Informateur.info-L’histoire relève du cocasse. Mais elle a tourné en dérision l’union des chefs et nobles Burkinabè en Côte d’Ivoire, notamment son président Ouédrago Issa dit Naaba Wogbo et son vice-président Batoé Babor. Les faits !
Le 5 septembre 2015, à l’initiative des femmes, des jeunes et des notables de la commune d’Adjamé, une assemblée générale se tient et aboutit à l’élection de Traoré Mamadou qui devient le président de la communauté d’origine burkinabè d’Adjamé (COBCA). Il faut préciser que la commune d’Adjamé était restée sans un chef central durant au moins trois ans. Ce, depuis le décès de l’ancien chef, feu Savadogo Boukari. Durant cette vacance de chef, la communauté n’avait pas non plus un délégué consulaire, relai de l’administration consulaire dans cette commune. Une situation préjudiciable pour la forte communauté burkinabè qui y vit. Le 05 septembre donc, Adjamé s’accorde de manière unanime sur la personne de Traoré Mamadou, opérateur économique de son état, pour être son chef. Mettant ainsi fin à la vacance de chefferie. Un choix dont le caractère démocratique a été salué. Estimant qu’il est bienséant de se présenter aux autorités consulaires, la COBCA sollicite le 21 septembre 2015 et obtient auprès du Consul Général du Burkina Faso à Abidjan une audience. L’autorité apprécie la démarche et encourage le nouveau chef élu à former rapidement son bureau et d’œuvrer pour la paix et la cohésion sociale. Ce qui sera aussitôt fait. Après quoi, Traoré Mamadou retourne encore chez le Consul burkinabè pour, cette fois, présenter son bureau et recueillir les conseils de l’autorité consulaire. Jusque-là, tout se passe sans problème.
- Ce que Naaba Wogbo a osé faire
Le 15 février 2016, le bureau de la COBCA écrit au Consul Général d’Abidjan et à l’Ambassade, les informant de l’investiture de son chef, Traoré Mamadou pour le 27 février. Une information assortie d’une invitation. Des lettres d’invitation sont aussi envoyées à plusieurs structures associatives sœurs, au nombre desquelles, l’Union des chefs et notables burkinabè en Côte d’Ivoire. Prenant prétexte de ce courrier, Naaba Wogbo convoque une assemblée générale de son bureau à la date du 23 février 2016. Les conclusions de cette AG surprennent plus d’un : suspension pure et simple de la cérémonie d’investiture. L’Union des chefs et notable sous l’impulsion de Naaba Wogbo motive cette requête par le fait qu’elle s’est déjà choisie un chef de la communauté burkinabè dans la commune d’Adjamé en 2013, en la personne de Ouédraogo Souleymane. Partant de ce principe, Naaba Wogbo et son bureau estiment que si Traoré Mamadou venait à être investi, la cérémonie pourrait donner lieu à des troubles. A Adjamé l’on s’étonne d’une telle réaction. Comment peut-on tenir de telles affirmations alors que tout le mon sait pertinemment que depuis trois ans Adjamé était sans chef depuis la mort de Savadogo Boukari ? A supposé même que Naaba Wogbo et son bureau disent vrai, cela reviendrait à dire que le Consul Général du Burkina Faso qui a reçu à deux occasions le nouveau chef Traoré Mamadou l’aurait alors fait en contribuant à une éventuelle crise de chefferie dans la commune d’Adjamé. Diversion.
- De la tentative de livrer ses compatriote à la DST
Toujours est-il qu’à quatre jours de la cérémonie d’investiture où toutes les invitations étaient déjà distribuées et les dépenses engagées, le bureau de la COBCA n’a pas voulu faire machine arrière. La date de l’investiture est alors maintenue. Le 22 février 2016, la COBCA obtient de la mairie d’Adjamé l’autorisation d’organiser l’investiture de son chef à la date du 27 février. Le 26 février, un agent de la direction de la surveillance du territoire (DST) nommé N’Diaye joint le Secrétaire général de la COBCA pour lui signifier qu’il est convoqué avec son président à la DST. Les deux hommes se font accompagner par un autre membre du bureau en l’occurrence Boukari Kaboré. A la DST, le nommé N’Diaye qui semblait mieux connaître l’objet de la convocation de ces hommes en ces lieux plus que son supérieur qui les recevait plante le décor. Mais les choses ne se passent pas comme il l’aurait souhaité. Son supérieur ne voyant pas visiblement pourquoi ces hommes sont conduits devant lui pour une simple affaire d’association. N’Diaye susurre alors, aux dires des personnes convoquées, quelque mots à l’oreille de son supérieur dont nous ignorons le nom. Alors que le chef d’Adjamé, Traoré Mamadou, son secrétaire Savadogo Mamadou et Boukari Kaboré s’apprêtaient à quitter le bureau où ils avaient été convoqués, le supérieur de N’Diaye leur annonce qu’une confrontation avec une délégation de l’Union des chefs et notables burkinabè est prévue dans une autre salle. Traoré Mamadou et ses amis sont pris au dépourvu, réalisant finalement que c’est Naaba Wogbo et Batoé qui étaient derrière cette convocation. Auraient-ils à la DST des amis prêts à jouer, par position dominante, le rôle d’intimidateurs! La démarche de N’Diaye attestait bien cette thèse. Toujours est-il que Naaba Wogbo, son vice-président Batoé Babor et un certain Tiendréogo Aboubacar finissent par arriver.
