- Il y va de l’intérêt de la diaspora, notamment pour l’effectivité de son vote en 2020
Informateur.info- Les souvenirs sont encore frais. Le 02 novembre 2013, l’ex-ministre burkinabé des affaires étrangères et de la coopération procédait au lancement de la carte consulaire biométrique. Coût 7.000 et validité 3 ans. La reforme visait à offrir une pièce d’identité infalsifiable et sécurisée à la diaspora. Marquant ainsi l’abandon de la carte à deux volets au profit de la carte format carte de crédit. Mais pour la diaspora, la pilule est amère. Elle juge le prix élevé et le délai de validité trop court. Elle proteste. Des manifestations sont organisées pour dénoncer le coût élevé et le délai de validité. Finalement, la diaspora obtient que la validité passe à 5 ans. L’objectif des anciennes autorités de Ouaga était, rappelons-le, de faire enrôler 3,5 millions de Burkinabè en 3 ans. Cet enrôlement devant servir de base de données à l’établissement d’un listing électoral.
En Côte d’Ivoire la confection de la carte est confiée à Snedai, une entreprise appartenant au ministre Adama Bictogo, dans une atmosphère de suspicion. Pis le marché, d’un montant de près d’une vingtaine de milliards, est passé de gré à gré. Dans des circonstances floues. Les suspicions deviennent légitimes. D’autant plus que l’opérateur Snedai ne se montre pas à la hauteur de la tâche. Il est défaillant.
En effet, des difficultés apparaissent dans la confection des cartes. Dont la fiabilité est mise en cause. Le délai de confection n’est pas respecté. Pendant que les désagréments se multiplient pour les candidats à la nouvelle carte consulaire, des frais parallèles sont prélevés par l’opérateur. La diaspora dénonce des pratiques mafieuses dans une forme de racket. Bien plus, la diaspora craint alors la manipulation du fichier par l’ex-régime. Car on découvre que techniquement, la falsification de la nouvelle carte dite sécurisée produite par Snedai n’est qu’un jeu d’enfant. La déception pour la diaspora est d’autant plus énorme qu’elle a le sentiment de s’être fait arnaquer. 7.000 F pour une technologie douteuse! Colère de la communauté burkinabé de Côte d’Ivoire et de ses leaders qui demandent alors que le marché soit purement et simplement retiré à Snedai pour être confié à un opérateur plus compétant et plus crédible dans les règles de l’art. Car, il urge d’entourer l’enrôlement des burkinabé de Côte d’Ivoire de plus de sérieux et de garanti sécuritaire en ce qui concerne les données.
De peur que les ratées de ce processus ne servent de prétexte pour un second report du vote de la diaspora en 2020. Déjà, des composantes de la communauté burkinabé de Côte d’Ivoire se mobilisent pour demander le retrait pur et simple de cette opération à Snedai. «Qui n’est pas à la hauteur et n’offre pas de gage de sérieux», disent-elles. On va allégrement vers de nouvelles manifestions qui risquent d’incommoder fortement les nouvelles autorités du Faso qui sont ici interpellés. Il faut sauver le processus d’enrôlement des burkinabé de Côte d’Ivoire, en stoppant ici et maintenant Snedai. Il y va de l’intérêt de la diaspora, notamment pour l’effectivité de son vote en 2020.
Jean François Fall