Une semaine de grandes manœuvres diplomatiques s’ouvre ce lundi 27 juin à Berlin et Bruxelles. Les Européens veulent discuter des conséquences du Brexit et s’organisent pour accélérer la procédure de divorce du Royaume-Uni.
Pour Angela Merkel, il faut rendre l’Union européenne plus efficace, sans fuite en avant. La chancelière doit recevoir à Berlin ce lundi le président français François Hollande et le président du Conseil italien Matteo Renzi.
Autre temps de fort de la semaine, l’ouverture mardi à Bruxelles d’un Conseil européen de deux jours afin d’organiser la séparation avec le Royaume-Uni. Cela n’est pas un divorce à l’amiable, a tranché le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, étonné que le gouvernement britannique attende octobre pour envoyer sa lettre de rupture à Bruxelles.
Même son de cloche du côté de Strasbourg. Le Parlement européen, qui se réunit en session extraordinaire mardi, presse David Cameron de lui notifier la clause de retrait de son pays, une première dans l’histoire de l’Union européenne.
Une semaine « cruciale » selon Manuel Valls
D’après Manuel Valls, c’est en effet ce qu’il va se passer dans les prochaines heures qui est important. Il faut « aller vite pour ce qui concerne la sortie de la Grande-Bretagne, définir un projet qui parle clairement aux Français », a déclaré le Premier ministre français en marge d’un déplacement à Belleville-sur-Mer.
Aller vite, car il faut que les Britanniques sachent à quoi s’attendre. Sortir de l’Union a des conséquences, explique Manuel Valls. Cette clarification doit viser à éviter que les partis populistes, Front national en tête, utilisent le précédent britannique à leur avantage. Le Premier ministre ne le dit pas comme ça, mais l’idée est de faire un exemple. Il est surtout impératif de montrer aux Français que le gouvernement va cette fois répondre à leurs inquiétudes. « Le Brexit, c’est une injonction – en tout cas, prenons-le ainsi – pour que l’Europe existe dans la vie, dans le quotidien des gens, et positivement », estime Manuel Valls.
Il faut arrêter d’énoncer des grands principes et parler de choses concrètes pour les citoyens. Lutter contre le dumping social, assurer la sécurité, contrôler les frontières… Bref, protéger, tel est le maître mot de ce projet de refondation que François Hollande va défendre à Bruxelles et Manuel Valls à l’Assemblée nationale, mardi.
Cameron joue la montre
Mais à Londres, le gouvernement britannique a visiblement l’intention de gagner du temps avant d’engager les négociations qui aboutiront au Brexit. « Les négociations ne débuteront pas tant que l’article 50 du traité européen n’aura pas été invoqué, a encore répété ce dimanche Philip Hammond, le ministre britannique des Affaires étrangères. Et comme le Premier ministre l’a très clairement dit, cette décision reviendra au prochain chef du gouvernement britannique. Donc il ne va rien se passer pour le moment. Il n’y a aucune nécessité pour que nous invoquions cet article dans l’immédiat. Le référendum est une question interne, et le gouvernement britannique en tant que membre de l’Union européenne a le droit d’invoquer cet article pour sortir de cette Union, mais c’est au Royaume-Uni de décider à quel moment il le fera. »
■ L’appel du patronat franco-allemand
« Se ressouder, retrouver confiance et passer à l’offensive ». Voilà comment après la turbulence du Brexit, les patronats français et allemand voient l’avenir de l’Europe. Dans une déclaration commune, Pierre Gattaz du Medef, Ulrich Grillo de la BDI (la Fédération allemande de l’industrie), ainsi que Ingo Kramer de la BDA (la Confédération des employeurs) demandent aux dirigeants européens de réitérer leur engagement en faveur des valeurs européennes pour assurer la paix et la sécurité du continent, mais aussi pour donner un cadre favorable à la compétitivité des entreprises européennes. Les signataires estiment qu’une position commune doit être prise concernant les relations extérieures, la politique de sécurité et la lutte contre le terrorisme.
Les deux piliers économiques de l’Europe unie, à savoir le marché commun et l’euro, doivent être renforcés pour permettre une véritable convergence entre les Etats membres. Mais sans oublier les réformes nationales.
Une nouvelle coopération avec les Britanniques s’impose. Ils n’auront pas, notamment, accès à certaines avancées de l’Union, comme le passeport financier européen. Ce dispositif qui permet à un établissement financier d’un pays européen d’exercer sans entrave dans tous les autres pays de l’Union devrait être désormais retiré au Royaume-Uni.
RFI.fr