@informateur- Le Bénin autorise le «chargement du premier navire» transportant le pétrole du Niger via le port de Sèmè. La nouvelle à été annoncée le mercredi 15 mai 2024 par les autorités de Cotonou.
Mais une « autorisation ponctuelle et provisoire », a prévenu le ministre béninois des Mines, Samou Seidou Adamb, cité par les confrères Jeune Afrique et l’AFP. C’est un léger réchauffement entre les deux pays sur cette question, dans ce que l’on peut appeler la crise de la fermeture de leur frontière commune, dans le prolongement de la fermeture des frontières entre le Niger et les Etats voisins qui avait été décidée par la CEDEAO dans le cadre des sanctions contre le régime militaire mis en place au Niger.
Le fait est qu’à force de diplomatie, en février 2024 l’organisation sous-régionale a décidé de la levée des sanctions imposées à la junte nigérienne, avec pour conséquence de l’ouverture des frontières des pays voisins membres de la CEDEAO. Mais alors que le Bénin a montré ses bonnes dispositions à ouvrir totalement son côté de frontière avec le Niger, Niamey a choisi de maintenir fermées son côté de frontière avec le Bénin. Sous le prétexte, à en croire certaines sources, que » des espions et mercenaires français » seraient stationnés en terre togolaise avec des intentions néfastes à l’encontre des pays de l’AES. Une décision qui a fortement agacé les autorités béninoises qui ont tout simplement décidé d’appliquer la loi de la réciprocité en fermant la frontière commune de leur côté. Et c’est à ce niveau que, malheureusement, le Niger se retrouve comme pris à son propre piège. En effet, le Niger a inauguré, en novembre 2023, un oléoduc géant qui doit permettre l’acheminement jusqu’au Bénin du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem au Sud-est du pays, par le groupe chinois China National Petroleum (CNPC), une société appartenant à l’Etat chinois.
Mais les sanctions imposées par la CEDEAO ont retardé le chargement du pétrole nigérien au port de Sèmè Kpodji et son exportation. C’est pourquoi la levée des sanctions imposées par la CEDEAO et la réouverture des frontières, notamment avec le Bénin étaient apparues comme » une bonne nouvelle pour le pétrole nigérien » car cela va en permettre l’exportation via le Bénin. Hélas, le choix fait par le Général Bazoum de maintenir son côté de frontière avec le Bénin fermé n’a rien arrangé pour le Niger qui se trouve, par sa propre faute, privé de la manne financière pétrolière, par ces temps de disette pour les Etats de l’AES. Il a donc fallu qu’une délégation d’ émissaires des ministères chinois des Affaires étrangères et de l’Energie et des hauts responsables de l’entreprise CNPC entament de fructueuses négociations avec les autorités béninoises pour que Patrice Talon, le Président de la République du Bénin, accorde au Niger un autorisation » provisoire » pour l’exportation de son pétrole.
Ainsi l’exportation du pétrole nigérien via le port béninois de Sèmè a été à nouveau autorisée, a annoncé, le mercredi 15 mai 2024, le ministre béninois des Mines Samou Seidou Adambi, débloquant une situation tendue depuis plusieurs mois entre Cotonou et Niamey. « Cette autorisation ponctuelle et provisoire ne saura être une règle de conduite », a cependant averti le ministre togolais, devant la presse à Cotonou, faisant comprendre que le Bénin pourrait suspendre une nouvelle fois son autorisation en cas de manque de coopération de la part du Niger, notamment sur la réouverture totale de leur frontière commune. Pour l’effectivité du respect de la décision, «Le Bénin autorise le chargement du premier navire qui mouille actuellement dans nos eaux», a confirmé le ministre des Mines, précisant que son pays n’avait «aucun intérêt à nuire à l’Etat du Niger et à Wapco [West African Gas Pipeline Company Limited]», le partenaire chinois en charge de l’oléoduc. Côte chinois, c’est naturellement un ouf de soulagement ! «Nous avons la conviction que ce pipeline sera symbole d’amitié entre les trois pays », s’est réjoui Wen Yuan, un des représentants de Wapco, filiale de la CNPC, qui était présent lors de la déclaration à la presse du ministre des Mines. «Nous sommes actuellement au stade de mise en production, de transport et d’exploitation du pétrole», a-t-il précisé, satisfait. Espérons que le Niger acceptera d’ouvrir son côté de frontière commune avec le Bénin et que d’autres grains de sable ne viendront pas bloquer les relations entre les deux pays. Car la fermeture de la frontière Bénin-Niger a eu une incidence importante sur les recettes publiques de part et d’autre et sur le coût des denrées alimentaires qui ont flambée.
Daouda Ly