Ce qui se passe dans le parc du mont Péko, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, deux ans après l’arrestation du célèbre guerrier Amadè Ourémi ressemble fort bien à une jungle. Alors que le gouvernement ivoirien avait déjà décidé du déguerpissement des populations qui ont investi ce site à la faveur de la crise postélectorale, celles-ci s’étaient organisées à travers le Conseil représentatif des populations du Mont Péko (CROMP) pour plaider leur cause. La plaidoirie du Cromp avait permis l’inscription de cet épineux dossier au sommet du Traité d’Amitié et de Coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en juillet 2014. Selon le communiqué final qui a sanction ce sommet de Ouagadougou, il était question de la mise en place d’une commission mixte pour gérer cette situation à caractère humanitaire. Grâce aux actions du CROMP, plusieurs personnalités, notamment la ministre de la Solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, Anne Ouloto et le président du Conseil régional du Guémon s’étaient tous engagés à favoriser un traitement pacifique du dossier des clandestins. Malheureusement depuis octobre 2014, le Préfet de Duékoué à la tête d’un comité crée en lieu et place de la commission mixte recommandée suspend le Cromp et instaure la création de 8 ports secs. Depuis l’avènement de ces porcs secs les clandestins n’ont jamais cessé de se plaindre d’un racket des autorités locales. Porte voix de ces populations, le Cromp a animé plusieurs conférences relayées par la presse nationale pour dénoncer le prélèvement de 100 FCFA sur le kg de cacao fixé par le gouvernement cette année à 850 FCFA. Plusieurs fois également interrogés sur ces faits le Préfet de Duékoué, M. Sory Sangaré n’a jamais voulu se prononcer. Laissant planer le doute. Le 8 janvier 2015, une trentaine de clandestins portent plainte à la gendarmerie de Duékoué contre les prélèvements de 100 FCFA. Une plainte qui restera sans suite, certainement à cause des pressions des autorités locales. Toutefois, sous la pression des médias, le Préfet de Duékoué décide le 12 janvier 2015 de la fermeture du parc. (Voire ci-dessous l’arrêté de fermeture en fac-similé). Selon les responsables du Cromp, ce sont plus de 800 millions qui ont été prélevés d’octobre 2014 à janvier 2015. Ce qui représente plus de 8.000 tonnes de cacao sortis du parc. Le 04 mars dernier, le Secrétaire Général du Cromp, Kiébré Seydou est mis aux arrêts et déféré à la prison civile de Man. Le vendredi 20 mars 2015, le président des ivoiriens d’origine burkinabé animé une conférence de presse au cours de laquelle il dénonce cette arrestation. « Cette arrestation, nous pensions, vise à faire taire Kiébré Seydou qui dénonce depuis octobre ces prélèvements illégaux », avait-il dénoncé, devant les responsables du mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH) et du mouvement burkinabé des droits de l’homme et du peuple (MBDHP). Au cours de cette rencontre avec la presse, le conférencier avait fait écouter à l’assistance un enregistrement audio d’une réunion entre le sous-préfet de Bagohouo et les clandestins. Un enregistrement dans lequel l’autorité expliquait le procédé de commercialisation du cacao mis en place par le Préfet de région.
A cet élément de preuve est venu s’ajouter, hier jeudi, un reportage réalisé par chaîne francophone TV5monde sur le Mont Péko. Un reportage qui met en exergue le racket des clandestins par l’officier ivoirien des parcs et réserves (OIPR) et les forces républicaines en poste dans la zone. Voilà qui confirme vraiment les faits et situe les responsabilités. Le mouvement ivoirien des droits de l’homme et le mouvement burkinabé des droits de l’homme sont annoncés à Duékoué et à Man en début de semaine prochaine. Le gouvernement ivoirien est alors interpellé.
Patrick Méka (Le Bélier Intrépide)