@informateur- La zone aessienne qui regroupe les pays qui composent l’Alliance des Etats du Sahel (AES) est en train de devenir, de manière subreptice, mais non moins sûrement, un espace dangereux pour la liberté de la presse. Qu’on en juge.
La chaine de télévision Joliba Tv News au Mali était dans l’œil du cyclone suite à l’arrestation du chroniqueur Issa Kaou N’Djim qui payait ainsi sa sortie sur cette chaine privée où il estimait que la junte militaire burkinabé faisait la diversion en faisant croire qu’elle était victime d’un coup d’Etat. Une intervention qui a fortement irrité le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso. Résultat, cet organe a saisi la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali pour que celle-ci poursuive le chroniqueur pour « offense commise publiquement envers un chef d’État étranger et injures par le biais de systèmes d’information ». Il sera jugé le 12 février prochain, selon certaines informations de source judiciaire malienne et par l’entourage d’Issa Kaou N’Djim. Après cet épisode, beaucoup subodoraient que la chaine de télévision Joliba Tv News pourrait être inquiétée. Eh bien, bingo, ça n’a pas raté. Parce que la HAC, comme un ‘’assassin’’, est revenu sur le lieu de son crime, cette fois, pour s’en prendre à la chaine de télé qui a été frappée d’un retrait de licence. Une sanction qui prend effet à partir du 26 novembre. Cette décision a provoqué un véritable tollé au Mali où de nombreuses personnes ont manifesté à la fois leur surprise, leur inquiétude, mais aussi leur soutien à Joliba Tv News. C’est le cas de l’homme politique Moussa Mara, candidat à l’élection présidentielle et président de Yéléma (changement, en malinké). Voici ce qu’il a écrit sur son compte X : ‘’C’est avec une profonde tristesse mais également une grande inquiétude que j’ai appris la décision prise par la Haute Autorité de la Communication (HAC) de retirer la licence de la télévision Joliba TV News. Je soutiens la télévision Joliba TV News et, avec elle, la liberté de la presse et la liberté d’opinion qui sont les soubassements de la démocratie si chèrement acquise dans notre pays. J’invite nos autorités à œuvrer à garantir ces libertés et à les protéger car sans elles, aucune stabilité sociale, politique ou institutionnelle ne sera durable’’.
Dans sa saisine, le CSC invoque d’ailleurs les « relations fraternelles de l’AES » pour demander aux autorités maliennes de réagir. Ce qu’elles ont fait sans tarder et sans lésiner. « Les dictateurs sont décidés à se serrer les coudes » commente un observateur averti, résumant ainsi la pensée de nombreux observateurs. Faut-il rappeler qu’il y a deux ans, Joliba TV avait été suspendue pendant deux mois après un éditorial consacré, justement, à la restriction de la liberté d’expression au Mali ?
Le zèle de la HAC pose, avec une profonde acuité, la question de l’avenir de la liberté de la presse, et plus généralement, de la liberté d’expression dans l’espace aessien plus que jamais sous surveillance martiale de la part des putschistes au pouvoir dans les trois pays. Ces dernières années, plusieurs médias internationaux ont été suspendus dans cet espace. Mais, jusqu’à quand ces régimes qui se sont présentés comme des alternatives crédibles aux régimes civils pourront-ils tenir un bâillon sur la bouche des journalistes, libres penseurs et leaders d’opinion? C’est toute la question.
OM/Informateur.ci