Elu par acclamations à la tête de la Communauté d’Origine Burkinabè de Côte d’Ivoire (COB-CI) en 2015, Mamadou Traoré ambitionne de porter très haut le flambeau de l’intégration. Informateur.info l’a rencontré. Entretien.
- Comment est née la Communauté d’origine Burkinabè en Côte d’Ivoire, structure que vous présidez depuis un an ?
La Communauté d’Origine Burkinabè en Côte d’Ivoire est née à l’issue de plusieurs réunions qui ont abouti à une assemblée générale élective. Les jeunes, les femmes et les vieux se sont concertés et ont décidé que je sois leur chef à Adjamé. Ils estimaient qu’il y avait un vide organisationnel de la communauté burkinabé, notamment ceux qui sont nés en Côte d’Ivoire et jouissent de la nationalité ivoirienne. Les concertations ont duré plus de trois ans pour la simple raison que je ne souhaitais pas présidé une association.
- Et pourquoi ne le souhaitiez-vous pas?
Je ne me sentais pas à la hauteur d’une telle responsabilité.Mais eux étaient convaincus du contraire. Et au bout de trois ans, ils sont parvenus à me faire changer d’avis. Mais j’ai informé mes parents et ma famille de la proposition qui m’a été faite. Ils m’ont dit que je n’avais pas le droit de refuser parce que c’est un honneur. C’est ainsi que j’ai accepté. Quelques semaines après j’ai procédé à la formation du bureau.
- Mais pourquoi avoir choisi la dénomination «Communauté d’Origine Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire» ?
Cette dénomination, nous l’avons décidé après la formation du bureau. J’ai seulement noté que juste après, beaucoup ont voulu créer une polémique autour de ce nom. Estimant que telle que libellé, cela excluait d’office les Burkinabè. Mais c’est une mauvaise interprétation. La communauté d’origine burkinabè est plus fédératrice en ce sens qu’elle englobe à la fois le Burkinabè et l’ivoirien d’origine Burkinabè. La polémique n’a donc pas lieu d’être. Puisque chacun s’y retrouve.
- Pourtant, on note qu’à peine créée votre structure avait dû faire face à une certaine hostilité de la part d’autres associations, notamment l’Union des chefs et notables Burkinabè en Côte d’Ivoire. Qu’en est-il aujourd’hui de cette situation ?
Cette hostilité est venue me conforter que nous étions sur la bonne voie. Mais à la vérité, il y a eu plus d’ignorance et d’égoïsme que de motifs réels de nous en vouloir. Ce que je note de positif c’est que cette hostilité nous a fait une belle publicité. Cependant, je déplore le fait que nous ayons donné une image conflictuelle à l’opinion et même aux autorités chez lesquelles nous avons été convoqués dans le cadre du règlement de cette crise. Cela alimente les mauvaises langues et dessert la communauté burkinabè toute entière. Mais je peux vous rassurer que tout cela relève du passé. Nous avançons sereinement.
- Pourriez-vous nous préciser les objectifs de la COBCI ?
Il nous a semblé bon de nous engager sur la voie de la promotion de la paix sociale et de l’intégration des peuples. La présence de la communauté Burkinabè en Côte d’Ivoire date d’avant les indépendances. Son histoire et celle des Ivoiriens est liée. Nos pères Félix Houphouët Boigny, Maurice Yaméogo et Ouezzin Coulibaly ont tracé les sillons de l’intégration. Ils ne sont plus là, mais leur œuvre doit être poursuivie si nous voulons promouvoir le vivre-ensemble. Nous avons alors estimé que le Cobci doit reprendre ce flambeau qui a tant profité aux deux peuples.
- Le 07 août dernier, votre structure a été invitée par le maire d’Adjamé pour prendre part à la commémoration de l’indépendance. Comment avez-vous accueilli cette invitation intervenue à moins d’un an de la création de la COBCI?
Nous avons accueilli cette invitation avec beaucoup de joie. Il ne pouvait en être autrement pour une structure qui vient à peine de naître. Car, cela peut traduire la confiance placée en nous, mais aussi une marque de considération. Ce geste, nous ne l’avons plus vu depuis le temps d’Houphouët Boigny. C’est pourquoi, je réitère ici mes remerciements au maire pour ce réflexe qui contribue à raffermir la cohésion entre les communautés.
- Quel rapport la COBCI a avec le Conseil national des Burkinabè en Côte d’Ivoire ?
Il n’y a aucune ombre entre ces deux structures. La preuve est que dans le bureau du COBCI nous avons des membres du Conseil national des Burkinabè en Côte d’Ivoire. C’est une complémentarité. D’ailleurs, nous ne faisons aucune différence à ce niveau.
- A quand l’implantation de la COBCI à l’intérieur du pays ?
Nous avons déjà des représentants de la COBCI dans quelques grandes régions du pays, notamment San-Pédro, Bouaké, Yamoussoukro, Méagui, Soubré, Daloa, Guiglo, Duékoué, Man et Ferké. C’est-à-dire que nous travaillons dans la discrétion de sorte à consolider notre présence à l’intérieur.
- Un appel à lancer ?
J’exhorte tous ceux qui se sentent concernés par notre structure à nous rejoindre pour qu’ensemble nous réalisions de grandes choses. Ensemble, nous serons toujours forts ; ensemble, nous pourrons préserver et consolider l’intégration pour le bonheur de nos peuples.
Jean François Fall