Indemnisation des victimes en Côte d’Ivoire : « La Conariv ne donne pas satisfaction », selon la Covici

La côte d’Ivoire, sous le président Alassane Ouattara est entrain de renaître de ces cendres après la dure crise postélectorale de 2010 qui a fait de nombreux morts, blessés et sinistrés. C’est le lieu de saluer tous les acteurs politiques ivoiriens qui viennent de démontrer à travers le scrutin du 25 Octobre 2015 dernier que la Côte d’Ivoire est capable d’organiser des élections sans fait de victimes.

LA COVICI est aussi reconnaissant des actes forts posés par le président en faveur des victimes notamment la mise en place d’un fond initial de 10 milliards, de la CONARIV, du PNCS et le lancement le 04 Aout le processus d’indemnisation des victimes. Nous suivons avec satisfaction le déroulement de cette 1ère phase d’indemnisation et de réparation des 4500 victimes par le PNCS. Il faut signaler que ces victimes sont issues des listes de la CNEI et du Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.

Lors de la conférence de presse du 01 Avril 2015, la COVICI avait salué la nomination de Mgr AHOUANAN COVICI homme de Dieu et devoir à la tête de la CONARIV et avions souhaité que l’indemnisation véritable débute avant les élections d’Octobre 2015.Malheureusement, après 8 mois d’exercice, la COVICI est au regret de dire que la CONARIV ne nous donne pas satisfaction. En effet, très tôt, toutes les structures ayant recensé les victimes (ASSOCIATIONS DE VICTIMES, CDVR, DVG, CNEI) ont mis à la disposition de la CONARIV leurs listes. Avec le recensement des cas résiduels de juin 2015, cette structure avait promis publier le fichier unique à la fin du mois de juillet dernier. A ce jour de Novembre 2015, point de liste consolidée de victimes. Pire, la CONARIV s’est engluée dans des opérations interminables de recensement de victimes oubliant qu’elle est encadrée par des textes. (La troisième phase de cette opération vient d’être lancée le 10 Novembre dernier.)

En effet, selon l’article 11 de l’ordonnance N°2015-174 du 24 Mars 2015 l’élaboration du fichier unique doit prendre fin le 30 Juin 2015 et toute prorogation doit faire l’objet d’un décret. Malheureusement, l’on assiste à des prolongations inopportunes et unilatérales de la CONARIV sans qu’elle ne soit interpellée par le gouvernement. A cette allure, l’unification des listes de victimes ne sera pas pour maintenant.

Le 12 Octobre 2015 dernier, la COVICI a rencontré des responsables de la CONARIV. Au cours de cette rencontre, nous apprenons qu’une liste de 31 000 victimes a été déposée à la Présidence de la République alors que l’article 12 de la même ordonnance est claire « Un rapport contenant le fichier unique consolidé des victimes accompagné des propositions de réparation est remis au Président de la République pour validation. »

Comment comprendre que la CONARIV veuille remettre à la Présidence de la République des morceaux de liste là où les textes parlent d’un fichier unique consolidé. Si la collaboration était franche entre  les différents acteurs du processus (CONARIV, PNCS, Associations de Victimes) le volet propositions de réparation des différents préjudices serait déjà bouclé. Là encore, aucune disposition n’est arrêtée par la CONARIV pour clore cette autre phase très importante du processus.

Honorables guides religieux et coutumiers, la CONARIV est consciente que l’aspect technique des Operations de la CONARIV ne vous incombe pas, mais votre responsabilité est très grande dans la réussite de ce processus. Votre échec sera celui de la C.I. entière.

Chers guides, savez-vous que le retard accusé par la CONARIV dans la publication de la liste unifiée, a empêché beaucoup d’orphelins  de prendre le chemin de l’école ? Cette situation indispose la COVICI au plus haut point quand on sait que cette structure est dirigée par vous, nos prêtres, nos imams, pasteurs et rois.

La lenteur de la CONARIV dans les opérations a contraint le Président de la République à recourir aux listes de la CNEI et du Ministère de la solidarité pour débuter l’indemnisation proprement dite le 04 aout 2015.

Cette attitude du Président devrait pour notre part interpeler la CONARIV sur sa manière de travailler. Mais malheureusement elle est encore restée sourde à cette alerte. Les blessés et les parents de personnes décédées figurant sur les listes à la disposition de la CONARIV peuvent  encore attendre pendant que le PNCS est entrain de satisfaire ceux figurant sur la liste en sa disposition. Quelle frustration ?

Disons le tout net les pas de tortue de la CONARIV n’ont pour seul objet de pérenniser ses propres intérêts aux détriments de la souffrance des victimes.

Sinon, quelle est cette victime qui après 5 ans n’a pu se faire enrôler ni par les associations de victimes ni par les structures étatiques (CDVR, DVG, CNEI, CONARIV).

Veut-on obligatoirement créer des victimes ? Même le recensement de toute la population ivoirienne n’a pas connu une telle mélancolie.

C’est aussi le lieu d’attirer l’attention des autorités sur le respect des textes qu’elles produisent. La COVICI refuse d’admettre la violation des textes sans aucune explication des initiateurs (la Présidence) ni des exécutants.

Vivement que tout soit mis en œuvre pour abréger la souffrance des victimes

En bon entendeur, salut ! Je vous remercie.                                 KANTE LASSINA                                                                     Porte Parole de la COVICI

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