Informateur.info- Le Cadre d’Expression Démocratique (CED), organisation de la société civile burkinabè a tenu, ce jeudi 14 avril, une Assemblée Générale à laquelle ont pris une part active de nombreux représentants venus de l’intérieur du Burkina Faso. Au terme de cette AG, il a été produit un mémorandum dont nous vous proposons la teneur.
Mémorandum sur la situation politique nationale.

Le départ de Blaise COMPAORE avait suscité tant d’espoir d’un lendemain meilleur pour les burkinabè en général et les jeunes en particulier. Il en est de même pour le retour à la vie constitutionnelle normale à l’issue des élections couplées présidentielles et législatives de novembre 2015. Aujourd’hui, les révélations faites sur la gestion du pouvoir sous la transition et au regard de ce qui a été donné de constater des 100 jours du président Rock Marc Christian KABORE, l’enthousiasme a fait plutôt place à la déception et à l’inquiétude.
Ainsi, d’une transition « batarde » comme l’avait si bien démontré Soumane TOURE, notre très cher pays se trouve dans une situation où un homme a été élu sur la base d’un programme mais aussi celui de la promesse de réconcilier les burkinabè avec eux-mêmes.
Dans le souci de faire échos des propos et attentes des populations, le Cadre d’Expression Démocratique (CED), à l’issue de son Assemblée générale, a décidé d’adresser le présent mémorandum qui s’articule autour des points suivants :
1. Transition sous ZIDA ou l’arnaque du ciel !
2. Conditions d’un renouveau !
3. Appel et Recommandations
- Transition sous ZIDA ou l’arnaque du ciel !
Les erreurs politiques se payent cash, dit-on et le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) ne dira pas le contraire pour avoir manqué de suivre avec lucidité le mouvement de l’histoire et surtout celui de la démocratie.
La démocratie c’est ne pas uniquement organiser des élections. Dans un Etat de droit, la liberté d’expression permet au citoyen d’exiger de façon légitime de la part de son gouvernement un toit, un centre de santé, une formation, un emploi et des loisirs dans un environnement de sécurité. Toutes les fois où ces attentes ont été ignorées, on a créé le nid de révoltes souvent violentes et surtout sous divers prétextes.
Ainsi, la transition est survenue dans un contexte qui a vu des biens publics et privés saccagés, pillés, le sang de compatriotes versé, des familles endeuillées, des libertés privées… Les populations ont naïvement cru à la bonne foi des fossoyeurs de notre démocratie qui en réalité avaient savamment planifié et orchestré la chute du régime COMPAORE. Ainsi arriva ZIDA, qui malgré le grade de Lieutenant-colonel a osé tenir tête au Général NABERE en s’autoproclamant Chef d’Etat. En foulant ainsi au pied le respect de la hiérarchie, ce tristement célèbre Général avait-il annoncé ses ambitions politiques d’homme fort qui cache un chef de junte mû par la boulimie du matériel sans précédent ?
La suite des éléments sous la transition permettent de constater que les partisans de l’ex-majorité n’ont pas seulement été exclus du jeu politique sur des bases fantaisistes, ils ont été également embastillés, muselés et dépouillés de leurs biens matériels. L’ordre semblait être donné de les terroriser de sorte à les enlever tout envie de vivre encore moins de prétendre avoir une opinion politique!
Soutenus par des Organisations dites de la Société Civile, Zida, en fin joueur et sachant ce que les concepteurs de l’insurrection attendaient de lui, organisa la mise en scène devant aboutir à la transmission du pouvoir. Le hic dans cette affaire, c’est la méconnaissance de l’homme pour son amour pour l’argent et le pouvoir.
Aux regards des révélations qui sont faites quotidiennement sur Zida et sa bande d’OSC, on peut dire sans risquer de se tromper que depuis la crise ivoirienne, ce dernier tenait son agenda personnel :
– Piller le pays au maximum au mépris du sang des burkinabè tombés,
– aider à la diabolisation de l’ex majorité et (c’est là où le divorce était prévisible),
– laisser au président à venir un pays quasi ingouvernable par des mesures aussi aventuristes que propagandistes,
– pour ensuite réapparaitre et porter par ces mêmes copains comme un héros lorsque le pouvoir nouvellement installé se serait « cassé la gueule » : c’est la théorie du K.O qui vraisemblablement ne saurait prospérer face au trio RSS.
II- La promesse du renouveau !
Le 29 novembre 2015, le Burkina Faso s’est doté de nouvelles autorités politiques. Si on ne peut trouver à redire sur l’insuffisance de la légitimité de ces nouvelles autorités au regard de l’exclusion qui a caractérisé le processus électoral, on peut leur accorder le crédit afin de donner des chances à la réconciliation et au renouveau tant souhaités par les populations.
En effet, une fois investi, Roch Marc Christian KABORE devient non plus le président d’une partie du peuple, mais celui de toute la nation. Ce postulat doit être bien ancré dans l’esprit de tous et augure le retour de la paix, du mieux vivre ensemble. Du reste, l’installation du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale est la preuve que le tout nouveau locataire de Kosyam y attache un intérêt particulier.
Aussi, doit-il rester lui-même lucide, vigilant et se défaire des positions cavalières de certains de ses proches, dont les propos frisent l’esprit de vengeance, de rancœur, de haine, de division et de mépris. Les prisonniers politiques, les chantages et le favoritisme, les règlements de compte divers sont à proscrire. Il faut travailler véritablement à la réconciliation nationale tout en gardant un œil ouvert sur la manifestation de la vérité et de la justice. C’est à ce prix que le pardon et la réconciliation auront un sens. C’est pourquoi, les rumeurs persistantes sur la gestion de la transition gagneraient à être très vite réglées par les autorités compétentes afin de permettre à l’Exécutif de notre très cher pays de se porter sur la réalisation effective de son projet de société, l’une des attentes majeures des Burkinabès.
En effet, le président Kabore doit savoir que la démocratie ne saurait prospérer si le pain, la santé et l’éducation font défaut. Or, les cent derniers jours se caractérisent par l’augmentation des prix de certain produit de grande consommation ; des grèves enregistrées dans les secteurs de l’éducation, de la justice, la santé, de l’emploi, etc. De même des populations en quête de plus de sécurité.
Fait à Ouagadougou le, 14 avril 2016
L’Assemblé générale !
Recommandation N° 1
Au regard des récents développements de l’actualité politique sur :
des révélations d’atteinte à la constitution en son article 73 ( ?) par Yacouba Zida alors Premier Ministre et René Bagoro alors Ministre de l’habitat,
des soupçons graves de blanchiment d’argent précisément l’action enclenchée devant le parquet concernant 3 milliards de francs qui pourraient être objet de blanchiment en 2015, le refus de Yacouba Isaac Zida de regagner son poste malgré la fin de sa permission, constant une lenteur incompréhensible et suspect dans l’instruction des évènements de septembre 2015, Nous participants à la première assemblée générale du CED, tenu à Ouagadougou le 14 avril 2016, recommandons aux autorités politiques la plus grande rigueur, exigeons que toutes les mesures conservatoires soient prises pour que les personnes susceptibles d’être comptable de malversation ou de violation de la charte de la transition et la constitution restent sur le territoire national, par ailleurs, qu’on procède au jugement s’il y’a matière des personnes arrêtées pour que jaillisse la vérité sur les évènements de septembre 2015.
Fait à Ouagadougou, le 14 avril 2016
Les participants