compaoré et dresse un bilan des cent jours de la transition qui s’est mise en place dès le 31 octobre 2014 au Burkina Faso. Dans la narration de cette deuxième partie du livre, on sent le journaliste qu’il est, témoin de certains faits. Lui qui a eu le privilège de rencontrer à maintes reprises l’ex-homme fort du Burkina Faso des trois semaines de l’après Blaise Compaoré. Il distribue de bons points à ce dernier et à son président l’actuel président intérimaire Michel Kafando. De mauvais points également il leur en donne. Alexandre Lebel Ilboudo estime que certaines questions mises au goût du jour par le gouvernement de transition ne devraient pas être une priorité. Il estime qu’on ne peut pas refonder le Burkina Faso en douze mois de transition.
A propos du report du droit de vote des Burkinabè de l’Extérieur, il pense que c’est la plus mauvaise décision politique de la transition dont le rôle est d’organiser justement les élections. Il relate les coulisses de l’adoption de la charte de la transition et pointe un doigt accusateur les politiques « Quelle aura et quelle considération historique nos responsables de la transition auraient-elles eues s’ils réussissaient ce challenge plutôt que de s’y soustraire. Oh, que nous aurions tant aimé voter pendant cette transition que d’en être privés ! », Écrit-il à la Page 91 de son livre.
Mais Alexandre Lebel ne se contente pas de dénoncer une décision qu’il considère comme politique au détriment du droit. Il attire surtout l’attention des autorités sur les risques de telles décisions. Ainsi, lit-on à la Page 93 cet avertissement : « A trop marginaliser électoralement la diaspora, il ne faudra pas s’étonner, que l’on finisse par altérer son sentiment d’appartenance à la nation. Car en étouffant cette aspiration légitime on pourrait finir par déboucher sur l’intolérance et la violence. Prenons donc garde ! »
«Portée Mystique» Suivi de «Processus Electoral» reste dans l’ensemble un livre digne d’intérêt et très engagé. Comme du reste, le précédent qui mettait «Blaise Compaoré à la Croisée des chemins» et «Alassane Ouattara à l’épreuve du pouvoir». Dans un style digeste et direct, Alexandre Lebel Ilboudo confirme une fois encore qu’il n’est pas de ceux qui se taisent quand bien même ils ont des choses à dire. Voici l’ouvrage ! Il ne me reste plus qu’à vous inviter à sa lecture et de retenir l’essentiel.
Merci pour votre attention
Jean Antoine Doudou
Journaliste professionnel
Critique littéraire
Qui est Alexandre Lebel Ilboudo ?
Né le 22 avril 1978 à Marcory, Alexandre Lebel Ilboudo est un journaliste talentueux d’investigation. Titulaire d’un diplôme d’Etudes supérieur en Communication, il est aussi ingénieur des techniques commerciales. Il justifie également d’un certificat de qualification de compétence en veille stratégique, d’un certificat de qualification de compétence en investigation et d’un certificat de qualification de compétence en communication institutionnelle. Pour rappel, c’est en 2000 qu’il entame sa carrière journalistique au Quotidien Le Populaire Nouvelle Formule, dirigé à l’époque par M. Raphaël Lapké, présentement Président du Conseil National de la Presse. Son parcours le conduira successivement au Quotidien Le Jour, devenu plus tard le Jour Plus, au quotidien Le Front de l’ex-Ministre Louis André Dacoury Tabley, ex-Numero 2 des Forces Nouvelles, puis au Quotidien Le Patriote du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko où il occupe l’honorable fonction de Grand Reporter depuis 2008.
En 2010, il honore la presse ivoirienne et toute la Côte d’Ivoire par ses immenses qualités. On se souvient qu’il a brillamment remporté le prix CNN du meilleur journaliste africain d’expression française dans la catégorie Presse écrite. En effet, c’est le 29 mai 2010 à Kampala, dans la capitale Ougandaise que le jury du prix le plus prestigieux en journalisme du continent africain, et ses pairs du monde entier lui on reconnu ses talents. A près que leur choix se soit porté sur les productions qu’il a soumis à ce concours parmi 975 candidats issus de 40 pays de l’Afrique.
Ce prix lui a valu les félicitations d’éminentes personnalités, dont l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, l’ex-ministre de la communication Ibrahim Sy Savané, l’actuel ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko à qui le lauréat a dédié son prix, et les hommages de la chancellerie burkinabé en Côte d’Ivoire, du groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), de l’Union nationale des journaliste de Côte d’Ivoire et des autorités burkinabé à travers le ministère de la jeunesse. LEBEL est assurément un modèle et un exemple pour sa génération. Je voudrais faire remarquer que depuis 5 ans qu’il détient le titre de champion africain pour le compte de la Côte d’Ivoire, il n’a pas encore été détrôné par ses collègues. C’est bon de le préciser pour dire que ce n’est pas donné aussi facilement de se hisser à ce niveau de reconnaissance continentale. Puisse sa modestie en souffrir. Le Prix CNN, loin d’être la fierté exclusive de la presse ivoirienne, revalorise la communauté dont il est issu, la communauté burkinabè à qui il a offert, par cette distinction, une fière chandelle.
En janvier 2012, dès la fin de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, il est le premier écrivain à sortir un livre intitulé « INSURRECTION » qui se résumait en un tableau synoptique de la crise ivoirienne. La dédicace de l’ouvrage est parrainé naturellement par le ministre Hamed Bakayoko et co-parrainé par le ministre Jean Louis Billon.
En avril 2014, interpellé par la situation socio-politique au Burkina Faso, Alexandre Lebel Ilboudo sort «Blaise Compaoré à la Croisée des chemins», un livre dans lequel il exhorte l’ex-président Burkinabé à se retirer du pouvoir pour préserver la paix sociale et les acquis dans son pays. Dans le même ouvrage, il interpelle également le Président Alassane Ouattara sur les attentes de ses militants vis-à-vis de lui. Les observateurs ont perçu à travers cet ouvrage le courage de l’Auteur qui aborde sereinement et sans tapage des sujets qui fâchent.
Aujourd’hui encore, Alexandre Lebel Ilboudo revient dans un ouvrage critique sur un sujet d’actualité qui fait débat au Burkina Faso et dans la diaspora Burkinabé. A travers « Portée Mystique, suivi de Processus Exclusif » pour lequel nous sommes réunis ici ce matin, l’Auteur prend une fois encore position contre ce qu’il qualifie «d’exclusion frustrante», allusion faite au droit de vote de la communauté burkinabé dont il se présente comme un farouche défenseur de la cause.