@informateur- Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président rwandais, Paul Kagame, a estimé, vendredi, que les Coups d’Etat en Afrique sont la résultante de « la mauvaise gouvernance » des dirigeants.
Interrogé sur les trois coups d’État militaires qui ont marqué l’année 2021 (Mali, Guinée et Soudan), le président Kagame indique que « ce type d’événement se produit avant tout parce qu’il y a, dans ces pays, des problèmes qui, depuis plusieurs années, ne sont pas résolus ».
Et d’insister sur le cas du Soudan où « il y avait des problèmes sous Omar El-Béchir et ils subsistent depuis l’instauration de la transition », précise-t-il.
Sur la question du retour des militaires sur la scène politique, l’ex-président de l’Union africaine (2018-2019) explique que « c’est dans une certaine mesure, le résultat d’une défaillance dans la gouvernance ».
« Ce n’est pas juste la faute des militaires, les civils ont aussi une responsabilité. Certes, le rôle des militaires n’est pas de conduire ce genre d’action, mais on ne peut ignorer que, dans certains cas, les civils commettent, eux aussi des actes contestables », accuse Paul Kagame.
Le chef de l’Etat rwandais admet que « si sous un gouvernement civil, la situation se détériore et que les gens meurent, que les problèmes s’accumulent et qu’en plus les autorités se servent des militaires pour truquer les élections, qui doit-on blâmer lorsque l’armée renverse ces gouvernements? », questionne-t-il.
Pour M. Kagame, il est inapproprié de ne critiquer que les militaires et ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. « J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État », fait-il remarquer.
Selon lui, même si l’armée trouve des justifications à son action et que les civils en sont au départ satisfaits, « il reste une question : les militaires s’appliquent-ils réellement à mettre en place une transition pour régler les problèmes qui les ont amenés à faire leur coup d’État ? », interroge encore Paul Kagame.
Alfred SIRIMA