- Une honteuse intimidation
A la DST, Wogbo, Batoé et Tiendréogo tentent de dissuader Traoré Mamadou de renoncer à son investiture. Arguant même que le chef doit être nommé par eux et eux seuls. L’Union des chefs et notables proposent même à Traoré Mamadou de lui rembourser les dépenses qu’il a engagées dans le cadre de cette cérémonie d’investiture. Mais la COBCA refuse de se laisser dicter ce qu’elle a à faire. La réunion tourne donc court. Le lendemain, la DST fait place à la préfecture de police qui rentre en jeu. Le bureau de la COBCA est sommé de reporter sa cérémonie. La COBCA défend le caractère pacifique de sa cérémonie et indique qu’au niveau de l’avancement des préparatifs un report était quasi impossible. Des délégations de l’extérieur étaient déjà là et la commune vivait une effervescence de fête. La préfecture de police coupe alors la poire en deux. Elle autorise le rassemblement afin que les mets et autres boissons puissent être partagés mais plaide pour le report de l’investiture à proprement parler. La COBCI n’a pas le choix, elle s’y plie. Le 27 février, la mosquée Doukouré de Bramakoté et ses environs sont noirs de monde. Au nombre desquels un envoyé de sa majesté Naaba Kiba, roi du Yatenga.
- Ce qu’ils veulent faire après avoir échoués à Adjamé
Pourtant, dès la veille 26 février, Naaba Wogbo ayant échoué à intimider Traoré Mamadou et son bureau leur déclare ouvertement la guerre en les assignant en justice. L’assignation en référé d’heure à heure a été notifiée au chef de la communauté d’Adjamé par Me Zadi Toh Jean Luc, huissier de justice près la Cour d’appel et le tribunal de 1ère instance de Bouaké. Objectif, obtenir de la justice qu’elle interdise la COBCA et son bureau d’avoir à poser des actes au nom de la diaspora burkinabè vivant dans la commune d’Adjamé. Manque de pot, statuant publiquement et contradictoirement sur les motifs exposés, le 19 avril 2016, la justice déboute Naaba Wogbo et son Union. Dans l’acte d’expédition le juge met surtout en exergue la liberté de création d’association, de réunion et la libre adhésion : des droits inaliénables consacrés à la fois par la constitution ivoirienne et la loi 315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. Tandis que Wogbo et son vice-président Batoé Babor se voient infligés ce cinglant revers, à Adjamé on jubile. C’est que Wogbo et Batoé ne réalisent peut-être pas qu’ils sont allés très loin dans leurs actes. Une union de chefs sages, au sens propre du terme, n’aurait jamais eu recours à tant d’intimidations et à la justice pour régler une simple divergence de vue.
La preuve, c’ est que le 25 avril 2016, soit six jours après avoir été débouté par la justice, toute honte bue, Wogbo et Batoé convoquent Traoré Mamadou pour lui proposer de bien vouloir accepter de devenir le 4 é vice-président de l’Union des chefs et des notables burkinabè en Côte d’Ivoire. Une offre que le chef de la communauté burkinabè d’Adjamé a déclinée poliment dans un courrier qu’il leur a adressé à la date du 02 mai dernier. Voici les faits. Irréfutables !
Comment peut-on demander à un homme qu’on a tenté d’humilier, qu’on a combattu vainement devant la justice, trainé sans succès devant la DST, de venir militant dans la même association que vous. C’est le summum de l’infamie. A la lumière de ces faits, l’Union des chefs et notables Burkinabè se révèle tout simplement comme un club de dictateurs, prêts à envoyer croupir en prison leurs compatriotes par tous les moyens. Pour peu que ceux-ci ne parlent pas le même langage qu’eux. Mais ce n’est pas tout. Savez-vous ce que ce «club de dictateurs», pardon cette Union a encore osé faire dans la commune de Treichville, de Youpougon et à Agboville ! Rendez-vous avec l’acte 3 de notre série de dossiers.
Jean François Fall
Informateur.info