@informateur- Au Burkina Faso, la junte militaire, devant l’incapacité de l’armée régulière à éliminer la menace terroriste, a recours aux groupes d’autodéfense constitués de civils souvent sans défense, dans maintes zones où le vide sécuritaire facilite les offensives des séparatistes et indépendantistes Touaregs du Nord du pays. Faut-il le rappeler, après le massacre de plus de 300 personnes le 24 août 2024 à Barsalogho, au moins 13 personnes ont également trouvé la mort dans l’attaque d’un groupe de Volontaires pour la Défense de la Patrie, le 30 août 2024 à Barga, dans le Nord du pays. Le même jour, des hommes armés effectuaient un raid à Yondé, dans la région Centre-Est, faisant une dizaine de morts. Le lendemain 31 août, d’importantes pertes humaines et matériels étaient enregistrées dans l’attaque d’une base des forces de défense et de sécurité dans le village de Bam, au Centre-Nord-.
Dans tous ces assauts terroristes, des groupes d’autodéfense locaux souvent non armés ont été pris pour cible. Le hic, est que beaucoup de membres de ces groupes d’autodéfense qui ne sont pas entraînés à l’usage des armes seraient enrôlés de force pour appuyer l’armée défaillante dans des régions. Les témoignages indiquent qu’à Barsalogho, les djihadistes du Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM), dit Groupe pour le soutien à l’islam et des musulmans, filiale de l’Etat islamique au Sahel, ont mené les assauts meurtriers alors que la population civile, enrôlée contre son gré dans les groupes d’autodéfense, creusait des tranchées défensives à la demande de l’armée.
Des rapports d’organismes et d’observatoires indépendants ont consigné des témoignages de survivants indiquant qu’un détachement militaire avait forcé les villageois à construire les tranchées, les exposant ainsi aux représailles des djihadistes du JNIM. Ces civils auraient été recrutés de force par l’armée et obligés à creuser ces tranchées à plusieurs kilomètres de leur village, sans aucune protection militaire. Femmes, enfants et vieillards, littéralement utilisés comme un bouclier humain par l’armée burkinabè, ont été tués.
Cette pratique d’enrôlement forcé de civils qui ne sont pas aptes à l’usage des armes et qui ne sont pas familiarisés avec l’art de la guerre, pose une vraie question d’éthique militaire et va à l’encontre du droit humanitaire international. On ne peut pas jeter contre leur gré des civils sans défense en pâture aux groupes armés.
DL/informateur.ci