@informateur- Les chargements de cacao en direction des ports d’Abidjan et de San-Pedro sont régulièrement la cible de bandits organisés qui volent des sacs de fèves en plein jour, parfois au cœur d’Abidjan, et à proximité des forces de l’ordre en faction dans la zone portuaire. Mode d’emploi.
En Côte d’Ivoire, le volume de cacao chargé par les remorques depuis les sociétés coopératives vers les deux ports d’exportation que sont les ports autonomes d’Abidjan et de San-Pedro, n’est pas toujours le même à l’arrivée. Des bandits à col blanc ont fait de la soustraction des sacs dans les camions de chargement pendant le transport leur activité favorite. Un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui mais dont la persistance et les proportions commencent à inquiéter.
De fait, sous nos yeux et de manière répétée des camions de chargement de cacao se dirigeant vers les points de déchargement au port d’Abidjan ont été attaqués par l’arrière, les bâches recouvrant les fèves contre les intempéries déchirées à l’aide de machette, et des sacs extraits des camions. Le rond-point du CHU de Treichville est l’une des zones de prédilection de «ces voleurs de cacao». En embuscade aux feux tricolores en face de la CFAO, ils jettent soudainement leur dévolu sur ces camions, retirent quelques sacs et les trimbalent vers les rails, derrière la Société Ivoire Coton. Souventes fois, le butin est aussitôt chargé dans un véhicule qui disparait dans la circulation. Tout cela se passe sans que ni le chauffeur et l’apprenti n’aient le temps de réagir. Alors qu’à deux pas devant et dernière, précisément après CFAO au niveau du restaurant Bachyp et entre le parc des sports et CFAO sont régulièrement postés des policiers pour des contrôles de routine.
- Écartelées entre des braqueurs et des voleurs de cacao…
Ces vols ne sont pas perpétrés seulement à Abidjan, à l’intérieur du pays la pratique rend malheureuses de nombreuses coopératives qui voient le fruit de leur labeur rétrécir. Un manque à gagner qu’elles évaluent à plusieurs millions chaque année. A l’intérieur du pays des conducteurs se plaignent régulièrement des attaques et du vol des sacs de cacao entre Guesabo et Issia. Même plainte sur l’axe Gabedji- San-Pedro. Sur ces deux axes où l’état de la route oblige les remorques à rouler lentement, les ‘’voleurs de cacao’’ font la loi, notamment la nuit. «Mon camion a plusieurs fois été attaqué entre Guessabo et Issia. Ils ont souvent emporté entre 5 et 10 sacs de 100 kg. Ils attaquent le camion en marche et se sauvent dans la brousse avec le butin. Pour notre sécurité on ne peut pas s’arrêter. C’est quand on sort de la zone qu’on constate les pertes», explique Amadou B, chauffeur d’une coopérative de Café-cacao à Issia. Selon ce dernier, il n’est plus question de traverser ces axes routiers une fois la nuit tombée.
- Les coopératives paient un lourd tribut à l’insécurité
Avec la revalorisation du prix du kg du Cacao passé de 1500 à 1800 FCFA pour la présente campagne, c’est comme si ces bandits s’étaient jurés que les producteurs ne profiteront pas seuls de cette augmentation. En tout état de cause, le regain d’activisme de ces voyous en ce début de campagne inquiète beaucoup les opérateurs de la filière. «Avant quand il y avait des poids en moins au déchargement c’était les chauffeurs qui étaient suspectés. Mais tout le monde a fini par comprendre que le problème est ailleurs», explique un autre chauffeur d’une coopérative d’Abengourou que nous avons rencontré au port.
Selon les informations que nous avons glanées sur ce phénomène, le cacao volé est reconditionné dans d’autres sacs et revendus. Une sorte de mafia organisée. C’est le lieu d’interpeller les autorités sécuritaires. A l’image du Groupement spécial de la lutte contre l’exportation illicite des produits agricoles (Gs-Leipa) qui mène avec succès ses opérations aux frontières, il faudra songer à lancer la traque aux voleurs de cacao qui donnent des insomnies aux sociétés coopératives.
ALI/Informateur.ci