Informateur.info- Depuis la diffusion sur internet du fameux enregistrement sonore attribué au Général Djibrill Bassolé et au président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro chacun y est allé de ses commentaires. Faisant souvent fi de la présomption d’innocence. Loin de nous de vouloir disculper qui ce soi dans une affaire où les autorités de la transition burkinabè tiennent comme les prunelles de leurs yeux. Mais ce qui semble curieux ici, c’est le fait de vouloir mettre la charrue avant les bœufs.
Comment comprendre que trois semaines après que le Premier Ministre Yacouba Isaac Zida ait affirmé dans une radio locale en début décembre que la fameuse bande sonore était authentique, sans même tenir compte ni du droit de réserve ni de la séparation des pouvoirs, le tribunal militaire lors de sa conférence de presse, mercredi dernier, soutient lui que la procédure d’authentification n’a pas encore commencé. En effet, selon Sita Sankara l’authentification doit être faite par les soins d’un expert agrée. Or en l’espèce, c’est bien au directeur du tribunal militaire que revient la conduite de cette affaire et non aux politiques comme Yacouba Isaac Zida lui-même concerné par ce dossier.
A la lumière de l’exposé de Sita Sangaré, rien, absolument rien ne justifie aujourd’hui toute l’émotion à laquelle l’on assiste. D’ailleurs, le président Roch Marc Christian Kaboré a récemment indiqué sur les antennes de France24 que cette affaire relevait de la justice. C’est qu’en matière de justice, seules les preuves permettent de donner un avis objectif. Le reste n’est que supputations, et subjectivité. Et quand il s’y trouve des politiciens mal intentionnés comme le Premier Ministre Yacouba Isaac Zida, ça donne donc dans la polémique et les accusations sans preuves. Parce que le politique aime bien exploiter ce qui peut lui permettre de s’attirer de la sympathie.
Ce à quoi une bonne justice devrait s’intéresser dans un tel dossier au-delà de la gravité des faits qui aveugle et semble même abrutir certains, c’est comment la bande sonore que Sita Sangara dit avoir été versée au dossier (en attente d’authentification), s’est retrouvée sur internet alors même que l’instruction est en cours sur l’affaire des écoutes téléphoniques. A-t-on voulu conditionner l’opinion ? Rappelons aussi qu’à la veille de la présidentielle du 29 novembre, le ministre burkinabè de la sécurité avait indiqué lors qu’une conférence de presse qu’il doutait de l’authenticité de la bande sonore attribué à Guillaume Soro et à Djibrill Bassolé. Ailleurs même, les écoutes téléphoniques de ce genre sont dénoncées comme une violation des droits des citoyens, pourquoi personne ne s’en émeut.
- Zida toujours en contact avec Guillaume Soro
Le cas Julian Assanje de wikileaks en est une preuve. Quand un premier ministre d’un Etat souverain déclare sur les antennes d’une radio locale qu’il a rédigé lui-même une note de condamnation du coup d’Etat du 17 septembre et demandé à un ami (Guillaume Soro) en sa qualité de Président de l’Assemblée nationale ivoirienne de la publier en portant la responsabilité, cela pose en filigrane un problème de sécurité nationale. Cela suppose qu’en d’autres circonstances, ce Premier Ministre a pu partager des informations d’une extrême confidentialité avec ce dernier. Au détriment parfois du pays dont il veut se présenter comme le plus grand défenseur aujourd’hui. Du reste, si le sieur Zida a voulu régler des comptes avec son ami Guillaume Soro, il ne s’y prendrait pas autrement. La vérité étant toujours relative, la justice militaire gagnerait à cerner tous ses aspects avant de se prononcer.
Selon nos sources au sein des renseignements généraux burkinabè, après son show sur la radio locale Ouagalaise, Yacouba Isaac Zida continue d’entretien des échanges téléphoniques avec le Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Que peuvent bien se dire les deux hommes après le coup que l’un a fait à l’autre. Cela à notre avis ne devrait pas échapper aux fins limiers de la justice militaire si l’on veut faire toute la lumière sur ce dossier. Selon nos sources proches de l’entourage du Premier Ministre Yacouba Isaac Zida, ce dernier aurait invité Guillaume Soro à se rendre même à Ouagadougou avant la fête de Noël en vue de normaliser leurs rapports aux yeux de l’opinion. Mais comment faire confiance à un homme qui vous poignarde dans le dos et qui, s’étonnant que tenez toujours sur les deux pieds, vous invite à moins d’une semaine de la fin de sa mission chez lui? De toute évidence une réponse favorable de Guillaume Soro aurait été suicidaire dans la mesure où le Président Alassane Ouattara fleurant sans doute les desseins inavoués des autorités de la transition a pris l’option de traiter de toutes ces questions avec le nouveau président élu et son gouvernement. Comme quoi, il faut expurger du sommet de l’Etat burkinabè, ces arrivistes qui, le temps d’une transition, ont fait montre d’un populisme et d’un nombrilisme contre-productifs. On peut le dire, il y a eu trop d’émotions dans cette affaire, où Sita Sangaré déclare finalement que rien n’a été encore prouvé. Il ne faut donc pas s’étonner que Soro sorte blanchi dans cette affaire qui semble être fabriquée de toute pièce.
Jean François Fall