Informateur.info- Il n’innove pas du tout dans la pratique de l’arnaque qui reste la même que les espèces de son genre tendent à plus d’un internaute. Mais il joue sur un atout ou du moins ce qu’il croit en être : le statut de ministre dont il se fait passer. En l’occurrence le ministre du commerce burkinabè Stéphane Sanou. Notre histoire avec ce dernier débute, il y a tout juste une semaine lorsqu’il nous demande en amitié sur facebook. Une invitation que nous acceptons en tenant compte de ce que nous avions au moins une dizaine d’amis en communs. Durant quatre jours nous allons échanger des brefs «Bonjour» «comment vous allez» et pas plus. Le cinquième jour, notre interlocuteur qui se prévaut du titre de ministre devient subitement abondant dans ses échanges. «Je suis présentement en mission au Maroc… », plante t-il un décor qui va s’avérer un stratagème d’escroquerie au fil de nos échanges. Puisqu’à peine nous lui souhaitons un bon séjour au Maroc que ce dernier nous soumet une préoccupation en ces termes «Pouvez-vous me rendre un service ? », « lequel ?», rappliquons-nous promptement. Et le faux Stéphane Sanou d’exposer ceci : « En raison de mon indisponibilité (déplacement diplomatique au Maroc) je vais vous transmettre les détails d’un proche qui a eu un accident de circulation en Côte d’Ivoire et qui doit se faire opérer dans ces temps, afin que vous lui expédiez la somme de 180.000FCFA via Western Union vu l’urgence (raison sanitaire chirurgicale) je vous rendrai dès mon retour». Nous indiquons au «ministre» que nous sommes dans l’incapacité de faire droit à sa requête, puisque nous sommes en compagne pour passer le week-end, loin des tracas et trépidations de la mégapole Abidjan. Mais le faux Stéphane Sanou insiste. «Il se trouve en Côte d’Ivoire vous lui envoyez la somme par western Union ou orange money. Voici ces cordonnées Nom : Bra, prenom : Kouakou Norbert. Il est au 00225 41 33 13 37. Contactez-le pour avoir son orange money », insiste t-il. Première surprise. Comment un ministre peut-il demander au «quidam» que nous sommes et avec qui, il n’est en rapport que depuis une semaine de lui «prêter» de l’argent !
- Avec des numéros identifiés par des opérateurs de téléphonie
Mais, devant son insistance, nous appelons le sieur Bra Kouakou Norbert qui dit être à Abengourou au chevet du malade en question. Nous lui proposons un contact d’un ami sur place à Abengourou qui pourrait lui remettre le montant sollicité. Mais Bra Kouakou rejette l’idée d’une rencontre physique et insiste pour que notre contact lui envoie l’argent par orange money. A la question de savoir dans quel hôpital il se trouvait exactement il évoque la clinique St Michel du quartier Dioulakro. Malheureusement, il n’existe pas après renseignement pris auprès de notre contact qui habite effectivement à Abengourou de clinique St Michel dans le quartier cité. Dès lors nous savions que nous étions en face d’un «cyber escroc», ou disons –le une bande d’escrocs. Quand nous le lui avons signifié le 41 33 13 37 et le 88 83 20 40 ont aussitôt cessé de fonctionner. Ces faits se sont passés le vendredi 30 septembre 2016. Ce samedi 1er octobre nous avons essayé à nouveau de rappeler les numéros. Ils ont sonné en vain avant de s’éteindre comme la veille.
Vous l’aurez compris, ce genre d’histoire se passe tous les jours sur les réseaux sociaux où des psychopathes prennent l’identité de personnalités ou des connaissances pour tenter de soutirer de l’argent. C’est un fait. Mais pour un journaliste, les dénonciations doivent être permanentes tant que ces «cyber escrocs» sévissent. Mieux, tous les numéros de téléphones impliqués dans les tentatives d’escroquerie doivent être publiés. Ce que nous faisons d’ailleurs avec plaisir. Si l’identification des puces doit servir à quelque chose c’est avant tout de permettre de repérer ce type de malfrats et les mettre hors d’état de nuire. Pour notre part nous ne nous n’arrêterons jamais de dénoncer et de communiquer les numéros des psychopathes.
Jean François Fall