@Informateur.info- Les administrés du chef Laurent Essi ne veulent plus de lui à la tête du village de Vitré 2. Ils lui reprochent une gestion opaque du foncier et une administration qui jure avec les pratiques dévolus à ses fonctions au regard des us et coutumes. Pour ces faits qu’ils jugent outrageants et inacceptables, ils l’ont débarqué en 2016. Mais l’accusé se défend et déclare ne pas se reconnaître dans les faits qui lui sont reprochés. L’administration préfectorale de Grand-Bassam, circonscription territoriale dont dépend Vitré 2, quant à elle, n’a pour tout argument que l’arrêté de nomination du chef qu’elle reconnaît et derrière lequel elle se range béatement; menaçant même les contestataires plutôt que de rechercher le dialogue et la conciliation.
Deux blocs se forment donc et s’opposent. Une crise est ainsi ouverte et perdure depuis 5 ans. Le chef contesté n’avait plus droit de cité dans le village qui lui confère, pourtant, son arrêté de nomination. Il a été remplacé par un nouveau chef le 12 février 2018, en la personne de Bremi Agbo, qui, bien qu’établi dans le village, ne jouit pas de la reconnaissance de l’administration préfectorale. Il ne peut donc ni signer ni engager le village dans aucun projet communautaire parce que sa signature n’est pas reconnue.
Pendant ce temps, l’ancien chef ou du moins le chef contesté, lui, jouit toujours de sa signature, et l’administration préfectorale bien que consciente de la crise, ne daigne prendre aucune mesure conservatoire pour l’empêcher de continuer d’engager le village dans des projets. Ne serait-ce que le temps qu’une solution négociée soit trouvée à la crise. Qu’adviendra t-il demain si le chef contesté est définitivement jugé indigne d’être rétabli? Puisque selon la loi sur la chefferie en Côte d’Ivoire, ce n’est pas l’administration qui choisit le chef mais le village selon ses us et coutumes. C’est dire tout simplement que Vitré 2 serait confronté à une autre crise. Celle qui découlera de la non reconnaissance des actes ou conventions que l’ancien chef aura contractés avec des tiers durant la crise par le nouveau chef et sa notabilité.
Cette autre crise prévisible, parce que l’administration préfectorale n’aura pas pris de mesure de suspension le temps d’un règlement, pourrait être plus retentissant que la première. Cependant, si par extraordinaire, le chef contesté est rétabli pour que son arrêté de nomination continue d’avoir du sens, le village aura gagné. Puisque les acteurs auront démontré aux yeux de l’opinion qu’ils savent faire table rase du passé et repartir sur un nouveau contrat social.
Mais pour éviter le pire à Vitré 2, il faut bien que la Chambre des rois et des chefs traditionnels dont l’une des missions est justement de contribuer au règlement des crises de chefferie, joue sa partition. Elle ne peut pas demeurer inactive et silencieuse devant cette crise et bien d’autres ailleurs, parce qu’il y va non seulement de ses attributions mais surtout de sa responsabilité. Aussi retentissant qu’a été son soutien ferme au 3ème mandat du président Alassane Ouattara en 2020, (alors qu’elle est apolitique) doit être sa voix dans les règlements des crises de chefferie. Le contraire ferait tout simplement de cette Chambre financée avec l’argent du contribuable une coquille vide.
En tout état de cause, dans l’attente d’un règlement définitif de cette crise de chefferie, Vitré 2, situé à seulement 6 km du lycée d’Excellence Alassane Ouattara constitue une balafre dans la ville historique de Grand-Bassam qui abrite la zone franche.
Alfred SIRIMA