@informateur- La présence militaire française en Afrique continue de se réduire comme peau de chagrin. Après l’épisode de la rupture de la coopération militaire avec la France décidée par les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, le Sénégal a récemment fait savoir, par la voix de son Président Bassirou Diomaye Faye via les médias, qu’il ne souhaitait plus avoir de forces militaires françaises sur son sol.
Cette dernière pilule n’avait pas encore été digérée par Paris que le Tchad est entré dans la danse. Ndjamena a en effet annoncé, le jeudi 28 novembre 2024, la dissolution de l’accord de coopération militaire entre le Tchad et la France. L’information a été donnée par le ministre tchadien des Affaires étrangères, après la récente visite de son homologue français Jean Noël Barrot qui a dépêché à Ndjamena par le Président français Emmanuel Macron à Ndjamena. Au milieu des questions que soulève cette décision du Président tchadien Mahamat Idriss Deby, c’est peut-être la fin du rôle de protecteur joué par l’Armée française auprès des régimes successifs au Tchad depuis le règne (1990-2000) d’Idriss Deby père que Paris avait, faut-il le rappeler, aidé à chasser Issène Habré resté au pouvoir de 1982 à 1990.
Cet incident marque-t-il le divorce des Deby avec l’Elysée, ou alors une autre forme d’accord militaire pourrait-elle être conclue par Paris et Ndjamena, la diplomatie et les enjeux politiques aidant ? Le Tchad n’a pas donné les raisons officielles de cette rupture et Paris n’a pas non plus réagit à cette annonce. Mais des sources confient que la France n’aurait pas apporté tout le soutien militaire attendu par Mahamat Idriss Deby pour éradiquer la menace sécuritaire face aux groupes armés qui mènent depuis quelque temps des offensives contre l’Armée tchadienne, notamment dans la région du Lac Tchad. Si bien que Ndjamena, reprochant à Paris de ne plus tenir ses engagements, tenterait de se rapprocher de la Russie pour conclure un accord de coopération militaire avec Moscou..Pour l’heure, cette thèse relève de la supputation.
Faut-il rappeler que c’est la France qui a aidé Mahamat Idriss Deby à s’installer et se maintenir au pouvoir lorsque son père a été tué au front en 2000 ? Paris n’a-t-il pas permis à Deby fils de se défaire des forces rebelles qui l’ont harcelé en 2008 et en 2019?
On le voit, même après 30 ans de solides relations comme c’est le cas de la France et du Tchad, les choses peuvent changer en fonction des besoins, des intérêts et des enjeux du moment. Concernant le dispositif militaire français au Tchad, c’est plus opérationnel, le plus important en Afrique en matériel et en troupes, avec les 1000 hommes répartis dans trois bases, précisément à Faya- Largeau, à Abéché et au Camp Kosseï. Mais, que fera Paris de ses 1000 soldats et de sa flotte aérienne composée d’avions de chasse Mirage actuellement stationnés au Tchad, si la rupture venait à être consommée et que l’Armée française devait effectivement quitter ce pays ? Certains n’hésitent pas à parier qu’ils pourraient être redéployés en Côte d’Ivoire…
Rien n’est moins sûr car, au contraire, l’allègement puis le retrait progressif du dispositif militaire français en Côte d’Ivoire sont à l’ordre du jour entre Paris et Abidjan. Mais la diplomatie a des raisons que la raison ignore…
DL/informateur.ci