@informateur- Vers fin octobre, précisément le 22 du mois, l’épouse et les parents d’Aziz Korgho, la trentaine entamée, employé d’Inoussa Kanazoé, patron des cimenteries Cim Faso, Cim Ivoire et Cim Mali, disparaît sans laisser de traces alors qu’il revenait de la ville de Kaya pour Ouagadougou. La famille et les proches étant sans nouvelles de lui, l’inquiétude est à son comble. Le contexte sécuritaire au Burkina Faso et son corollaire d’enlèvements et d’attaques armées, on l’aura compris, suscitent l’angoisse qu’éprouvent les parents. Ces derniers entreprennent des recherches. En vain. L’inquiétude s’amplifie lorsque les amis et proches de celui qui n’avait plus fait signe de vie depuis au moins 4 jours sont aussi informés de la nouvelle terrifiante.
- Aziz Korgho enlevé par des agents de la Sûreté nationale…
Dans la foulée, des murmures font état d’un différend commercial qui opposerait Aziz Korgho à son patron. Les regards se tournent donc avec insistance vers Inoussa Kanazoé, soupçonné d’être derrière la disparition de son employé. L’affaire commence à sentir mauvais dans certains milieux à Ouagadougou. Au cinquième jour, comme par enchantement, Aziz Korgho est transféré du lieu où il était secrètement détenu, et où il aurait été, confient des sources, soumis à un interrogatoire musclé, au commissariat central de Ouagadougou. Ce qui confirme la thèse de l’enlèvement que la rumeur avait tantôt évoquée. Qui a pu commanditer cet enlèvement et à quelle fins? La réponse sera fournie par la suite des évènements. Puisqu’au commissariat central, celui qui en veut à la personne disparue n’est autre qu’ Inoussa Kanazoé. Ce dernier accuse Aziz Korgho d’avoir détourné, selon nos informations, plusieurs milliards de FCFA issus de la vente de ciment dans le projet de la construction de la cimenterie du Mali. Ce qui confirme, on le comprend, la thèse selon laquelle un différend commercial oppose réellement les deux hommes.
- …sur ordre de l’homme d’affaires
Toujours est-il que Aziz Korgho a été finalement entendu officiellement, selon nos informations, par un Officier de Police Judiciaire (OPJ), avant d’être transféré à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (Maco). La famille, les proches et les collègues d’Aziz Korgho s’interrogent : les autorités policières se sont-elles préoccupées, ne serait-ce que pour les besoins de l’enquête, du sort du jeune homme durant les 5 jours qui ont précédé son arrivée à la police? N’y aurait-il pas eu une complice passive de la part des forces de l’ordre dans l’affaire de son enlèvement? La réponse est tout simplement sidérante, parce qu’Aziz a été ramené au Commissariat central par ceux qui l’ont enlevé le 22 octobre 2024 sur la route de Kaya. Et il s’agit bel et bien d’agents de la Sûreté nationale burkinabè. Et nos investigations vont nous placer au cœur de l’affaire. En effet, nos informations recoupées, Aziz a été gardé durant 5 jours à la Sûreté nationale sur instruction d’Inoussa Kanazoé qui ne s’est pas embarrassé de la procédure judiciaire normale qui impose que tout mis en cause soit dûment convoqué. Malheureusement, Aziz Korgho a été soumis à une torture morale sans aucune possibilité d’informer sa famille de ce qui lui arrivait. Laquelle famille a également été exposée, du fait de sa disparition, à des crises d’anxiété.
- …au mépris de la procédure judiciaire.
Au Burkina Faso, l’opinion choquée, s’est indignée de ce traitement. Surtout que l’enlèvement et la séquestration de la victime ont été commandités par un opérateur économique puissant. Mais comment Inoussa Kanazoé a-t-il réussi à instrumentaliser à ce point des agents de la Sûreté nationale burkinabè dans un différend commercial qui l’oppose à son employé. Selon une source au Commissariat central de Ouagadougou qui reprouve la méthode, en utilisant des agents encagoulés pour enlever Aziz et le séquestrer, l’homme d’affaires a sans doute pensé pouvoir obtenir, par la menace et l’intimidation, une promesse de règlement de ce différend, selon sa volonté.
Malheureusement, les droits et les libertés de la victime ont outrageusement été violés et l’affaire a fini par revêtir sa forme juridique. Aujourd’hui, dans le milieu des affaires au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Mali, tout le monde s’inquiète. Car l’acte de l’homme d’affaires burkinabè pose avec acuité un problème de sécurité pour les personnes qui pourraient avoir des différends avec lui. Ils sont nombreux à faire remarquer qu’Aziz aurait pu être tué, son corps découvert quelques jours après, quelque part, et son meurtre attribué à des bandits ou des terroristes.
Selon des sources proches de l’affaire, Aziz Korgho, par le truchement de son avocat, a saisi le Procureur en portant plainte conformément au code de procédure pénale, contre Inoussa Kanazoé pour enlèvement, et séquestration. Beaucoup se posent des questions sur ce dossier qui commence à faire grand bruit à Ouagadougou. La rédaction d’Informateur.ci mène ses investigations pour éclairer le public sur cette affaire à senteur de souffre. Dans notre prochaine publication sur ce dossier, nous reviendrons sur ce que l’homme d’affaires reproche réellement à Aziz Korgho et que dit ce dernier pour sa défense. Affaire à suivre le 1er décembre 2024 dans l’Acte 2.
KKM/Informateur.ci