- Des détenteurs humiliés aux contrôles
Informateur.info- Ils sont une bonne dizaine à nous avoir saisi directement au téléphone, la semaine dernière, et un nombre indéfini qui auraient été refoulés à l’aéroport international Félix Houpohouët Boigny et aux frontières terrestres faute de document d’identité adapté. De fait, depuis la prise et l’application de l’arrêté du ministère de l’intérieur et de la sécurité, relatif au document d’identité, désormais requis, pour voyager, ils sont nombreux les ressortissants burkinabè qui essuient divers désagréments. A l’impossibilité désormais de voyager sans passeport biométrique, alors qu’hier, il leur suffisait seulement de brandir leur carte consulaire pour avoir accès à bord de l’avion, bien de candidats au voyage par les airs voient le caractère biométrique de leur carte consulaire être remis en cause par la police. Selon plusieurs témoignages beaucoup de voyageurs détenteurs de la carte consulaire biométriques émise par Snedei rencontreraient des difficultés aux postes frontières. «La police nous dit que cette carte n’est pas biométrique. Beaucoup ont été interdits de passer et ont dû emprunter des voies de contournement pour ne pas avoir à revenir sur Abidjan», témoigne Abdoulaye Yaméogo qui juge ces scènes humiliantes pour les voyageurs. Quant à ceux qui traînaient encore les pieds à se faire délivrer la nouvelle carte consulaire et qui détiennent toujours l’ancienne carte (deux volets), le rejet est systématique. Quand bien même, cette situation donne lieu à un regain du racket des forces de l’ordre. Au demeurant, cette nouvelle donne qui aurait pu constituer une bonne affaire pour Snedei, de part l’affluence que ses guichets d’enrôlement devraient en bénéficier, tourne plutôt au doute quant au caractère biométrique de la carte consulaire produite depuis bientôt trois ans.
- Le silence révoltant du Consul Général d’Abidjan
Au sein de la communauté burkinabè, depuis quelques jours, l’idée que la carte consulaire burkinabè n’est pas biométrique fait son chemin. Au Consulat général du Burkina Faso à Abidjan, le Consul Général Daouda Diallo, visiblement préoccupé dans ses manœuvres en vue de succéder à Justin Koutaba, en qualité d’Ambassadeur n’a cure des complaintes de ses administrés. Lui, qui n’a jamais en réalité eu la moindre considération ni pour le personnel à la tête duquel il a été bombardé, ni pour sa vaste communauté se mure tout simplement dans un silence total. A preuve depuis la prise des nouvelles mesures par les autorités ivoiriennes et burkinabè, le Consulat n’a entrepris aucune rencontre d’information ni avec la coordination des délégués consulaires (relais administratif de l’institution), ni avec les responsable de la communauté. Il convient de noter que la remise en cause du caractère biométrique de la carte consulaire concerne à la fois les juridictions consulaires d’Abidjan, de Bouaké et de Soubré. Du coup, comme à chaque difficulté majeure, la diaspora burkinabè est abandonnée à elle-même.
- Les explications de l’entreprise de Adama Bictogo
Pour notre part la remise en cause du caractère biométrique de la carte consulaire burkinabè nous a paru très grave au point que nous nous sommes tournés vers l’opérateur pour comprendre la situation qui prévaut. A Snedei, le chef du projet, M. Agnero balaie du revêt de la main toutes les critiques visant le caractère biométrique de la carte. « La carte consulaire produite par Snedei est bien biométrique. Cela est incontestable. Nous faisons une capture des empruntes des dix doigts qui est insérée au niveau du code barre qui est sur la carte. Mieux dans notre base de données, il y a une unicité des informations. C’est-à-dire qu’une personne qui s’est déjà enrôlée ne peut revenir le faire avec d’autres informations que celles qui se trouvent dans notre base de données », explique t-il. Pour lui, cette remise en cause tient plus à une désinformation. Au constat donc, il semble qu’il y a un déficit d’information et de sensibilisation. Mais qui des responsables de Snedei (opérateur privé) et des autorités consulaires ou ambassade doivent prendre langue avec le ministère de l’intérieur et de la sécurité pour rassurer ou prouver que cette pièce consulaire est bel et bien biométrique ? Là semble résider le nœud du problème. Et comme l’opérateur semble ne pas avoir l’intelligence de ses intérêts et que de l’autre côté la diaspora burkinabè a, à sa tête, des autorités diplomatiques parvenues et affairistes plutôt que soucieuses d’une vraie gestion administrative, la seule alternative qui s’offre c’est un mouvement de rue. Prendre d’assaut le Consulat général pour exiger des explications, voire même la cessation pure et simple du contrat de l’operateur au profit d’une convention plus transparente et dont le coût de la carte serait revu à la baisse, sera le début d’une solution définitive à cette galère. Qui n’a que trop duré.
Jean François Fall
Informateur.info